Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Blinking Lights (and other revelations)
15 mai 2015

Shannon WRIGHT - 18 Octobre 2009 - Epicerie Moderne - Feyzin

1256039427

 

D’habitude, lorsque je vais voir un artiste dont je ne connais que partiellement la discographie, j’aime bien me préparer et arriver à la date fatidique fin prêt, tel l’étudiant pratiquant assidûment le bachotage de dernière semaine que j’étais. Seulement là, faute de temps et d’internet, pas possible ! C’est donc avec les lointaines écoutes que j’avais accordé à Over the Sun et Perishable Goods, ainsi qu’avec ma maîtrise plus complète de son album en duo avec Yann Tiersen, que je m’apprêtais à rencontrer Shannon Wright sur la scène de la fameuse Epicerie Moderne de Feyzin. J’avais quand même exigé de Yosemite qu’il me grava le dernier album de l’américaine, Honeybee Girls, ce qu’il fit de bonne grâce même s’il refusa de m’accompagner, sous prétexte que « les gonzesses qui chantent c’est tout pourri, elles sont bien mieux dans une cuisine que derrière un micro ! ». Hé bien cher Yosemite, permet moi de te dire que ta théorie, bien que séduisante, fut fort mise à mal dimanche soir…

C’est donc avec le seul Damien que je prenais la route, et nous discutions bien sur d’Honeybee Girls. Le relatif apaisement de cet album, symbolisé par le morceau introductif « Tall Countryside », que je trouve magnifique (1), m’a plutôt séduit, alors que Damien regrettait un peu la tension qui se dégageait de ses précédents opus (il faut dire que j’ai assez de tension dans ma vie comme ça en ce moment). Après la mauvaise bière de rigueur, nous nous dirigeons vers la salle de l’Epicerie pour écouter la première partie, un duo de lyonnaises nommé Slashers. La batteuse qui vient s’installer légèrement de profil au centre de la scène est assez mignonne, avec sa queue de cheval et sa mince silhouette on la verrait bien sur un podium faire des défilés, et je m’interroge sur ce qui pousse une telle demoiselle à cogner comme une malade sur des fûts tout en hurlant dans un micro. Puis je m’interroge sur l’étrange fascination qu’exercent sur moi ce genre de tatouées en lieu et place des filles de magazine de mon camarade Yosemite, par exemple… Enfin, je ne m’interroge pas trop longtemps, parce que la blonde guitariste en costume chic, plus effacée que sa copine, vient de brancher sa gibson. Un énorme mur de gros son larsenné tombe sur la fosse, et la vague Slashers se déclanche. C’est une sorte de post rock dont on aurait enlevé toutes les parties mélodiques et calmes. La chanteuse utilise des boucles pour superposer de lourds riffs de guitare, et à une occasion de violon électrique, tout en esquissant parfois un chant de Courtney Love timide, tandis que la batteuse martyrise avec talent sa batterie en beuglant de temps en temps une seconde voix, le tout sur un fond impressionnant d’images de vieux films d’épouvante répétées au ralenti, ce qui participe efficacement à l’ambiance oppressante du set. Si l’ensemble est parfois un peu bourrin, et que j’ai trouvé le temps long sur un titre plus lent, j’ai passé un bon moment avec ce concert (probablement un des premiers du duo semblant assez impressionné). Entre Slashers et Vale Poher (vues en première partie de notre Shannon Wright nationale, Laetitia Sheriff), les Rrriot Girrrls de Lyon en imposent…. Damien est plutôt de mon avis, alors que La Buze, qui doit avoir fait son nid dans l’Epicerie avec ses buzardes puisqu’à chaque fois que j’y vais, ben ils y sont aussi, bref La Buze a été saoulé par ce déluge de décibels.

