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Blinking Lights (and other revelations)
26 juin 2015

Shannon WRIGHT - Dimanche 08 Mai 2011 - Epicerie Moderne - FEYZIN

 

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Secret Blood, dernière production de Shannon Wright, est sorti trop tard pour partager la première marche de mon podium 2010 avec le Dust Lane du camarade Yann Tiersen, ou 2 mois trop tôt pour figurer en bonne place sur le podium de 2011.  Dommage, car je ne me lasse pas d'écouter ce court et intense disque, cas peut être unique d'un  9eme album soutenant la comparaison avec les débuts d'un artiste. Pour ma part, Secret Blood est même sans doute mon album favori de l'américaine, assez mésestimée eut égard à cette rare constance dans la qualité malgré des sorties assez rapprochées (Honeybee Girls, le très bon prédécesseur de Secret Blood, date de 2009). Quand on connait les qualités scéniques de Shannon Wright, il n'y avait aucune raison valable de ne pas aller à l'Epicerie Moderne ce dimanche soir se reprendre une bonne charge d'authenticité rock. Mes deux collègues d'Hello Darkness refusèrent pourtant  sous des prétextes fallacieux de m'accompagner, alors que je lançais l'idée lors d'un pique nique familial d'anthologie au Parc de la Tête d'Or. Ah ca, pour taper dans un ballon sur la pelouse surchargée du Parc, y'a du monde, mais pour venir s'en prendre plein les oreilles avec une des meilleures songwritteuse du moment, plus personne. Et dire que j'ai interdiction de publier mes photos de l'après midi, sous prétexte que trois familles qui bouffent des cakes en buvant du Ice Tea sur des couvertures, ca fait pas rock....

 

mars red sky

Mars Red Sky

C'est donc tout seul que je sauvais l'honneur du groupe en me dirigeant avec enthousiasme vers Feyzin. Le parking est relativement vide, ca sent le concert intimiste du dimanche soir. Je ne restai cependant pas seul très longtemps, puisque je rencontrai trois personnes de mes connaissances venues finir en beauté leur week end. Tout d'abord un collègue de boulot de Yosemite avec sa copine, avec lequel nous discutons des dernières sorties sympathiques, et de l'espoir que nous plaçons devant un revival grunge de moins en moins hypothétique. Ensuite une copine de Mélaine, qui a sacrifié récemment à la tradition qui veut que toute orthophoniste se mette en couple avec un ingénieur fan de musique. Ce dernier a d'ailleurs très bon gout, et a notamment emmené sa promise au Transbordeur tâter un peu du Mogwai. Last but not least, le sieur La bUze sera mon troisième interlocuteur musical de la soirée, l'avantage étant qu'en plus, il m'accompagne au bar (dingue ce nombre de personnes qui ne boivent pas de bière, avec la chaleur qu'il fait). La bUze qui me présente à son groupe d'amis comme « le batteur d'Hello Darkness ». A moi de me démerder ensuite pour expliquer à ses potes rendus curieux que je ne suis pas encore une star, que je n'ai pas de manager et même pas de disque sorti... Merci La bUze, mais sache que ma vengeance sera terrible, et que j'attends de pied ferme tes premières excellentes compositions qui devraient être mise en ligne sur ton blog d'ici cet été. Avec tous ces passionnés de musique croisés, le temps passe vite et c'est déjà l'heure de se placer dans la salle, en configuration minimale (gradin avancés au maximum, premières rangées de siège accessibles uniquement). Même ainsi, au plus fort du concert de Shannon Wright, on respirera aisément devant la scène, malgré une impression de remplissage du à l'espace réduit.

 

Pour l'heure, c'est le trio Mars Red Sky qui entre en scène, le massif bassiste aux allures de bucheron et le frêle guitariste encadrant le batteur qui lance le concert sur un rythme pesant. Gros riffs bien lourds de guitare, basse ultra puissante, solos saturés hésitants entre heavy metal et rock psyché, l'ensemble a des airs de Black Sabbath cuisiné sauce post rock. Les compositions sont à la fois violentes et hypnotiques, tout comme les images passées en fond de scène (une eruption volcanique par exemple). Le plus étonnant dans tout ça, c'est que le leader du groupe, planqué derrière sa barbe de 5 jours, n'est pas un inconnu. Je l'avais vu ici même en première partie d'Emilie Jane White, ciselant de petits trésors folks évoquant irrémédiablement Elliot Smith. Hé oui, il s'agit bien de Julien Pras, qui décidément excelle dans des genres bien différents. Malgré quelques ennuis techniques (une batterie résistante qui m'a rappelé quelques souvenirs) et un problème de mixage (au premier rang, on entend très peu la voix, ce qui n'est pas grave vu que les longs morceaux sont très peu souvent chantés), je suis plutôt séduit par le concert, assez en tout cas pour envisager l'achat du premier disque de  Mars Red Sky tout fraichement sorti.

