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Blinking Lights (and other revelations)
1 avril 2006

MOGWAI

Un peintre décida un jour non plus de représenter les choses mais de les suggérer. Chaque contemplateur (pourvu qu'il ai l'esprit assez large) pouvait ainsi laisser parler ses émotions et se faire son idée sur ce que l'artiste avait cherché à exprimer. N'y connaissant rien en peinture, je ne sais pas qui fut à l'origine de l'art moderne, mais si l'on transpose l'histoire à la musique, les fondateurs s'appellent MOGWAI. Mélangeant l'inspiration de CAN, le talent bruitiste de SONIC YOUTH et les mélodies de la pop moderne, et s'affranchissant des paroles pour peindre de longues fresques musicales intenses, ce groupe démarra ce qu'on appelle actuellement "post rock", étiquette banale pour une musique à l'évantail si large rejoignant dans sa beauté et sa construction la musique dite classique.

 

 

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Tels des alchimistes du son, les cinq membres du groupe travaillent leurs instruments pour distiller un concentré de pure émotion. Premières ébauches sur "Ten Rapids", où l'on retiendra le gros son saturé d'une guitare cassant la mélodie enfantine au xylophone sur "Summer", la voix chuchotante décrivant la bataille "entre les anges et les aliens" qui se déroule dans un déluge de percussions, les accélérations d'"Ithica 27 O 9", et la douceur d'"Hélicon 1".

 

 

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C'est sur l'album suivant, "Young Team", que le groupe déploie avec le plus d'inventivité son génie. Qui écoute "Yes! i am a long way from home" ou "Katrien" verra un ciel d'été se couvrir brusquement de noirs nuages et l'orage éclater avec violence, alors que "With portfolio" évoque un bourdonnement d'abeille mutant progressivement en Airbus A380. A l'intensité croissante de "Katrien" succède les quelques notes de piano de "Radar Maker" et la poésie de "Tracy", tandis que le chanteur d'ARAB STRAP prete sa voix déprimante pour "R U still into it". La formule MOGWAI prend particulièrement sur l'épique "Like Herod": riffs de basse lourde, arpèges délicats de guitare, batterie très présente alternent accélérations, pauses, reprises, explosions dans un spectacle de 12 mn où l'auditeur ne s'ennuie jamais. L'album, se terminant par les 16 mn rythmées d'un "Mogwai fear satan" oscillant entre flute et larsens, est si novateur que tous le monde s'est battu pour proposer ses remixes (disponibles sur un double CD), à commencer par le leader de MY BLOODY VALENTINE, pionniers incompris par le public mais très influants chez les rockers modernes.

 

 

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L'album suivant, "Come on die Young", persiste sur cette difficile route, avec "Year 2000 non-compliant cardia" ou "Kappa", remet une couche de bruits sur "Chocky" et rajoute un aspect mélancolique sur les chansons centrales, plus calmes, comme appaisées. Entre le discours passionné d'Iggy Pop sur fond d'arpèges ("Punk Rock:") et les notes de trompette finales, MOGWAI aura présenté un titre chanté mélodique ("Cody") et 4 pistes de plus de 8 mn, dont le très caractéristique et extraordinaire "Christmas steps", escalier sonore pris dans les deux sens, et "Ex-Cowboy" soulignant l'aptitude du groupe à confier la mélodie et l'expression au batteur, ce qui est rarement entendu dans les autres formations rock. Les "superheroes du BMX" regroupent ensuite un ensemble de chansons inédites sur EP+6 qui loin d'etre anecdotique, propose au contraire des titres parmi les plus poignants du groupe, entre autres "Rage:Man" et "Small Children in the Background" qui prend encore aux tripes à la centième écoute.

 

 

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Habitués à des albums somptueux, nous voilà un peu décus lorsque MOGWAI sort un album qui n'est "que" bon. C'est le cas du trop court "Rock Action", qui entre titres chantés et expérimentations sonores ne tient que sur deux titres (mais si réussis qu'ils justifient l'achat), l'ambiance diabolique de "You don't know Jesus" et les divins arpèges de "2 Rights make 1 Wrong".  Imperceptiblement, MOGWAI s'éloigne du format des débuts sur  "Happy songs for happy people", où on doit attendre le 6eme titre pour que ca pète vraiment. Les écossais explorent de nouvelles ambiances sonores (sons des guitares de "Boring machines disturbs sleep" ou "Stop coming to my house") et ajoutent intelligemment des claviers et des cordes (piano de "I know you are but what am i?") qui confèrent une ambiance particulière à cet album très calme mais toujours plaisant grace à leur sens de la mélodie et au jeu tout en nuances du batteur. Les meilleurs morceaux sont "Kids will be skeletons" exprimant à merveille la nostalgie contenue dans son titre, et "Ratts of the capital" où l'on retrouve avec plaisir l'ambiance des anciens albums.  Familier de live pirates hallucinants, je tombais de haut à l'écoute de "Government commissions", patchwork de titres de toute époque enregistrés à la BBC, et tous semblables aux originaux, excepté un "Like Herod" de 18 mn laissant entrevoir les possibilités du groupe sur scène, que je n'ai pu vérifier de visu étant donné que ces cons s'obstinent à choisir à chaque tournée des dates et des lieux impossibles pour moi (pour la prochaine, ils passent partout, meme à Clermont Ferrand, sauf à Lyon!).

 

 

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Mais trève d'amertume, voici enfin "Mr Beast", dernière production de nos cinq allumés. Et la bete est plutot calme, MOGWAI a poursuivi sa mutation du précédent album. Le groupe a clairement privilégié la pose progressive d'une ambiance sur les explosions ou accélérations du début.  On commence calmement au piano sur "Auto rock"  avant de sentir tout doucement les instruments s'imposer et l'intensité du titre se révéler (meme schéma sur "Emergency trap"). Le piano est d'ailleur utilisé sur une majorité des titres, soit avec du chant ("Acid food"), soit en complément de lentes mélodies ("Team handed", "I chose horses"). MOGWAI nous offre tout de meme de bons moments de violence maitrisée, sur "Glasgow Mega-snake" ou "Folk death 95", titres à retenir de l'album avec "Friend of the night", chanson plus complexe qui fait un excellent single. Hé oui, nous sommes ici en présence d'un album au format traditionnel, 10 titres durant entre 3 et 5mn, donc de la possibilité d'écouter le premier simple de MOGWAI (on ne comptera pas "My father my King", unique et terrible chanson de 20 mn de l'album du meme nom). "Mr Beast" est à écouter au calme, les yeux fermés, les images cérébrales et les reves viendront  illustrer ces belles compositions, meme si les instants ou une vague d'émotion nous submerge se font plus rare depuis quelques albums. MOGWAI nous laissera repartir sur "We're no here", aux belles envolées guitaristiques dans leur plus pure tradition explosive, rassurés quand à l'avenir de ce groupe déjà légendaire.

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Commentaires
B
Salut. Étant en train d’écouter Ten Rapids chopé à la BM de Lyon je me dis que c’est plus accrocheur que les autres albums que je connais. Je n’avais pas la chronologie en tête, je savais juste que c’est une compilation.<br /> <br /> Je crois que je vais aller les voir à la salle Pleyel à Paris pour rattraper le coup des nuits de Fourviere.
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