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Blinking Lights (and other revelations)
14 décembre 2023

2023 Sélection #05: SWANS, SPARKLEHORSE, KING GIZZARD and the LIZARD WIZARD, the HIVES, FLAT WORMS

 5 albums de 2023 classés par ordre de préférence, en commencant par celui que j'ai le plus apprécié (cet épisode ils sont tous bien et à peu près équivalents)

 

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SWANS - the Beggar

 

Après la formidable renaissance de Swans et 5 très bons albums en 10 ans, Michael Gira avait annoncé la dissolution du groupe dans sa forme d’alors pour mieux le reconstruire différemment par la suite. Une nouvelle qu’on avait accueilli avec respect devant l’exigence du leader et un certain soulagement, tant la formule commençait à tourner un peu en rond et Leaving Meaning annonçait (ou était déjà selon les points de vue) l’album de trop. Aussi the Beggar, sorti 4 ans après son prédécesseur, constituait-il en première écoute plutôt une déception : personnel quasi identique et musique assez semblable, là où nous étions avides d’entendre quelle géniale rupture avait imaginé Michael Gira.

Une fois actée cette continuité, on pouvait sur les écoutes suivantes se concentrer sur l’évolution musicale, d’autant plus facilement que the Beggar reste, sans surprise, très recommandable. Si Swans garde son savoir-faire en matière de longs morceaux lancinants enflant au gré des couches instrumentales ajoutées et d’un chant chamanique de plus en plus oppressant (« Paradise is Mine », l’un des titres les plus redondants avec la discographie passée), si la menace et l’obscurité ne disparaissent pas du paysage (fascinant « Michael is Done »), l’ambiance générale est plus calme ou triste que torturée. L’absence du guitariste Norman Westberg et l’accueil de Dana Schechter et Larry Mullins, collaborateurs de Gira sur le projet the Angels of Light, intrinsèquement moins violent que Swans, a certainement contribué à cet apaisement relatif de the Beggar. Les chœurs féminins viennent nuancer la voix grave de Gira, omniprésente sur un disque qui met le chant au premier plan, autre évolution notable par rapport à ses prédécesseurs, comme si la tête pensante de Swans avait intégré le reste du groupe au dernier moment pour finaliser ses compos acoustiques (1). Reste le titre « the Beggar Lover (three) », 45 minutes au compteur, extrêmement expérimental et à forte teneur Krautrock, que ce soit dans ses passages hypnotiques ou ses crissements, drones, choeurs et onomatopées, succession d’actes qui en font presque une œuvre à part, qu’on aurait plutôt vu isolé du reste pour une meilleure digestion de ce nouvel album ambitieux (d’ailleurs il ne figure pas sur les versions vinyles).

 

(1)    Pour les disques précédents, Gira composait seul des demos mais celles-ci étaient simplement une base qui se développait indéfiniment sur scène avec le groupe, la fixation sur album semblant n’être qu’une photo de la chanson à un moment de son histoire. L’impression est différente sur the Beggar, même si je n’en ai aucune certitude.

 

 

 

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SPARKLEHORSE - Bird Machine

 

Le suicide de Mark Linkous m’a vraiment affecté. D’abord pour l’homme, sa vie sur le fil, accidentée, qu’on savait fragile malgré la reconnaissance et l’entourage mondain, qu’on croyait un peu apaisée, à tel point que cette balle dans le cœur nous pris par surprise. Pour l’artiste aussi, ses merveilleux disques qui nous avaient accompagnés pendant toutes ces années, sa voix et son talent de songwritter inimitables dont on espérait de futurs bijoux, trésor potentiel qui venait de nous être subitement arraché. Le choc passé, il faut bien reconnaitre qu’une part de nous se disait aussi qu’au moins la discographie de Sparklehorse resterait quasi parfaite, tant le Dreamt For Light Years In The Belly Of A Mountain, bien que contenant son lot de splendides morceaux, avait semé le doute sur l’éventuel déclin de l’inspiration de Linkous. Je m‘étais consolé en serrant fort dans mes bras cette famille de chansons de noir vêtues et n’aurais jamais cessé de penser à leur créateur, ne serait-ce qu’en en interprétant à la guitare chaque semaine quelques-unes de mes favorites : j’avais fait mon deuil.

