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Blinking Lights (and other revelations)
1 décembre 2023

ARAB STRAP - Dimanche 26 Novembre 2023 - Epicerie Moderne - LYON

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Qu’est ce qui pousse un groupe à venir jouer, 25 ans après sa sortie, l’intégralité d’un album sur scène ? Les aime-t-il toujours toutes, ces chansons, prend-il plaisir à en interpréter les plus confidentielles, celles qui, même à l’époque, ne figuraient pas sur les setlists ? Je n’en sais rien, en revanche je sais très bien pourquoi à l’annonce de cette tournée d’Arab Strap, passant pour la première fois à Lyon, j’avais bondi sur mon ordi et pris tellement vite ma place que par je ne sais quel bug je l’avais obtenue deux jours avant la mise en vente officielle. Pourtant la réinterprétation de Philophobia en duo acoustique était vraiment quitte ou double, surtout après avoir vécu l’année dernière un superbe concert en formation renforcée avec une setlist quasi idéale. Mais nous étions nombreux à avoir pris le risque d’un éventuel ennui pour revivre l’émotion d’un album ayant bercé de sa glauque mélancolie notre adolescence ou nos premiers pas adultes, époque où les histoires d’amours poisseuses aux vieux relents de mauvaise bière et d’odeur de cigarette froide annonées par Moffat résonnaient avec nos propres expériences foireuses. Enfin, nombreux parmi mes connaissances, car en réalité l’Epicerie Moderne - fabuleuse salle où je n’avais plus mis les pieds depuis 3 bonnes années et qui retrouve ces derniers temps un peu de lustre à la faveur d’un changement de programmateur - était loin d’être complète en ce dimanche soir.

 

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C’est donc bien au large dans le milieu de la fosse que j’assistais à l’entrée en scène silencieuse de mes deux héros écossais qui entamaient sans tergiverser un « Packs of Three » dépouillé. A droite Malcolm Middleton, avec son éternelle casquette lui masquant le regard, mutique et concentré sur sa guitare. A gauche Aidan Moffat, plus sage et certainement plus sobre que les précédentes tournées, lancera petit à petit quelques présentations ou blagues à un public très attentif. Entre les deux compères pas mal de distance, des petits signes de la tête mais plus un calage pro qu’une complicité chaleureuse. On savait qu’on n’était pas venu pour faire la fête, mais l’ambiance et la mise en scène (ou plutôt son absence, hormis de sobres et jolis jeux de lumières) enfoncent le clou. Je m’étais bien gardé de réécouter Philophobia (pas plus évidemment que je n’avais regardé les setlists des dates précédentes) afin de garder un semblant de surprise, toute relative étant donné ma connaissance d’un album que j’ai quand même écouté en boucle pendant quelques années. Et pourtant j’ai encore été bluffé par son coté quasi parfait, chaque intro me déclenchant la réflexion réjouie « ah mais oui c’est vrai, il y a aussi celle-ci ! ». Après « Soaps » (que je connais par cœur car c’est une des seules que j’arrive à jouer en guitare chant) interprétée de manière toute aussi sobre que la précédente, Arab Strap va heureusement habiller le reste des chansons de boite à rythme, de percussions et de mélodica, le tout assuré par Aidan Moffat en plus d’un chant/spoken word très dense déroulé sans aucun accroc. Au rayon des grands frissons attendus, « Here we Go », baffe qui me fit découvrir le groupe sur une compile Matador, et « Not Quite a Yes », sur laquelle j’admire le jeu en arpèges dément que Middleton gère imperturbablement. Quel bonheur d’avoir pu entendre ces chansons jouées à quelques mètres par le duo écossais ! « New Birds » et « Afterwards » me filent les poils aussi, bien qu’il y ait la frustration de les voir se terminer si vite et si calmement là où elles explosent habituellement en longs développement post rock. Pour les titres agréablement « redécouverts » en cette belle soirée, « Isands » dont la mise en place lente et sombre est remarquablement maitrisée pour un duo et « My Favourite Muse » où Middleton assure un rythme atypique d’une basse uniquement dédiée à ce morceau plombant. Tout comme au concert du Trabendo, « I would’ve liked me a lot Last Night » me ravit et me fait regretter que Philophobia ne s’achève pas sur cette note mélancolique plutôt que sur « The First Time You're Unfaithful», seul morceau de l’album que je trouve en deca et qui conclue logiquement le set de la soirée.

 

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Comme annoncé, le duo revient vite sur scène avec « The Turning of Our Bones » presque dansant, avant d’enchainer sur le deuxième single de leur dernier album. L’ambiance est moins appliquée et je m’attends à une deuxième partie de concert savoureuse, aussi suis-je très déçu que Moffat annonce déjà le dernier titre, prétextant un mal de gorge (en réalité pour cette tournée Arab Strap joue parfois un morceau supplémentaire en rappel, mais pas plus). Comme la dernière fois, c’est le délicat « the Shy Retirer » qui conclura la soirée avant que les deux écossais ne quittent la scène sans autre cérémonie qu’un vague salut. Un concert captivant, qui aura d’ailleurs fait l’unanimité auprès de mes amis malgré son format casse gueule, mais beaucoup trop court à mon gout. Il me reste pour me consoler l’annonce faite qu’Arab Strap reviendra bientôt en groupe à l’Epicerie Moderne pour une tournée honorant un album à venir, double bonne nouvelle donc. Pas de merchandising (1), j’avais espéré recroiser Middleton et me rappeler à son bon souvenir grâce à mon T-Shirt Hello Darkness vs Arab Strap que j’avais pensé à amener et que j’arborais au mépris d’une température plus fraiche que prévue, fosse statique et clairsemée oblige, mais je n’aurais malheureusement pas l’occasion de lui apporter une explication à ce clin d’œil passionné. 

Je reste donc au bar en ayant le plaisir de discuter avec ce cher La bUze, devenu rare en nos fosses depuis qu’il est devenu agriculteur/maçon dans la cambrousse Viennoise, reconversion dont j’écoute avec intérêt les joies et les peines. C’est chargé de ces moments précieux que je termine ce dimanche soir hors du temps, prêt à me lancer dans un déplacement professionnel d’une semaine qui s’annonce aussi glamour qu’un texte de Moffat sur un réveil avec une gueule de bois et une MST. 

 

 

(1)    Non seulement à cause du Brexit, mais aussi, selon notre informateur Twist, parce qu’Arab Strap fait sa tournée en train et juste à deux, sans aucune équipe technique. Ce qui en dit long sur une complicité qui ne sautait pas aux yeux sur scène. 

 

Setlist : Packs of Three - Soaps - Here We Go - New Birds - One Day, After School - Islands - The Night Before the Funeral - Not Quite a Yes - Piglet - Afterwards - My Favourite Muse - I Would've Liked Me a Lot Last Night - The First Time You're Unfaithful // The Turning of Our Bones - Fable of the Urban Fox - The Shy Retirer

 

 

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