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Blinking Lights (and other revelations)
1 avril 2006

PLACEBO

 

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Premier contact avec Placebo,retransmission télévisée de "Nancy boy" jouée lors d'un festival, et première réaction: une chanteuse carrément mignonne! Rapidement détrompé je m'intéressai à leur musique et à leur style si particulier, sorte de glam punk à l'esprit gothique et nihiliste dans un corps chic et manucuré. A l'époque, devant l'engouement de la jeunesse pour ce groupe à leur image mélant affirmation provocante et rejet de sa propre personnalité, certains journalistes criaient à l'effet de mode et prédisaient la mort rapide du trio. Erreur, car le charismatique leader Brian Molko n'affichait pas dans ses chansons des sentiments feints mais bel et bien ses propres déchirures, authenticité qui explique au contraire la fulgurante progression de Placebo à chaque sortie d'album. La discographie du groupe débuta en 96 (il y a dix ans!) avec l'album "Placebo" aux compositions déjà bien abouties. "Come home", c'est déjà le son Placebo, rythme simple et rapide agrémenté de riffs frénétiques et distordues d'une guitare accordée bizarrement. "Teenage angst" et son refrain explixite ("Since i was born i started to decay"), c'est déjà la philosophie Placebo développée plus loin sur "Bruise Pristine" ("We were born to lose", phrase chère à l'icone punk Johnny Thunders) et surtout sur "I know" ("you want the sin without the sinner", qui pourrait résumer la plupart des textes de Molko). "36 degrees" et "Bionic", c'est déjà deux fabuleux titres encore joués sur scène, et le tube "Nancy boy", c'est déjà cette froide descente dans les plaisirs prohibés qui malmènent l'ame et ravissent le corps. Le corps, obsession affirmée du groupe, apparaissant des orteils aux oreilles (et surtout le juste milieu) dans chaque chanson, illustrant les pochettes d'albums, corps meurtris ou nus exprimant le désespoir tel ce garcon grimacant, les deux filles si semblables mais si distantes de "Without you i'm nothing" ou la silhouette insaisissable de "Sleeping with ghosts". "Placebo", c'est déjà le déséquilibre entre chansons rapides et chansons lentes ("Hang on to your IQ", "Lady of the flowers") qui, si elles sont chantées avec la meme intensité, me semblent moins efficaces; c'est enfin déjà un talent certain pour les instrumentaux hypnotiques, avec "Swallow" et "H.K Farewell".

 

 

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A ces recettes Placebo rajoute quelques ingrédients qui feront de l'album suivant "Without you i'm nothing" un must absolu. C'est d'abord un son mieux maitrisé, un batteur plus puissant et l'apport de deuxièmes voix judicieuses, c'est aussi des chansons merveilleuses s'enchainant parfaitement, et une alternance bien pensée de titres rageurs ou mélancoliques. Placebo rajoute une bonne dose de violence à sa musique et ses textes, ( rage du rythme de "Pure morning" et de l'explosion du refrain de "Brick Shithouse") et des allusions de plus en plus crues à la sexualité, mais de bonheur, point l'ombre. Brian Molko chante plutot la peur d'etre abandonné et la solitude ("Ask for answers", "Without you i'm nothing" titre phare magistral d'émotion ) et se perd de bras en bras à chercher l'amour malgré tout  ("My sweet prince"), thèmes bien illustrées par les chaises vides et les rideaux mystérieux des photos de la pochette. Preuve du nouveau savoir faire des trois anglais (ou assimilés), deux single pop promis au succès sans etre trop raccoleurs, "You don't care about us" et "Every you and every me"  ("Sucker love i always find, someone to bruise and leave behind..."). Après la pause un peu fade de "Summer's gone", l'album repart de plus belle avec l'énergique "Scared of girl" et l'autobiographique Luxem"Burger Queen" avant de finir dans un déluge de décibels avec l'excellent "Evil Dildo".

