HELLO DARKNESS - Wolf
Après une douzaine d’années d’existence, il était temps qu’Hello Darkness enregistre enfin sérieusement quelques titres. Certes il y avait eu des tentatives auparavant : deux EPs trois titres témoignant des tout débuts du groupe, alors trio, enregistrés avec les moyens du bord dans notre ancienne salle de répète de la Croix Rousse ; et deux morceaux enregistrés un peu plus sérieusement avec des micros, un multipiste et l’ordi de Seb à l’Hôtel de la Musique en 2015, encore écoutables sur notre bandcamp. Mais tout ceci sonnait bien trop médiocre pour convaincre d’autres lieux de concert que notre chère Triperie de nous accueillir pour notre concert annuel auquel nous tenons particulièrement. Il était temps de passer à un projet plus sérieux, et une fois tout le monde convaincu (ce qui prit de bons mois), nous nous lancions dans une aventure qui promettait d’être aussi enthousiasmante qu’enrichissante (je n’avais pour ma part aucune expérience studio). Bien sûr cela n’alla pas sans moult débats et difficultés, Hello Darkness étant un groupe démocratique aux personnalités et gouts bien divers, ce qui est très plaisant au quotidien mais ralenti énormément tout projet (pas étonnant que la plupart des groupes mega connus soient menés par un leader indéniable).
La première décision à prendre, et sans doute la plus dure, fut de savoir où et avec qui enregistrer : entre la demo enregistrée par un indépendant avec notre matos à l’HDM ou le véritable studio avec prise d’instruments séparés au clic, toute une gamme d’investissement (en temps et en finance) était possible et tentait plus ou moins chacun d’entre nous suivant le résultat escompté. La formule semblant le mieux nous convenir était une prise où nous jouerions tous ensemble, mais où les pistes seraient enregistrées séparément, avec une deuxième session pour les voix. Après quelques propositions infructueuses, Damien finissait par dénicher un lieu idéal, le Jack Jack, proposant un forfait enregistrement en deux sessions, mixage et mastering pour trois titres, dans un budget conséquent pour nous mais acceptable. L’écoute de divers enregistrements réalisés là-bas finissait de nous convaincre, nous bloquions une date même s’il fallut attendre que la période du covid se termine pour qu’elle se concrétise.
Nous devions aussi nous mettre d’accord sur les trois titres à enregistrer, mais cela ne fut pas trop compliqué. Parmi la quinzaine de chansons jouées alors, « Wolf » et « Year of the Dog » firent l’unanimité. Nous optâmes pour « Stella Song » en troisième morceau, il était récent, pas trop complexe, et se démarquais des autres par son coté fun. Nous entamions alors deux mois de répétitions assidues à jouer ces morceaux, parfois en instrumental pour nous mettre en condition.
Nous avions tout un dimanche pour la première session d’enregistrement, la plus importante. Yann nous accueillait au Jack Jack, salle sise à la MJC de Bron, proposant de multiples activités notamment des studios de répétitions et une assez grande salle de concert, où nous avions d’ailleurs joué en 2015 (excellent souvenir). C’est sur cette même scène que nous commencions à installer notre matériel, bien conseillé par Yann qui est un ingé son expérimenté (il nous a raconté pas mal d’anecdotes de tournée au cours de la journée). C’est très agréable, et c’était aussi un des gros arguments pour cet enregistrement, d’avoir une oreille extérieure sur notre son. Seb joue sur l’ampli basse de la salle, qui est trop fort et qu’on déplace dans un espace à droite de la scène, il aura des bons conseils sur le réglage de compression qu’il a conservé pour nos répétitions. La recherche sonore la plus longue est celle de la guitare de Damien, on teste différents amplis appartenant au Jack Jack, Yann ne lâche pas l’affaire tant qu’il n’a pas trouvé quelque chose qui lui convienne. Nous avons chacun notre espace, avec un retour individuel qu’on peut régler depuis notre place comme on veut, une fois que les balances générales sont terminées. On passe alors à l’enregistrement de nos morceaux. Il n’y a pas de stress excessif, l’ambiance est très bonne depuis le début de la journée, on a eu tout le temps de se familiariser avec les lieux et le son, et puis on a encore pas mal de temps, ça permet de relativiser les éventuels échecs. Et justement, il y en aura très peu, je craignais d’interminables redites où chacun loupe un passage à chaque enregistrement mais les répétitions portent leurs fruits, et les pains sont peu fréquents. Par acquis de conscience on enregistre plusieurs versions, Yann pourra ainsi avoir plus de matière pour le mixage, mais finalement je crois qu’il s’est surtout appuyé sur les premiers jets. Vers 14h les deux premiers titres sont dans la boite, on se fait une bonne pause casse-croute au bar de la MJC avec les victuailles ramenées par chacun. Dans l’après-midi on enregistre le dernier titre et, ayant pas mal de temps devant nous, on demande même à capter deux titres supplémentaires, « Pluie de Flèche » et « Le Veilleur », se disant qu’on paierait un supplément à Yann si on veut les mixer plus tard. Il est temps de ranger tout le matos, on prend une bière dans la salle avec Yann et on discute tout en écoutant les enregistrements effectués : on est tous ravis de cette bonne expérience, et le résultat est prometteur.