A peine le temps d’échanger sur la tornade qui vient de s’achever, qu’une autre est annoncée. Enfin, moi, je me suis fait avoir, tout comme lors de ma première écoute du Over the Sun. Je m’attendais à un ciel menaçant et à quelques éclairs, et j’ai pris Shannon Wright en pleine gueule.  Accompagnée de trois barbus (basse batterie claviers), c’est une furie qui empoigne sa guitare électrique, ne cessant de gigoter telle une pile électrique tout en chantant et en exécutant de rapides arpèges (une maîtrise technique assez impressionnante) que pour les deux passages où elle se planquera derrière son piano. Déjà on sent, à la manière qu’elle a d’exécuter (je dirai même expédier) en intro les deux premiers titres d’Honeybee Girls, que tout va aller plus vite, et plus fort, que sur disque (je suis quand même ravi de reconnaître ces deux très bons morceaux). Shannon Wright rentre progressivement dans son concert, s’accorde une pause au piano sur « Defy this Love » et « Hinterland » avant d’attaquer la grosse partie du set à grands coups de guitare saturée. Pas étonnant qu’on ait droit principalement à ce moment à des extraits d’Over the Sun, dont un redoutable enchaînement « Black little Stray » / « With Closed Eyes », interprétés avec toutes les techniques des bons groupes de scène, comme le fameux pause-redémarrage qui vient exploser comme autant de bombes dans la salle. Je crois reconnaître en ces morceaux « Embers in your Eyes », mais celui-ci n’a pas été joué et c’est probablement un souvenir de mes écoutes d’Over the Sun qui a rejaillit lors de cet intense moment. Le groupe quitte la scène après un ultime extrait de cet album (« You’ll be the death »). Shannon Wright n’a prononcé que deux « thank you » de la soirée, mais ce mutisme est très largement compensé par le cœur et la conviction qu’elle met dans son concert. Son visage déformé par une supposée douleur, elle hurle sa peine, arrosant les premiers rangs de postillons rageurs, puis se tord sur scène en faisant voler ses longs cheveux au rythme de ses doigts attaquant des cordes légèrement saturées sans le moindre raté. La chanteuse a un petit salut pour nous lorsqu’elle rejoint seule la scène et qu’elle s’assied au piano, enchaînant trois magnifiques compositions, dont je reconnais la centrale « Ways to Make you see » composée avec Yann Tiersen. On ne peut s’empêcher de rapprocher les deux artistes, notamment en se remémorant la surprenante tournée 2006 du français qui avait écoeuré une partie de son public Amélipoulien à grand coups de guitare punk. Le groupe reparaît pour un curieux morceau quasi Trip Hop (on pense à Portishead) intitulé « Father », pas mauvais mais un peu décalé, puis Shannon Wright reste seule avec sa guitare et nous assène un dernier titre (peut être « Don’t You doubt me » ?) en le prolongeant avec colère, cette fois plus questions d’arpèges, c’est Pete Townshend qui la possède, elle défie son ampli, lui faisant face et répliquant à ses vagues sonores par autant de coups portées sur sa Fender. Elle nous quitte alors sous les acclamations d’un public relativement nombreux (salle en configuration petite, mais pleine) et surtout assez connaisseur, puisque certains morceaux ont été acclamés dès l’intro. Je file vers l’avant de la scène pour voir la setlist qu’une demoiselle bienveillante me laisse photographier, puis rejoint mes collègues. Chacun a apprécié le concert, Damien chipote un peu mais c’est parce qu’il l’avait déjà vue au Printemps de Bourges…. D’ailleurs, chacun fait une petite emplette, La Buze optant pour le dernier CD et Damien craquant pour un T-Shirt orné de sa pochette (sûrement pour son concours avec Yosemite). J’avais déjà prévu de prendre le vinyle d’Honeybee Girls, que je trouve décidément très bon, et devant un prix attractif je récupère aussi le Let in the Light, sur les bons conseils de Damien qui le trouve extraordinaire (2). Et repars vers ma semaine déprimante, encore sous le charme de cette soirée. Quand je pense aux dons de musicienne de ma femme, et qu’elle ne fait même pas de rock (3)….

 

Setlist : Tall Countryside – Trumpets on New Year’s Eve – Plea – Black Rain – Defy this Love – Hinterland – Quilt ? – Less than a Moment – Black little Stray – With Closed Eyes – You’ll be the Death / Louise – Ways to Make you See – Avalanche / Father – Don’t you doubt me ?

 

(1) au passage, Yosemite, tu me diras comment tu peux apprécier Lisa Germano sans aimer ce titre….

(2) très bon album que j’ai écouté depuis, et que j’ai trouvé presque encore plus apaisé que le dernier (il porte bien son titre). Du coup je ne comprends pas trop les remarques de Damien, va falloir que je le questionne…

(3) évitons le sujet de la cuisine…

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Publicité