Les Propositions d'HELLO DARKNESS #31 (Septembre 2016)

2 octobre 2016

SWANS - the Glowing Man

En écoute: DEEZER

Proposé par Xavier.

Mon avis:

C’est devenu une habitude : deux ans de tournées qui voient naitre sur scène des morceaux fleuve à partir de petites idées de Michael Gira ou d’anciens titres évoluant sans cesse, puis sortie d’un double album regroupant ces morceaux captés dans leur phase présente. Habitude, voilà bien un terme qui doit rebuter le leader de Swans, qui a donc décidé de mettre fin au groupe dans sa forme actuelle (comme je l’avais craint dans mon article sur to be Kind). Il est certain que des séances communes développées depuis 2010 (date depuis laquelle les six membres du groupe ont l’air d’avoir vécu ensemble en permanence) ont pu faire naitre des automatismes de compositions, celles-ci menacant d'amener progressivement à la redite, puis à l’ennui. On en est loin sur the Glowing Man qui reste un disque exceptionnel (1), mais l’auditeur se retrouve en terrain connu : passages noisy mutant en krautrock puissant, explosions sonore et plages d’apaisement plus lumineuses, le tout porté par la voix chamanique de Gira qui psalmodie des mots plutôt qu’il ne chante. Si l’apparition d’instruments variés viennent toujours augmenter ou adoucir la tension générale, c’est dans ces arrangements (principalement le piano et les chœurs féminins) que the Glowing Man se distinguera le plus de ses prédécesseurs. On pourra se consoler de la fin de l’aventure en se disant que les sept albums (en comptant les live, œuvres à part entière) produits par cette formation de Swans ont, par leur richesse, largement de quoi nous occuper pendant des années. Et que la résurrection, soit la mort comme prélude indispensable à une vie sublimée, thème majeur de l’œuvre de Swans (jusque dans les mouvements même de leurs longs morceaux), nous ramènera les Cygnes sous une nouvelle forme passionnante.

(1) quoi que, sans doute, un poil moins brillant que ses prédécesseurs…

Louis-Jean CORMIER - Les Grandes Artères

En écoute: DEEZER

Proposé par Julien.

La chronique de Julien: PINKUSHION

Mon avis:

Une fois passé le petit blocage psychologique d’écouter un disque chanté en Français avec l’accent québéquois (par un prénommé Louis-Jean, en sus), on est séduit par ces chansons folk pop bien arrangées, cuivres en sourdine par ici et banjo par là, évoquant avec insistance Patrick Watson (1). Dans un registre souvent mélancolique, parfois un peu plus rock (« St Michel ») ou apaisé (« Jouer des Tours », joli folk en duo mixte), Cormier signe des textes élégants évitant la surenchère, tout comme il reste relativement sobre sur les arrangements (à l’exception d’un délicat « Le Jour Où Elle M'a Dit Je Pars » un peu gâché par un passage central too much). Si l’on peut se demander ce qui distingue Les Grandes Artères des autres multiples bons disques équivalents proposés par Julien (grand amateur du genre) ces dernières années, quelques titres au dessus du lot pourraient nous suffire comme réponse : un « Complot d’Enfants » rock aussi simple que poignant, ou « Montagne Russe » en final marquant, nous imposent d’adopter, encore un moment, l’accent chantant du Louis Jean.

(1) du moins Wooden Arms, son album que j’apprécie le plus, et sur lequel, discog me l’apprend à l’instant, Cormier apparait au banjo.

THEE OH SEES - A Weird Exits

En écoute: YOUTUBE

Proposé par Damien.

Mon avis:

Après un surprenant Mutilator Defeated at Last qu’il avait proposé pour cette même rubrique voici tout juste un an, Damien est tout aussi enthousiaste pour A Weird Exits, la dernière production de Thee Oh Sees. Tout en gardant les mêmes sonorités et l’énergie qu’on leur connait, le prolifiquequatuor continue son évolution avec des morceaux plus longs et lorgnant de plus en plus vers le psychédélisme au dépend du garage, bien que le groupe prenne soin de poser ses marques sur les deux premiers morceaux. Si A Weird Exits en perd un peu d’efficacité immédiate et qu’il semble moins marquant que son prédécesseur, il reste d’un haut niveau et présente un joli panel sonore, guitares agressives alternant avec claviers ou orgues vintage sur des titres ayant une forte proportion instrumentale. En extraits spécialement appréciés on citera le sombre « Crawl out from the Fall out », au violoncelle et tempo ralenti inhabituels, et « Jammed Entrance » electro rock où batteurs et bassiste sont particulièrement excellents. Cependant chaque piste est savoureuse à sa manière, et l’ensemble du groupe et des instrumentistes ponctuels fait preuve d’un talent indéniable, inscrivant A Weird Exits comme une nouvelle réussite dans la discographie de Thee Oh Sees.

RY X - Dawn

En écoute: DEEZER

Proposé par Seb.

Mon avis:

Première proposition de Seb, qui se lance avec RY X, pseudo d’un songwritter sortant cette année son premier album, Dawn. Un disque de folk très dépouillé, guitare ou piano appuyés de quelques cordes, chœurs ou beat minimalistes, porté par le chant aigu mais chaleureux de l’Australien, l’ensemble faisant furieusement penser à Jose Gonzalez (auteur il y a 13 ans - déjà ! - du remarquable Veneer). Malgré des compositions parfois longues, l’ensemble est cohérent et agréable, du moins jusqu’aux titres « Deliverance » et « Haste » (seconde moitié de l’album) qui versent dans un electro clubbing de mauvais gout. Le final rattrape le coup en revenant à la délicatesse du début, avec les arpèges de « Sweat » (mon favori) et l’electro minimaliste de « Lean », prenant de l’ampleur tout au long de ses 7 minutes grâce à des arrangements bien trouvés. Dawn évolue dans un folk indé assez classique mais, malgré les deux morceaux cités plus haut cassant sa belle unité et le rallongeant inutilement (une heure, c’est un peu trop), il reste suffisamment bien composé et produit pour qu’on y retourne lorsque l’ambiance s’y prête.