 

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b

 

La pause file à toute vitesse, et je reviens me placer devant la scène juste à temps pour voir Shannon Wright et ses deux compères débarquer sous les applaudissements nourris du public. Le concert débute par deux vieux titres que je n'apprécie pas trop. Je ne m'inquiète pas outre mesure, sachant que je vais forcément aimer le concert, et puis cela me laisse le temps d'observer tranquillement le trio. Shannon Wright est telle que dans notre souvenir, agitant sa silhouette filiforme moulée dans un pantalon et une veste noirs, surmontée d'une tignasse en perpétuel mouvement ne laissant entrevoir occasionnellement du visage de la chanteuse qu'une bouche à la Mick Jagger. Je suis toujours impressionné par la manière dont elle parvient à être à la fois forte et rapide sur ses arpèges, tout en se tortillant ou en moonwalkant avec sa fender blanche. Le batteur a un physique à la Butch (énorme premier batteur de Eels), et il a décidé d'assassiner devant nous sa caisse claire. Il assène des coups monstrueux sur sa batterie, mais sort au bon moment des breaks incroyables de subtilité. Le bassiste, beaucoup plus sobre, comme les deux autres tout de noir vêtu, a un visage oscillant entre Sting et Malcolm Middleton. Il s'agit du fidèle Andy Baker, compagnon musical de longue date de Shannon Wright, qui a enregistré la plupart de ses albums. Il semble faire contrepoids à la folie épileptique qui s'est emparée des corps des deux autres musiciens. Le concert débute vraiment pour moi avec « Violent Colors », extrait somptueux et énergique de Secret Blood, suivi du non moins excellent « Commoners Saint » tiré du même album. J'ai de manière générale plus apprécié les titres récents, et c'est avec un regret relatif que j'ai constaté que la setlist faisait encore la part belle à Over the Sun, au détriment notamment d'un Honeybee Girls complètement occulté ce soir. Je dis regret relatif, car s'il y avait un titre qui justifiait à lui seul le déplacement, c'est bien l'explosif « Plea », dont la rage déployée alternativement était impressionnante, même pour ceux qui connaissaient déjà le potentiel de Shannon Wright en live. Celle-ci se dirige maintenant vers son piano, pour trois titres plus calmes, ce qui ne veut pas dire plus apaisés. Je retiendrai « Defy this Love », tiré de Let in the Light, de même que le subtil et rare « In the Morning » pour lequel Shannon Wright a repris sa guitare. Puis c'est le toujours poignant « You'll be the Death », avec une fin a capella tenant en haleine un public suspendu aux notes susurrées par la chanteuse. Retour à du rock sans concessions avec « Birds » et un magistral « Fractured » asséné sur moins d'une minute.

Le rappel est là pour nous remettre de ce coup de poing,  et Shannon reviens seule pour faire retomber les décibels (mais toujours pas la tension, c'est ça qui est le plus marquant). On reconnait un morceau écrit à quatre mains avec Yann Tiersen (« Ways to Make See »), puis le délicat « In the Needle », dont les arpèges semblent complexes - l'interprétation de Shannon Wright est en tout cas sur le fil. Cela n'en rend que plus palpable la fragilité de ce  titre, l'un des plus beaux de Secret Blood. Le groupe est au complet pour achever le concert sur l'étourdissant « With Closed Eyes », comme pour nous prouver que les titres d'Over the Sun sont bien indispensables à un concert de Shannon Wright. Elle salue timidement le public enthousiaste et s'éloigne, sans avoir dit plus de dix mots dans la soirée, et sans que cela ne nous gêne, comme à l'accoutumée. Le concert m'a semblé court, malgré quelques passages où j'ai décoché musicalement, la fascination pour le spectacle d'engagement total du groupe sur scène m'a à chaque fois rattrapé rapidement. Et on n'est pas encore assez habitué pour se plaindre vraiment d'une setlist assez semblables à celle de la dernière tournée. Puisqu'il est écrit que Shannon Wright tournera régulièrement en France, nous y reviendrons avec plaisir chaque fois que l'occasion se présentera.

 

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Je discute un moment avec le bassiste de Mars Red Sky en achetant l'album ainsi qu'un 45 T à la pochette sympathique, il m'apprend notamment que le groupe a deux ans d'existence. Ils ont apparemment galéré sur scène, mais se sont bien éclaté malgré ces problèmes techniques. En voyant mon T-Shirt des Eurockéennes, il m'annonce qu'ils seront à l'affiche de l'édition 2011, et nous passons un moment à évoquer la programmation que je juge décevante, malgré un Motorhead alléchant. Il me confirme aussi que leur statut de professionnel n'est guère enviable du point de vue organisation à mon amateurisme. Ils doivent par exemple rejoindre Bordeaux dans la soirée, pour cause d'engagements de certains membres de leur troupe. Alors que je devise en sortant avec la Buze, j'aperçois deux membres du groupe lyonnais the Good Dawn que j'avais apprécié en première partie de Cheveu, et auquel j'avais justement pensé devant Mars Red Sky (pour la puissance en trio, leurs styles sont bien différents). L'occasion de leur dire tout le bien que j'ai pensé de leur concert et de leur disque, et d'échanger quelques mots. Ils semblent prendre leur activité musicale avec sérénité, évoquant quelques dates par ci par là et un possible deuxième album. Leur discours contraste un peu avec ma ferveur, mais cela fait 15 ans qu'ils jouent ensemble, c'est un peu la routine pour eux on dirait. En tout cas, c'est bien la preuve que les vrais musicos de Lyon étaient à l'Epicerie Moderne ce dimanche soir, et c'est pas La bUze qui me contredira...

 

Setlist, photographié en fin de concert - même si j'ai reconnu pas mal de titres, je n'en ai identifié que très peu, j'eus été bien en peine de produire une setlist sans cette traditionnelle photo :

Within quilt of demand - Dyed in the Wool - Violent Colors - Commoner's Saint - Plea -Black Little Stray - Dirty Façade - Defy this Love - Hinterland - In the Morning - You'll be the Death - Birds - Fractured // Avalanche - Ways to make see - In the Needle - With closed Eyes

 

Très intéressante interview et belles photos (dont celle illustrant cet article) ICI.

 

"Plea" et "Defy my Love" du concert d'hier !!

 

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