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Blinking Lights (and other revelations)
20 avril 2015

MERCURY REV - The secret migration

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Mercury Rev fait partie de ces groupes qui, comme Radiohead, on eut deux périodes bien distinctes, mais toutes aussi passionantes. Dans la première, dite "bruitiste", le groupe se lancait sur les traces de My Bloody Valentine en superposant les guitares dans de longues compositions psychédéliques. Un mélange de claviers, bruits divers, dialogues, solos distordus et d'impros qui pouvaient donner le tourni mais qui réservait aussi son lot de bonnes surprises; Des trois albums de cette période (Boces, See you on the other side et Yerself is steam) je conseille le dernier, un peu plus abordables avec des titres fous comme "chasing a bee", "coney island cyclone" ou "sweet odyssey of a cancer cell", d'autres plus sages ("frittering") et la croisière finale de 12 mn sur une "rivière très ensomeillée".  Le chanteur David Baker était il l'unique concepteur de ces bizarreries, je n'en sais rien, toujours est il que lorsqu'il se fit virer tel Syd Barrett par ses compatriotes, Mercury Rev passa à toute autre chose. Trahison pour quelques uns, mais révélations pour beaucoup, l'album "Deserter's song" ouvrait la période dite "féérique" du groupe désormais mené par le chanteur guitariste Jonathan Donahue.

Si le disque recelle encore quelques délires, il est cette fois produit dans les regles de l'art par le bassiste Dave Fridmann (qui a travaillé avec d'autres groupes, dont Sparklehorse). Les mélodies sont donc bien plus identifiables, et parmis d'autres perles on retiendra particulièrement "Holes", magnifique contine allumée et "Goddess on a hiway" tube efficace et entétant.  Comme pour les disques qui suivent, Mercury rev nous rappellent qu'ils ont souvent travaillé pour des musique de film (pour gagner quelques sous) et savent surprendre en donnant à leur chansons des formats très variables: calmes et tranquilles, rock et folles, petites historiettes ou longues sagas, instrumentales ou bavardes (toujours avec d'étranges paroles ésotériques). Album charnière, "Deserter's song" est exécuté plus sobrement que ses frères plus récent, en commencant par l'incroyable "All is dream".  Repris dans "The secret migration", on y découvre l'aptitude de Mercury Rev pour faire littéralement exploser des chansons calmes en grandes envolées lyriques ("The dark is rising").  Pas de repos dans cet album, les chansons magiques s'enchainent,: citons les paroles géniales de "Little rhymes", la simplicité exultante de "You're my queen" , la beauté calme de "Spiders and flies",  le parfait "Nite and fog" et bien sur le long final "Hercules".   Difficile de faire mieux, et pourtant... Sur "The secret migration", Mercury rev a poussé encore plus loin ses traits de caractère, au risque d'en énerver certains. Pour ceux qui n'aiment que le son bien crade, Dave Fridmann surproduit (on a comparé leur musique à du Walt Disney!), et les musiciens en font trop. Personnellement cet aspect ne m'a pas dérangé, tout au plus je trouve le nouveau bassiste un peu trop présent (sur "In the Wilderness" on dirait qu'il répète ses gammes).  En fait, un bon test est cette étrange pochette:  si vous la trouvez hideuse, il y a des chances pour que la musique ne vous plaise pas. Car cette image fascinante, féérique et très complexe est à l'image des morceaux de l'album. Dans "secret for a song", les notes de piano mutent en tonerre de batterie surplombé par la voix aigue de Donahue (qu'il faut aimer...). Par la suite, pas un instant de relachement, le voyage continue "Across yer ocean", dans une "Black forest" , s'arrete un moment pour le beau poème "My love" et la berceuse "Moving on", avant de terminer en apothéose  par un "Arise" carabiné et le splendide "First time mother's joy". Une dernière chansonette ("Down poured the heavens") et c'est le dur retour à la réalité.

Mercury rev est aussi absolument à voir en concert. Les chansons sont magnifiées sur scène, souvent jouées plus rock grace à l'apport de Molina à la basse et d'un énergique batteur (Jeff Mercel est aux claviers), voire rallongées en impros ou finaux apocalyptiques ("Opus 40" dure ainsi plus de 10mn). Jonathan en fait des tonnes, et ca lui va bien, sa tete d'elfe éclairée d'un sourire radieux, en véritable chef d'orchestre magicien déclanchant ces fameuses "explosions" d'un signe de la main à ses acolytes, le tout renforcé par un jeu de lumière efficace.  Plus sympathique que ce poseur de Grasshopper (guitariste talentueux), il se force à ne pas trop parler avec le public pour ne pas altérer la magie du spectacle. Et lorsque les dernières notes de "The dark is rising" retentissent et que Mercury rev quitte la scène, oui, c'est bien la noirceur qui est de retour...

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