Pour le pré-mixage, Yann a fort à faire puisque nous n’avons pas enregistré au clic, c’est donc beaucoup plus compliqué pour lui pour sélectionner les meilleurs passages des différentes versions et les placer sur une version finale. Il procède aussi à quelques nettoyages, notamment différents chocs de baguettes qui polluent certains de mes roulements. Rendez-vous est donné pour un nouvel après-midi d’enregistrement, les chants et quelques parties de guitare supplémentaire. Julien et Damien sont donc les seuls concernés, mais je me pointe en milieu de session par curiosité et pour les soutenir. Cette fois on est dans le véritable studio qui est situé au-dessus du mur du fond de la salle de spectacle (on voit celle-ci à travers les vitres du studio). C’est un endroit hyper chaleureux avec du matériel incroyable et une décoration axée Star Wars / science-fiction qui donne l’impression d’être dans un vaisseau spatial. Le chanteur se tient un petit local à coté, on l’aperçoit au travers d’une petite vitre carrée et on l’entend enregistrer par-dessus les pré-mix que diffuse Yann. Ce dernier a pas mal de bonnes idées sur le chant, les collègues improvisent un peu mais s’en sortent très bien.
Après quelques semaines de fébrile attente, tout le groupe est réuni une dernière fois avec Yann dans le studio pour une écoute attentive de son travail. Nous sommes là pour apporter les derniers ajustements, mais prenons une bonne baffe à l’écoute des chansons, c’est vraiment puissant ! Yann a apporté quelques idées au niveau de la construction des titres pour les dynamiser (présence ou absence de certaines pistes à certains passages, fade in, doublage de pistes etc…) que nous gardons quasiment toutes, il a aussi proposé des sonorités et des effets sur certaines pistes. Ce qui m’impressionne, c’est qu’il a rapidement réponse à toutes les demandes en tournant quelques potards, comme Seb qui demande plus d’attaque de corde sur sa basse sur « Year of the Dog » ou le son des deuxièmes voix un peu « radiophonique » sur « Stella Song », qui est pile comme je l’imaginais. Le principal débat est sur la reverb sur le chant, qui restera pour Damien la petite insatisfaction sur le résultat final (il la trouve trop présente, Julien et moi ne le remarquons que sur un petit couplet de « Stella Song »). Pour le reste c’est vraiment le rendu que nous voulions car Yann a été très à l’écoute de nos demandes et n’insistait aucunement si l’une de ses idées ne nous plaisait pas.
Le plus dur est fait, mais reste le débat sur la pochette, et j’avoue que je pensais que ce serait plus facile. Nos sensibilités artistiques différentes se révèlent particulièrement lors des diverses propositions qui s’enchainent, et si par miracle trois sont d’accord le quatrième n’aime pas du tout. Finalement le choix se fait un peu par défaut, car mes camarades sont d’une prudence extrême en ce qui concerne les droits d’auteur, pas question de prendre une autre illustration qu’une de nos propres photos (un dessin ou une photo de groupe ayant d’emblée été écartées) et celles qui pourraient convenir sont rares. Nous optons donc pour une photographie prise quelques mois auparavant devant notre lieu de répétition, lieu orné d’une jolie fresque et régulièrement spot à flambages de bagnoles. Julien, qui maitrise photoshop, nous concocte la mise en page et fignole le lettrage en direct au cours d’une soirée où on se chamaille gentiment sur les derniers détails. Reste la question de la protection des chansons, Seb plaide pour un truc multi plateforme sur le net, Damien veut le faire à l’ancienne avec envoi de CD par la poste, ce sera les deux comme ça pas de risques (personnellement c’est quelque chose dont je me contrefous). Ainsi donc nous avons la fierté d’avoir notre le premier EP d’Hello Darkness, sobrement intitulé Wolf, sur les différents sites de streaming musicaux, sur bandcamp et sur youtube : je suis évidemment preneur de vos commentaires sur ces trois chansons. Pour la suite, nous allons nous pencher sur une sortie Vinyle, et voir si les deux titres supplémentaires valent le coup d’être publiés. Et, qui sait, cet EP pourra peut-être nous permettre de jouer dans de nouvelles salles de concert.
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