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Blinking Lights (and other revelations)
1 décembre 2022

Théo CHARAF & Friends - Chapelle de la Trinité - 23 Novembre 2022 - LYON

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Théo Charaf & Friends - photo JB Charrat 

C’est un nom qui a beaucoup circulé dans le petit monde musical Lyonnais, tout du moins dans sa branche rocker tatoué pur et dur. Théo Charaf, jeune prodige du blues, prenant son envol et partant à la conquête de la France pour une gigantesque tournée, à l’ancienne, sa guitare sous le bras. Pas forcément grand amateur du style, je ne m’étais pas jeté sur son premier album mais, ma curiosité titillée, je m’étais promis d’écouter un jour ou l’autre pour en avoir le cœur net. Et puis voilà que s’est annoncé un concert que tout tendait à rendre exceptionnel : le dernier de la tournée, dans une chapelle, avec des invités soigneusement choisis. Parmi eux Raoul Vignal, un artiste que j’aime beaucoup et dont le nom à l’affiche me décidait à prendre ma place.

 

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Antoine Pinet / Raoul Vignal - photos JB Charrat 

L’impression d’être dans un de ces concerts uniques qu’il ne fallait pas louper se confirme le jour J, tout le gotha musical lyonnais est présent, dont l’ex équipe de l’Epicerie Moderne (1) et Jean-Luc Navette qui signe l’affiche de la soirée. Je retrouve Julien et Fred qui m’ont gentiment gardé une place pas trop loin de la scène, même si nous n’en aurons qu’une vision très partielle. La Chapelle de La Trinité est en effet un lieu à la fois majestueux et intimiste mais qui souffre d’un gros défaut (outre le fait évident d’être dépourvue de bar) : deux marches nous rabaissent par rapport à un premier quart de rangées réservées aux spectateurs VIPs placés entre nous et la scène. Comble de malheur je suis situé juste derrière un monsieur capillairement très fourni (2), je ne verrais donc que très partiellement les musiciens de chaque côté de sa gouffa bouclée. Qu’importe, mis à part les beaux jeux de lumière (dont de curieux rayons laser rouges tombant du ciel), il n’y pas grand-chose à voir, il s’agit avant tout d’écouter. C’était un peu quitte ou double pour moi, j’avais autant de chances de m’ennuyer que d’être sous le charme avec cette musique forcément dépouillée que je découvrirais en live.

Après un moment d’attente passé agréablement à discuter avec les amis, Theo Charaf et sa bande s’installe dans la nef où des chaises ont été disposées en demi-cercle. Il est assez ironique que la musique du diable soit interprétée dans ce lieu sacré mais La Chapelle de La Trinité n’est plus utilisée aujourd’hui que comme salle de spectacle, et de toutes manières c’est la beauté et la sérénité qui règneront ce soir. Theo Charaf a une voix grave et assurée qui porte loin, et suffisamment de technique à la guitare pour amener du relief à des compositions relativement simples. Il interprètera quelques titres de pur blues sur une vielle guitare au son chargé d’histoire, et si cela fut plaisant j’étais bien content que tout le set ne soit pas sur ce même registre, surtout avec le gosier sec. Au contraire, nous pûmes compter sur la participation de 4 autres musiciens aussi discrets que talentueux qui par la diversité des instruments et des configurations (très peu de morceaux se jouèrent sur un line up similaire) amenèrent une belle richesse à un concert qui dura quasiment 2 heures, déployant toute une palette musicale puisant dans le blues, la folk ou la country. Il y avait tout d’abord Raoul Vignal, guitare et voix, qui interpréta 3 de ses propres chansons, superbes évidemment, Pierrem Thinet au piano et au violon, Antoine Pinet (guitariste d’H-Burns) sur tout un tas d’instruments (guitare, basse, mandoline, slide guitare, banjo…) et Léna Bessenay au chant. Cette dernière sera d’ailleurs particulièrement impressionnante, et si les chœurs masculins étaient très bons les chansons où elle intervenait étaient systématiquement un cran au-dessus (je suis un peu gêné mais je crois que mon moment préféré fut le seul où elle tenait les lead vocals, sur ce qui était probablement un standard country).

 

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Théo Charaf / Léna Bessenay - photos JB Charrat 

Theo Charaf a le charisme tranquille, l’orgueil mesuré, il intervient régulièrement pour nous raconter son parcours qui a tout du conte de fée, même s’il en a chié à ses débuts comme tout bluesman qui se respecte. Mais avec un premier album enregistré chez Electrophonic Recordings, sorti sur le label Dangerhouse et illustré par Jean-Luc Navette, c’est compliqué de faire plus culte… Il a même refusé plusieurs fois de jouer à l’Epicerie Moderne, faute de morceaux. Il n’en a guère plus aujourd’hui, seulement six compositions qui lui ont ouvert toutes les portes. Des chansons sur l’incertitude de l’avenir, la croisée des chemins, l’angoisse du lendemain, qui ne dépareillent pas avec les nombreuses reprises ou standard interprétés ce soir, dont un titre de Bob Dylan et un de Townes Van Zandt qu’on retrouve aussi sur son disque. Le temps passe vite entre ces histoires, les chansons et les mouvements sur scène, où les instruments circulent et les verres de vin se vident. Les mamies devant nous prennent des photos, j’essaye quelques captations rapides pour illustrer mon futur article. Theo Charaf s’étale en remerciements et récolte un triomphe lorsqu’il salue la chapelle pleine à ras bord, ennuyé de ne pas avoir pu présenter ses collègues qui se sont enfui derrière l’autel, mais il aura bien l’occasion de se rattraper pendant le rappel. Le final est intense, Theo Charaf use ses cordes vocales une dernière fois, debout dans une fumée rougie par les lasers, entourée par les grandes statues religieuses du chœur. 

J’ai été vraiment séduit par le concert, Julien un poil moins, nous n’avons pas trop le temps de discuter et en plus y a pas d’alcool. Je le laisse regagner son lit avec Fred, m’arrêtant au merchandising pour faire une razzia de vinyles. Je discute quelques minutes avec Theo Charaf qui me dédicace un joli 2 titres, le format des pionniers du blues. Maintenant qu’il a réalisé son rêve, saura-t-il encore faire du blues pour un deuxième album ? Deux nouvelles chansons dévoilées ce soir laissent à penser que l’inspiration demeure : c’est tout le mal qu’on lui souhaite. 

 

1)      bientôt 3 ans que je n’ai plus mis les pieds dans cette magnifique salle alors que j’y étais en permanence à une époque, quand donc retrouvera-t-elle une programmation à la hauteur de ses belles années ? 

2)      il s’agit d’un membre de the Scaners, groupe de punk dont faisait partie Théo Charaf. Il n’y a donc pas eut que le blues dans sa vie…

 

 

 

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Commentaires
B
Dommage que le concert de Lydia Lunch fut annoncé avant sinon j’y serais allé.<br /> <br /> En 2020 je devais voir Chelsea Wolfe dans cette chapelle, j’irai bien un jour ou l’autre…
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