Et voilà que, tel les encombrants Revenants de la série du même nom, 14 ans après, réapparaissait le Roi des Chevaux. Que faire à l’écoute de Bird Machine, que penser après tout ce temps ? Si on est heureux de la qualité des chansons (« Kind Ghosts », « Falling Down », « Daddy’s Gone » sont entre autres tout à fait dignes des albums précédents), subsiste un indéfinissable malaise qui ne s’estompe que difficilement au fil des écoutes. Tout y est, de la voix fragile aux écarts entre rock saturés et tristes ballades dépouillées, des accents Neil Young et Beatles aux bidouillages lo-fi, de la pop nonchalante au piano mélancolique : le cahier des charges est respecté - lorgnant d’ailleurs plus sur les premiers disques que sur un It’s A Wonderful Life autrement plus produit. Mais il manque ce je ne sais quoi d’âme, comme si une IA particulièrement douée avait répondu à la demande « sors nous un album de Sparklehorse inédit » (1). Et puis arrive « the Scull of Lucia » et soudain Bird Machine s’anime, tel un gros câlin venu du ciel, cette émotion qui à la fois réchauffe et serre la gorge. L’avenir dira si cet album forcément à part se justifiera autrement que par ce magnifique cadeau. Quoiqu’il en soit je continuerais, jour après jour, à penser à Mark. 

(1)    On craint l’arrivée probablement prochaine de ce type de disques

 

 

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KING GIZZARD and the LIZARD WIZARD - Petrodragonic Apocalypse

 

Même s’ils sont un peu envahissants, il est difficile de ne pas évoquer une nouvelle fois KGLW dans les réussites de l’année, tant le Petrodragonic Apocalypse (on vous épargne la suite du titre) se classe dans le haut du panier pourtant relevé du groupe, tout du moins pour ceux qui aiment le gros son. C’est en effet tout de metal vêtu que ce dragon s’avance, avec des morceaux qui la plupart du temps pulvérisent le métronome. La technique des membres du groupe (en particulier le batteur, on ne se refait pas) est ahurissante, non seulement pour cette affaire de vitesse d’exécution mais aussi pour les rythmiques bizarroïdes qui ne sont jamais bien loin avec les Australiens, se baladant régulièrement avec réjouissance en territoire prog au détour de quelques titres qui s’étalent entre 5 et 10 minutes. Si on leur pardonne le coté quelque peu démonstratif qu’on moquerait chez tant d’autre, c’est avant tout parce qu’ils ne se prennent pas au sérieux, avec leur concept album de « Gila Monster » écrasant tout sur son passage, caricaturant avec fun et fanitude tout un panel de courants de metal (du hard au speed) que les spécialistes se feront une joie de reconnaitre. Sans oublier de reposer la bête pour des passages plus calmes en percussions et basse, ni de saupoudrer le tout de cette touche orientale inimitable qui les caractérise. D’où tiennent-ils cette recette pour garder malgré leur dithyrambique discographie ce niveau de qualité et d’originalité à chacune de leur parution ? D’un travail acharné, c’est certain, mais sans doute plus encore de l’envie toujours vivace de s’amuser. Le Roi Gésier ne semble pas prêt à être détrôné, autant en profiter….

 

 

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The HIVES - the Death of Randy Fitzsimmons

 

11 ans après un Lex Hives que je n’ai même pas pris le temps d’écouter, qu’attendais-je des Hives ? Rien, et d’ailleurs je serais passé à coté de the Death of Randy Fitzsimmons sans l’article de Thom qui m’a vraiment donné envie de vérifier par moi-même. Bingo, 12 titres, 30 minutes, du riff de guitare qui tape, du punk imbécile, des claps à faire headbanger un Bernadotte et une section cuivre qui ramène sa fraise au besoin. Parfois irritant (putain de modulations) mais toujours détonants, les Hives balancent avec un savoir faire ancestral des tubes comme on en fait plus (« Bogus Operandi », « Crash into the Week End », « Two Kinds of Trouble ») en soignant leur démarrage en trombe et leur freinage poussiéreux sacrément intense (« Step Out of the Way »). Facile ? Il suffit de regarder qui, de la grande période 00’s dite « des groupes en the », a survécu en restant à ce niveau de qualité pour se rendre compte qu’il n’est pas donné à grand monde de tenir la baraque du garage rock à 45 balais. Les Hives vainqueurs par KO, on aurait dû s’en douter !

 

 

 

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FLAT WORMS - Witness Marks

 

6 ans après un premier album remarqué en ces pages, Flat Worms se rappelle à mon bon souvenir avec un Witness Marks du même format : une demi-heure pour une dizaine de titres. On n’est donc pas dans le rock progressif, mais bien sur du proto punk d’obédience Stoogienne, bien gras quel que soit le tempo, du plus groovy au quasi hardcore. Le trio américain balance des compositions aux accents noise plus ou moins marqués mais toujours présents, s’affranchissant le plus souvent de mélodies pour aller à l’essentiel, et se permet quelques refrains réjouissants tel ce « 16 Days » à retenir pour la BO d’une soirée potes & beer. Ca tombe bien, vu la radicalité du propos on verra plus les Flat Worms dans des bars que dans des stades…. 

 

 

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