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Blinking Lights (and other revelations)
12 juillet 2015

the SMASHING PUMPKINS - Mellon Collie and the Infinite Sadness - Réédition Coffret

 

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On ne saura pas pourquoi la réédition du Mellon Collie and the Infinite Sadness sort cette année. Qui de Virgin ou Billy Corgan a décidé de cette date plutôt que 2015, autrement plus appropriée (pour les 20 ans du disque). Qui avait besoin d’argent, qui a décidé du prix de cet énorme coffret, qui eut été déjà scandaleux avec un contenu passionnant… Tellement scandaleux que je ne tentais même pas d’activer le réseau qui m’avaient permis d’avoir à l’œil les rééditions des précédents albums des Smashing Pumpkins, me résignant juste à chercher le moindre mal sur internet. Snober la bande son de mon adolescence, même artificiellement ressuscitée,  aurait été impossible pour moi.

 

 

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Intérieur du coffret et Livret de paroles

 

Evidemment, l’objet est beau. Pour les fans des SP j’entends, mais il est clair depuis le début que cette ruineuse réédition comme cette grinçante chronique ne s’adressent exclusivement qu’à eux (et encore aux plus acharnés). Le coffret grand format, à la couverture embossée, contient un dossier cartonné dont l’intérieur en velours bleu abrite les 6 disques (2 originaux, 3 bonus et un dvd) – un livret avec les paroles des chansons (une par page) – Une pochette contenant 4 grandes feuilles cartonnées, deux avec des silhouettes à découper et à coller sur les deux autres pour créer un artwork original (on se demande bien qui aura l’inconscience de saisir des ciseaux et enlever ainsi une part de la valeur du coffret) – et enfin un gros livret donnant des informations sur chaque titre, des croquis originaux de l’artwork et des photos extraites des clips (mais aucune photo originale, ce qui est bien dommage..)

 

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Livret de Paroles - Page 1


Je n’espérais plus grand-chose des explications que Billy Corgan donne sur chaque titre de l’album, tant l’exercice sur les rééditions précédentes avait été décevant. Lorsque le leader des SP doit commenter ses sources d’inspiration ou ce qu’il a voulu évoquer dans une chanson, il noie le plus souvent le poisson à grand renfort de formules alambiquées et de pseudo poésie d’autant plus absconse pour les non bilingues (on avait déjà eu le coup à l’époque  sur le livret du Pisces Iscariot). Ce n’est pas étonnant, d’autant qu’on apprend qu’une grosse partie des paroles du Mellon Collie ont été écrites en 3 jours ! Corgan avait en effet prévu 4 concerts à Chicago (1) pour tester le potentiel des nouveaux morceaux, et la date approchant il compila en catastrophe d’anciens bouts de poèmes ou d’histoires pour leur donner un texte. L’exemple donné est « Porcelina of the Vast Oceans », illustrée par cette anecdote. Le moins qu’on puisse dire c’est que le résultat est plutôt bon pour un boulot aussi vite torché ! Outre cette révélation, il y a finalement quelques autres informations intéressantes dans le livret, exclusivement lorsque Corgan s’attarde sur l’enregistrement du morceau et non sa composition.

 

 

 

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Recto et Verso de la pochette contenant les CDs

 

Ainsi affirme-t-il qu’il considérait « Bullet with Butterfly Wings » comme un titre mineur du disque et qu’il ne comprenait pas son choix comme premier single par la maison de disque, ou que la version gravée de « Where Boys Fear to Tread » fut la toute première fois que le groupe la jouait (elle est pas bien technique, mais quand même…). Surprenant : « Cupid de Locke » n’est constituée que de boucles pré enregistrées, pas une seule note n’a été jouée lors de l’enregistrement. De même que pour « Stumbleine », Corgan ayant tout simplement eu la flemme de le réenregistrer et les producteurs ayant accepté de juste relifter une demo qu’il leur avait refilé. Ceci montre bien l’état extrêmement avancé des demos que Billy Corgan peaufinait chez lui (2), et annonce d’emblée le peu d’intérêt que peuvent avoir celles proposées en bonus sur cette réédition !

