Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Blinking Lights (and other revelations)
8 décembre 2022

# 174 / 221

174

 

R-966325-1178645289

 

Suede, c’est le signe que nous attaquons la dernière partie de ces cassettes. A l’époque, j’étais en déplacement à Belfort pour le boulot depuis un moment, et je commençais à m’y faire une belle bande de potes. La semaine, je bossais chez PSA et je faisais pas mal la fête avec eux, crescendo du mardi au jeudi soir (traditionnellement consacré à la sortie au Pulp, seule boite de nuit du coin), puis je rentrais en train à Lyon le week-end que je passais essentiellement à me reposer, au grand désespoir de Mélaine, encore étudiante, qui aurait bien aimé qu’on fasse des choses plus intéressantes les deux jours où elle me voyait. C’est certainement l’une des meilleures périodes de ma vie, à l’exception du dimanche soir. Vers 18h, il fallait faire les bagages, rejoindre un quai de gare, serrer dans mes bras Mélaine avec un pincement au cœur et entamer le sempiternel voyage en TER vers le nord. Pendant une période, nous étions deux du groupe à faire ces trajets ensemble. Sébastien avait quelques années de plus que moi, il était dégarni et portait des lunettes rondes, je l’avais donc surnommé Papy avec tout le tact qui me caractérisait. Papy faisait également ses au-revoir tristounes à Mamy (aussi désagréable que Sébastien était sympathique), puis nous montions dans le train, parlions un peu avant que je ne retourne vers mon walkman et ces cassettes enregistrées et lui vers ses films visionnés sur son ordi portable. 

On discutait forcément musique et c’est donc Papy qui m’avait conseillé d’écouter Suede. Ou Pulp, je ne sais plus. Car les ayant découverts au même moment et les associant à ces trajets en train Lyon-Belfort, j’ai irrémédiablement mélangé ces deux groupes dans ma tête, d’autant qu’aucun de leurs albums ne m’a franchement enthousiasmé (à une exception près, nous y reviendrons).  De toutes manières dans les années 90, il n’y a quasiment aucun groupe anglais auquel j’ai vraiment accroché, peut-être parce qu’ayant commencé par Radiohead, quand même largement au-dessus de la mêlée, tous ses contemporains me semblaient fade en comparaison.  Les réécoutes vont-elles enfin me permettre de détecter les différences notables entre Suede et Pulp, nous verrons. En attendant c’est une redécouverte complète pour ce Coming Up, 3eme album du groupe de Brett Anderson sorti en 1996 avec lequel j’entamais leur discographie (prise ensuite à rebours, comme nous le verrons dans quelques épisodes). Dès le morceau d’ouverture, l’influence de Bowie saute aux oreilles, avec cette voix aigüe et la rythmique pop agrémentée de guitare solo assez engagée. L’impression subsiste tout au long de l’écoute même si les titres se teintent de rock alternatif aux grosses guitares (« Filmstar »), de pure britpop (« She ») ou de ballades lorgnant vers the Bends, sorti deux ans auparavant. Parmi ces dernières, un excellent titre au-dessus du lot, « Picnic by the Motorway », mais rien d’extraordinaire dans la grosse moitié d’album retenue.

 

 

R-5372420-1490655026-7427

 

Auteurs d’un très bon Word Gets Around puis d’un Performance and Cocktails sympathique mais relativement plat, les Stereophonics reviennent deux ans après avec Just Enough Education to Perform qui rabote les quelques reliefs qui restaient à leur musique. On retrouve la voix éraillée de Kelly Jones qui revêt chaque titre d’une légère couche de mélancolie, sur des ballades ou des mid tempo mollassons qui, sans être désagréables, sont assez peu inspirés. Si l’on avait retenu le single « Have a Nice Day », c’est sans doute plus pour sa diffusion radiophonique que pour son caractère. Bref, se 3eme album scellera le sort en cette rubrique d’un groupe dont je ne crois pas avoir suivi la suite d’une discographie encore active aujourd’hui (leur 12eme album est sorti cette année).

 

 

R-21290077-1639136864-9565

 

Avec Suede et Pulp, il est un 3eme groupe que j’associe à la période que j’évoquais plus haut, et qui fait son apparition pour la première fois en cette rubrique : the Divine Comedy. Mais celui-ci, pas possible de le confondre avec un autre, tant ce mélange de pop rock et de lyrisme, creusé incessamment en Angleterre depuis les Beatles, me semble avoir atteint ici un paroxysme de délicatesse et d’érudition assez inimitable. Avec le groupe de Neil Hannon je n’ai jamais trop su à quoi m’en tenir (1), naviguant entre rejet de ce côté lettré et précieux et attrait pour l’indéniable beauté de certains extraits. On retrouve cette ambivalence sur Fin de Siècle, à peine retenu pour moitié, ces orchestrations très travaillées qui viennent enrichir progressivement des bases de compositions assez simples pour en faire des morceaux d’une complexité insaisissable. Ainsi « Eric the Gardener » s’étale-t-il sur plus de 8 minutes, au point que je ne puisse plus distinguer ennui et fascination. Plus direct, le primesautier single « Generation Sex » n’en termine pas moins par s’écrouler sous les arrangements dans son finish, tandis que « Sweden » et son ambiance plus Tim Burtonnienne emporte ma préférence. Un disque certainement très bon, mais trop en marge de mes gouts, qui m’encouragera à aller régulièrement chercher dans la discographie de the Divine Comedy une seconde chaussure à mon pied sans jamais y parvenir.

 

(1) à une exception près, l’album Regeneration suivant ce Fin de Siècle, que j’adore mais qui est clairement une incongruité dans la discographie de the Divine Comedy.

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Publicité