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Blinking Lights (and other revelations)
23 avril 2015

Fameux premiers albums: ARCADE FIRE - CLAP YOUR HANDS SAY YEAH - HUSHPUPPIES

firstalbums

 

Pour continuer la série de découvertes conseillées par mes consultants musicaux, après la discographie de Jack the Ripper, voici trois premiers albums qui prouvent qu’il y a encore de la créativité et du bon son de nos jours.

Tout d’abord, le groupe rock du moment, à l’affiche de tous les festivals estivaux 2007 de France et de Navarre, j’ai nommé le collectif canadien Arcade Fire. Sur une suggestion de Damien, guitariste aux goûts aussi éclectiques que surs,  je me procurais Funeral, premier opus du groupe, alors même que son suivant Neon Bible envahissait les têtes de gondoles des disquaires. Dès le premier titre je su que j’aurai pu sans son aide passer à coté d’une perle par pur esprit anti mode qui me fit bouder à leur époque Nirvana, Breeders ou plus récemment comme on le verra Claps your hands say yeah. On attaque par « Neighborhood # 1 (Tunnels) », LE titre que les Pixies ne peuvent plus écrire, et se retrouver dans l’ambiance des lutins par surprise alors qu’on l’a cherchée en vain sur de nombreux albums, c’est magique. On découvre la voix haut perchée et énergique du leader Win Butler, tempérée ou concurrencée par celle de Régine Chassagne, un couple vocal très expressif qui est l’une des marques significatives d’Arcade Fire. Une autre est la capacité de placer des ponts calmes au milieu de chansons très rythmées (que ce soit au violon ou avec l’un des multiples instruments « classiques » utilisés sur l’album) et de faire l’inverse en accélérant par endroit des titres plutôt lyriques (le final de « Crown of love » par exemple). Si on retrouve le son Pixies dans les petits solos de « Une année sans lumière », on pense aussi beaucoup à David Bowie (qui s’est d’ailleurs très tôt penché sur le phénomène), notamment sur « Neighborhood # 3 (Power out) », plage dansante agrémentée par un bon riff de guitare. Arcade Fire possède le talent d’associer des musiques joyeuses et entraînantes, comme l’excellent « Rebellion (Lies) », à des paroles pas toujours dans ce registre (Le nom de l’album le suggère, tout comme le très beau livret du CD en forme de document funéraire qui livre quelques explications sur l’origine du groupe et de l’album). « Haiti », interprétée dans un mélange de français et d’anglais, a beau être construite sur un rythme balancé, elle n’en évoque pas moins les problèmes politiques de ce pays  (de même que dans notre imaginaire la beauté d’une ile tropicale peut nous faire oublier les dures conditions de vie sur place). Les Rita Mitsouko ne sont pas loin, eux qui chantaient gaiement un p’tit train cachant pourtant une réalité tragique. (« Mes cousins jamais nés hantent les nuits de Duvalier. Haiti, never free, n’aie pas peur de sonner l’alarme. Tes enfants sont partis, in those days their blood was still warm »).  Pour bien marquer ce paradoxe, cet album qui donne la patate se termine sur le triste « In the backseat », au doux chant féminin contrastant avec le reste d’un Funeral qui doit vraiment être terrible à entendre en live. Malheureusement il semble après une écoute rapide que ce ne soit pas le cas de Neon Bible. Je verrai probablement ça  au Paleo festival de Nyon. Le même jour, j’aurai l’occasion de découvrir un autre groupe ayant sorti un premier album prometteur, Clap Your Hands say yeah.

Très au fait des nouvelles tendances, frère Benoît me refila cet album éponyme quelque temps après son passage en boucle au Gibert Joseph de Lyon. Si le fantôme du Velvet Underground est venu hanter de nombreux disques depuis 40 ans, il a rarement été aussi visible que sur celui-ci, avec la voix oscillante très particulière de Alec Ounsworth et la basse bien en avant qu’on retrouve sur « Let the cool goddess rust away » ou « Details of the war ». Loin de se contenter de cette unique influence, Clap your hands say yeah a aussi convié les esprits de la cold wave (« Over and over again »), certains titres, peut être à cause des claviers, faisant inévitablement penser aux bons singles de the Cure (« In this home on ice » ou « upon this tidal wave of young blood » par exemple). Malgré tout, Clap your hands say yeah réussi à se forger un style propre (magistralement exposé sur « Gimmie some salt »), tout en variant les rythmes et les formats ce qui est toute la difficulté d’un jeune groupe et qui fait son succès en cas de réussite, comme c’est le cas sur cet album. La première chanson fort déstabilisante, nous projette dans un cirque où un Mr Loyal introduirait ses créatures, en l’occurrence douze titres monstrueux, « the skin of my yellow country teeth », excellent rock remuant, « Heavy metal », plus dans un registre indé à la Yo la tengo, et l’instrumental « Blue turning gray » aux délicats  arpèges s’ajoutant aux références déjà citées.

Clap your hands say yeah est un album au format idéal, une promesse telle que Bloc Party en avait faite sur Silent Alarm, avec qui il possède quelques  points communs. Espérons seulement que les Américains, ne se laissent pas déborder par l’enjeu du deuxième album comme ont pu l’être les anglais.

Et enfin pour faire bonne mesure, voici un groupe français découvert aux eurockéennes l’année dernière sur les conseils de Seb (encore lui…) qui les connaît un peu. On retrouve l’énergie du live sur The Trap, premier album des Hushpuppies. On sent d’emblée que ce groupe a forgé ses armes dans des concerts un peu partout avant de sortir ce disque, à l’inverse de certains combos à la mode sortis du chapeau au bon moment commercial. Les cinq gars maîtrisent en effet parfaitement leur sujet, sur des rocks très énergiques pas toujours évidents à négocier. « Marthelot ‘n’ clavencine » est un bon exemple des transitions bien carrées que les Hushpuppies sont capables d’exécuter, le calme et la tempête alternant d’une manière à la fois naturelle et surprenante. Ils évitent cependant les fioritures et savent faire preuve de simplicité pour des titres d’une efficacité redoutable, notamment grâce à des refrains accrocheurs très bien trouvés (« You’re gonna say yeah ! », le bien nommé « Single »).  Quel que soit le thème abordé, on sent une certaine nonchalance dans le propos, une façon de ne pas se prendre au sérieux (ou de se prendre faussement au sérieux) bien mise en scène sur la pochette, illustration de leur chanson « Alice in Wonderland ». C’est d’ailleurs sur ce titre qu’on les entend gueuler « I feel alright », à l’instar d’un autre groupe de punks rigolos, les précurseurs Damned. La deuxième partie de l’album, introduite par la ballade « Comptine », est plus calme, et fait appel à de belles secondes voix. « Bassautobahn » est ainsi rendue plus lugubre et se rapproche des compos d’Elista. Hushpuppies choisissent de finir leur album bizarrement : encadrant « the Trap », chanson piège dans laquelle je vous laisse tomber, on trouve en effet leur deux seuls titres empreints de nostalgie. Variation tout à l’honneur du groupe, mais ne collant pas vraiment à leur style, et placée en fin comme faute d’un meilleur endroit. On retiendra en outre l'équilibre peu commun des instruments: contrairement à de très nombreux albums rock, la basse ne fait pas ici de figuration, et le clavier n'est pas là que pour faire joli, chacun des membres du groupe s'exprimant au moment opportun : voici un premier disque vraiment sympa, et qui ne se prend pas la tête malgré ses indéniables qualités, autant dire une rareté à l’heure actuelle…

 

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