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Blinking Lights (and other revelations)
1 août 2016

# 029 / 221

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J’attendais avec une certaine impatience de réécouter cet album après ma redécouverte d’Iron Maiden sur la cassette 14, sur laquelle figurait l’excellent A Real Dead One. En effet, le groupe avait décidé en 1993 de sortir deux enregistrements Live, le sus-cité regroupant des titres des cinq premiers albums, et ce A Real Live One se consacrant aux quatre albums suivants (période 1986 / 1992). Une répartition aussi curieuse que dangereuse, puisqu’il est assez rare qu’un groupe réussisse à maintenir son niveau de créativité au-delà d’un certain nombre de disques, et d’ailleurs force est de constater que je n’avais retenu que 6 extraits d’A Real Live On, contre 10 pour l’autre. Iron Maiden en a malgré tout encore un peu sous la semelle, notamment sur des refrains si marquants (« Can I Play with Madness », « Heaven Can Wait ») qu’ils avaient aisément survécu à des années sans écoute pour me revenir immédiatement en tête à la seule lecture de la setlist.

Cela dit, on a parfois l’impression que le groupe de Steve Harris a voulu trop complexifier ses compositions au fil du temps, ce qui nuit à leur efficacité (les multiples parties de « Afraid to Shoot Strangers »). Et puis le slow, contrairement à d’autres groupes de metal de l’époque, ne leur va pas très bien. Cela m’a fort amusé d’entendre Bruce Dickinson, dans un français hésitant mais pas si mauvais, présenter « Wasting Love » en véritable catéchiste : « vous savez, l’amour ce n’est pas seulement un garçon fuck une amie, c’est aussi… pour le cœur ». Quand je pense à tous les sermons que j’ai reçu m’affirmant que le Hard Rock était la musique du diable, sous prétexte que les chevelus aimaient à parsemer leurs pochettes de cranes et de triple 6…

Bref, nous retiendrons quand même l’intro exceptionnelle de « Tailgunner »  (je l’avais oublié celui-ci, c’est dommage, c’est quand même un des meilleurs titres de Maiden non ?) ainsi bien sûr que l’enthousiasmant « Bring the Daughter to the Slaughter », avec sa partie de dialogue entre le chanteur et le public sur fond de basse bien charpentée, et le tube « Heaven Can Wait », sans aucun doute le plus tranchant du set. On ne peut s’empêcher de noter que c’est aussi le plus ancien…. (et le titre d’adieu d’Iron Maiden pour cette rubrique).

 

 

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Qui dit cassettes enregistrées au milieu des 90’s dit passages obligatoires. On en a déjà eu quelques exemples, mais on ne pouvait évidemment pas passer à côté du Jagged Little Pill d’Alanis Morissette, dont la moitié des morceaux furent des single archi diffusés et archi vendus. Et ce d’autant que, si j’ai fuis un très grand nombre des hit rock de cette époque, j’ai d’emblée beaucoup aimé ceux d’Alanis Morissette. L’histoire de Jagged Little Pill est avant tout celle d’un coup de foudre artistique (1) entre la jeune chanteuse et le producteur Glen Ballard, origine d’une émulation qui aboutira à l’écriture quasi immédiate de très nombreuses chansons. Une alchimie magique qui façonne avec si peu de choses d’énormes succès, et dont le marketing cherche en vain à percer le secret, en appliquant des méthodes qui sont justement aux antipodes d’une simple rencontre entre deux personnes… La simplicité, voilà qui va faire le succès de Jagged Little Pill (2) : côté musique, des accords simples de guitare acoustique (« Hand in a Pocket » tient sur UN accord de La), un peu de clavier et d’harmonica, le tout boosté avec de la prod scolaire et un bon bassiste. Coté textes, une écriture pas très fine mais qui parle à tout le monde, des thématiques universelles décrites tantôt avec insouciance, tantôt avec gravité, mais toujours avec sincérité. 

Nous ne sommes quand même pas chez Disney, et Jagged Little Pill ne sort pas de nulle part. Au moment de son enregistrement, la chanteuse canadienne a déjà deux disques à son actif et des tubes pop bien connus dans sa patrie d’origine, et Glen Ballard est un producteur expérimenté. D’ailleurs le single qui propulsera Jagged Little Pill dans le cercle envié des albums les plus vendus au monde, « You Oughta Know », a reçu le renfort de Dave Navarro et Flea (maintenant que je le sais ça me saute aux oreilles, tant la basse y est Chili Pepperisée), ce qui n’est certainement pas donné au premier couple d’apprentis stars qui passe par là. Le résultat de ce mélange de professionnalisme et d’enthousiasme des premiers jours sera donc cette palanquée de tubes que, pour ma part, je trouve toujours irrésistibles.