 

 

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A la sortie de "Black Market Music", les journaleux ressortent les flingues qu'ils avaient planqués pour l'inataquable "Without you i'm nothing" et descendent avec plaisir ce qu'ils jugent comme un faux pas irrémédiable. Considéré par certains comme le meilleur et par d'autres comme le moins bon du groupe, cet album certainement à part (meme l'artwork n'a rien à voir avec les autres) voit l'arrivée des machines dans le monde jusqu'alors très rock du trio. Placebo s'est lancé dans quelques expérimentations (le meilleur exemple étant "Spite and Malice") mais a assuré ses arrière en fournissant à ses fans une bardée de tubes d'une efficacité redoutable, la plume de Molko s'étant encore affutée pour s'adapter avec brio aux accords nerveux et aux rythmes soutenus de "Taste in Men", "Days before you came" ou du brillant "Special K".  Autres réussites, "Passive aggressive" tente de prendre la relève de "Without you i'm nothing", "Black eyed" est le digne héritier de "Every you every me" ("i was never loyal except to my own pleasure zone") et  "Peeping Tom" conjuge piano et son métallique de guitare pour nous offrir une émouvante conclusion. Ajoutez "Haemoglobin", définitivement ma favorite de Placebo, et il est clair qu'on est loin d'avoir un album raté, malgré quelques chansons un peu chiantes. Molko insiste ici sur la drogue et ses dangers, partagé entre la peur de vivre sans passion et celle d'etre enchainé à l'accoutumance. Son choix s'exprime t il dans le refrain de Special K, "it's a race for us to try"? Il commence aussi à exposer quelques refrains politiques, sur "Blue American" et surtout sur "Haemoglobin", dénoncant la violence raciste à travers la description de la pendaison d'un noir.

 

 

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Les singles de "Black Market Music" ont définitivement rangé Placebo dans les groupes cultes,  et la tete de Brian Molko enfle tant qu'il en perd ses cheveux. Il apparait au fil des interviews que le leader est devenu un superbe trou du cul, sorte de précieuse ridicule aux idées tellement démagos (Fuck Bush!) qu'elles feraient meme honte à nos élites socialistes. Un comportement qui se ressent sur scène, à travers les commentaires pitoyables qu'il claironne entre deux chansons interprétées sans passion ni motivation. La différence entre les deux concerts des Eurockéennes période "without you i'm nothing" et "Sleeping with ghosts"  est révélatrices, un grand concert rock vibrant pour le premier, une démonstration sans saveur pour le second malgré des chansons tout aussi bonnes. C'est pourquoi je fus moi meme surpris devant la qualité indéniable de ce "Sleeping with ghosts". Si Placebo garde le son et le style qui lui est propre, le groupe réussi le tour de force de se renouveller une fois de plus et de hausser encore d'un cran son jeu. "Bulletproof Cupid" est l'introduction instrumentale rock parfaite, "The bitter end" est un tube d'une énergie incroyable. Placebo se lance dans l'électro après la timide tentative de Black Market Music" sur des titres comme "Something rotten",  ou "English summer rain" à la bonne basse qui groove. On retrouve une bonne pop bien rythmée avec "This picture" ou le très beau "Special needs", un rock énervé sur "Plasticine" ou "Second Sight" et les chansons calmes traditionnelles telles "I'll be yours" et "Sleeping with ghosts" peut etre un peu moins réussie. L'album s'achève sur deux chansons donnant la cher de poule, "Protect me from what i want" au titre explicite, suivie de  "Centerfolds"  et son piano, d'une grande intensitée et qui prouve à elle seule le talent indéniable de composition de Brian Molko. "Sleeping with ghosts", album proposant des chansons très variées et excellentes, étonne par sa maturité et son originalité à mille lieu des apparitions médiatique de son principal concepteur. Et sa deuxième version brouille encore les pistes, ce beau CD étant acompagné d'un disque de reprises inutiles, car sans la moindre once d'originalité, de vulgaires copies de titres en plus très connus. Alors pour le prochain album, Placebo saura il une nouvelle fois nous étonner ou aura il sombré dans le star system commercial?

 

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