 

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intérieur de la pochette contenant les CDs

 


D’autres morceaux ont bien sur demandé plus de travail, comme l’épique « Thru the Eyes of Ruby » dont Corgan est à juste titre très fier, ou « XYU » qui fut enregistré live en studio, le groupe ne maitrisant pas tout à fait sa structure, le tempo accélérant à chaque prise jusqu’à la bonne (le chanteur ne se rappelle cependant plus pourquoi la version figurant sur le disque est un mixe entre cette dernière prise et une autre). Autre anecdote qui me surprend moins, vu que je n’ai jamais apprécié ce titre outre mesure, c’est le mal de chien qu’a eu le groupe à enregistrer « 1979 ». Tout le monde reconnaissait le potentiel du morceau, mais le rendu était à chaque fois peu satisfaisant, à tel point qu’il a failli ne jamais figurer sur l’album. « 1979 » a été mis en boite in extremis, le dernier jour d’enregistrement…

 

 

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Croquis de Billy Corgan - Artwork version 1 - Artwork Version finale (on admirera la manière dont l'artiste s'est démerdé avec les gribouillages et hyéroglyphes initiaux...)

 

Avant ce descriptif titre à titre, figure un texte du journaliste David Wild s’attardant essentiellement sur le travail de Flood et Alan Moulder, et la différence avec celui de Butch Vig (producteur des deux albums précédents). On y apprend notamment qu’un de leur apport a été de faire plus participer d’Arcy et James Iha à l’enregistrement : pas bien difficile, quand on sait qu’ils n’ont pas joué une seule note sur le Siamese Dreams ! Bref, on comprend quand même que leur mégalo leader ne leur a laissé quelques miettes qu’à la faveur du gigantisme de l’album. Et ce n’est pas cette réédition qui rétablira l’équilibre, bien au contraire.

 

 

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J'aimais bien la version intermédiaire...

 

Si on lit au titre « Take me Down » que James Iha a pris comme une véritable gifle le fait que sa chanson favorite soit reléguée en toute fin de disque, qu’a du-t-il ressentir en voyant le traitement qui lui a été ici réservé ! C’est bien simple, de la petite dizaine de morceaux qu’il a écrit ou coécrit (la plupart excellents, bien meilleurs que « Take me down », et relégués en B-Side des 5 singles), seul « Goodnight » a le droit à une apparition dans les bonus. Que Corgan ait voulu s’arroger l’ensemble des plages ou que Iha ait voulu se dissocier du projet semble peu plausible, et ce d’autant plus que figurent deux titres du premier album solo du guitariste - « Lover Lover » et « One and Two » sortis sur Let it Come down en 1998 - dont la présence est tout à fait incongrue. Bref tout ceci est assez incompréhensible, j’aimerai quand même avoir le fin mot de l’histoire…

 

 

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Les fonds pour faire son artwork (avec une petite carte explicative)

 

Passons donc en revue le contenu des trois disques de bonus, présenté comme majoritairement inédit. Sur les 64 titres, 29 sont des relectures des titres figurant sur le double album (ils sont tous représentés sauf « Muzzle », « Take me Down », « Where boys fear to Tread », « Bodies », « Stumbleine » et « We only come out at Night »). Il y a les demos (qui comme on l’a vu sont très avancées, donc peu surprenantes), les prises studio (très proches des versions enregistrées), les mixes différents (« Tonight tonight » sans les cordes, ou que les cordes, waouh ! ca fait deux inédits…), ou les versions instrumentales. Sur ces 29 bonus, seuls 7 présentent pour moi un soupçon d’intérêt : une version à la guitare de « Mellon Collie Infinite Sadness » (Nighttime version 1), qui est le petit instrumental rajouté en fin de « Thru the Eyes of Ruby » - de cette dernière une version instrumentale (take 7) et une version acoustique aux vrais airs de demo – idem pour la version acoustique de « Bullet with Butterfly Wings » (Sadlands demo) – éventuellement le joli instrumental de « Galapogos » (Sadlands demo) et celui de « Beautiful » (Middle 8) – enfin la Loop version de ce titre qui est relativement différente de celle figurant sur le disque.