De ce disque que j’apprécie aujourd’hui dans son ensemble (même si je lui préfère grandement le MTV Unplugged), je n’avais d’ailleurs à l’époque conservé que ces chansons les plus connues. Sauf une, ma petite favorite, sans doute celle qui, comme le label à qui le duo avait fait écouter ses demos, avait fait accrocher le snob que j’étais à une chanteuse si mainstream. « Perfect », si simple, si juste, si personnelle… J’insisterai encore dix ans avec Alanis : on retrouve So-Called Chaos, son sixième album, sur une des dernières cassettes de la série ; je ne me souviens pas de la moindre note de ces chansons…

 

(1)   Il y a eu évidemment beaucoup de rumeurs disant que le coup de foudre n’était pas qu’artistique. Un lieu commun causé par le succès, et qui ne fit que le renforcer, car le public aime ce genre de trucs, et les artistes le savent bien.

(2)   Son absence sera d’ailleurs par effet boomerang l’explication principale du déclin de la carrière d’Alanis Morissette, tant celle-ci se perdra en arrangements et textes délirants….

 

 

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Ah, la saga Ramones, et avec l’un de leurs disques les plus intéressants ! Nous avions réécouté Road to Ruin, qui bien que voyant Marky remplacer Tommy à la batterie, ressemblait plutôt à la clôture sans gloire de la première et plus fameuse période Ramones. Tommy était resté à la production, donc rien n’avait trop changé, notamment en termes de ventes. C’est pourquoi le groupe (1) avait décidé de rappeler Phil Spector, à qui ils avaient mis un vent deux ans plus tôt,  afin de voir si le légendaire producteur allait enfin transformer le succès d’estime du quatuor en vrai grosse bombe qui rapporte plein de fric. Pour mettre toutes les chances de leur côté, on avait en plus imaginé les Ramones dans un film adolescent, Rock n’Roll High School, dont ils écriraient le titre phare de la BO.

Phil Spector était déjà connu pour être particulièrement cinglé, et le faire collaborer avec la poudrière que constituait les quatre frères ennemis était un risque assez insensé pour qui voulait produire du tube radio. Le chapitre de la biographie de Dee Dee consacré à End of the Century est un monument tragi-comique, comptant sans doute parmi les plus savoureuses tranches de rock jamais écrites, même s’il est bien sûr entièrement sujet à caution. On y apprend notamment que Phil Spector aurait discuté de l’enregistrement pendant de longues heures avec le seul Joey, et que les semaines passées en studio (ce disque est de très loin celui des Ramones qui a couté le plus cher à produire) auraient uniquement servi à régler le son : Johnny, Dee Dee et Marky  seraient rentrés chez eux sans avoir enregistré la moindre note. Tout ceci est bien difficile à discerner : il y a quand même plein de trucs qui ne ressemblent pas au jeu habituel de nos amis (les roulements de batterie sur « Let’s Go », certaines parties de guitare), mais il y a aussi des chansons qui sonnent très Ramones originaux (« Rock n Roll High School »). Et puis, si Phil Spector a été engagé, ce n’est pas pour faire du Tommy, on imagine bien qu’il ait pu forcer les musiciens à changer leur manière de jouer (Johnny devait apparemment répéter des centaines de fois ses prises, ce qui l’aurait à moitié rendu fou).  

Ce qui est sûr, c’est qu’engager Spector pour faire sonner les Ramones plus pop (et donc plus bankable) me semble être une terrible erreur de casting. Je relève au contraire une agressivité incroyable dans la plupart des titres (qui est absente des rockabilly guillerets constituant, ne l’oublions pas, l’essentiel de ce que les Ramones ont alors enregistré), qu’ils soient à priori légers (l’introductif « Do you Remember Rock N Roll Radio » et ses cuivres) ou très punk (génial « Let’s Go »). Même « Danny Says », morceau exceptionnellement mélodique, avec une batterie réduite au rang de métronome (on dirait du Eels), comporte en fond sa guitare améliorée façon Spector. Je ne comprends pas comment les critiques de l’époque, en écoutant « Chinese Rock » ou « the Return of Jackie and Judy », ont pu crier à la trahison mainstream… (Sans doute ont-ils été perturbés par l’apport d’instruments nouveaux pour les Ramones, cuivres ou claviers, sur ce disque). La seule faute de gout impardonnable est la reprise de « Baby, I Love You », écrite par Spector pour les Ronettes, réenregistré ici avec un orchestre et, pour le coup, le seul Joey. Quoiqu’il en soit, je trouve ce disque tout à fait excellent, j’en avais d’ailleurs enregistré les 2/3 là où les autres tournaient plutôt autour de la moitié. Il est clairement plus dispersé que les précédents (2), et on le doit sans doute autant aux Ramones qu’à Spector. L’enregistrement éprouvant de End of the Century aura fini de faire céder un groupe aux fissures déjà bien prononcées, et les années suivantes seront douloureuses. On l’a vu avec son bien pauvre successeur, Pleasant Dreams, on en remettra une couche avec Subterranean Jungle, qui achèvera prochainement notre voyage en compagnie de ce groupe aussi étrange que charismatique.

 

(1)   Ou plus vraisemblablement leur management, dont le Danny (Fields) de la chanson…

(2)   Défaut pour une bonne partie des fans de l’époque. Les Ramones ne produiront plus un seul disque homogène par la suite.

 

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