 

 

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et les silhouettes à découper et coller...

 

Il y a ensuite 15 bonus associés aux B-Sides des Singles (regroupés sur le coffret the Aeroplane Flies High (3)), soit en version identiques, soit en remixes ou instrumentaux. De ceux-ci seuls la version instrumentale de « Marquis of Spades » (baptisée « Glamey Glamey ») et une jolie version de « Jupiter’s Lament » (barbershop version) apportent quelque chose. Si l’on retire les deux titres de Let it Come Down dont on a parlé, il reste 18 vrais inédits. 11 d’entre eux ne sont pas de vrais morceaux, mais des idées de riff développés du genre de ceux que Corgan avait compilé pour former le « Pastichio Medley » (on peut à la rigueur conserver « New Waver » et « Phang »). Et il reste donc 7 vraies chansons (dont une demo de « Eye », une version live acoustique de « Towers of Rabble » et une reprise pas trop mal du « Isolation » de Joy Division). En étant généreux, et de manière « objective », deux tiers des bonus ne servent à rien. Si on passe en « subjectif », je retiens deux bons inédits, le bien rock « Speed » et la petite balade « Autumn Nocturne » (que j’avais déjà), et une version alternative (celle de « Jupiter’s Lament »). Ca ne fait vraiment pas lourd pour un coffret qui se présente comme bourré d’inédits !

 

 

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Croquis et premier projet pour la pochette (on l'a échappé belle...)

 

Il y avait pourtant de belles choses à faire, pour qui voulait se donner la peine : présenter l’évolution de certains morceaux depuis les premières demos jusqu’aux live des dernières tournées, accorder justement une large place à l’interprétation live et aux improvisations de l’époque, présenter des idées ayant abouti à des titres figurant sur Adore, montrer les différentes collaborations et amitiés du groupe à l’époque à travers des photos ou des enregistrements, laisser chaque membre du groupe et du staff s’exprimer sur ses ressentis lors de l’enregistrement et des concerts…. A la place, un objet même pas à la hauteur d’une réédition classique. Alors de ce monument, c’est presque du vol. Presque, parce que, il faut l’avouer, je m’en doutais un peu avant de l’acheter….

 

 

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Pochette finale

 

PS : un petit mot du dvd, que j’ai regardé par acquis de conscience… niveau musique, j’ai déjà parlé du concert il y a peu. Sont rajoutés quatre extraits d’un autre concert (du même tonneau), dont une version finale de « XYU » particulièrement virulente. Pour ce qui est du film, la qualité de l’image m’a semblée bien mauvaise (peut-être est-elle juste d’époque) mais la réalisation bien fichue, la caméra s’arrêtant sur chaque membre du groupe. On pourra se remémorer le délicat toucher de cordes de James Iha, la technique inimitable de Jimmy Chamberlain, et pourquoi d’Arcy fut un fantasme pour bon nombre de fans alors qu’elle ne fut même pas la plus belle bassiste des Pumpkins…  En résumé ce dvd servira aux jeunes qui ont découvert le groupe récemment et qui en sont tombés assez fans pour acheter le coffret : à personne, donc…

 

 

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 "XYU" Live at Rockpalast 04/07/1996

 

(1)   J’avais trouvé trace des setlists de ces concerts au Double Door de Chicago (Février 1995) sur internet, et n’en avait pas cru mes yeux… quand je pense que des chanceux ont assisté à ces répètes en public…

 

(2)   Les fans le savaient déjà, possédant des bootlegs de ces fameuses démos…

 

(3)   Dont j’apprends qu’il fera l’objet d’une encore plus gigantesque réédition, qui s’annonce plus intéressante simplement par le fait que la plupart des « inédits » sont des Live d’époque…

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