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Blinking Lights (and other revelations)
26 juin 2015

PINBACK - Lundi 21 Novembre 2011 - Epicerie Moderne - FEYZIN

 

Pinback_14

 

Parmi les groupes conseillés par mes camarades d'Hello Darkness, Pinback est sans doute ma plus belle découverte. Savourant par avance la chance de pouvoir profiter d'un de leur rare passage en France, toujours grâce à l'excellente Epicerie Moderne (un des derniers bastions d'une scène rock Lyonnaise de plus en plus affaiblie), je révisais assidument leur discographie avant le concert. De quoi réaliser qu'en quatre disques, Pinback n'a sorti aucun mauvais morceau (qui peut en dire autant ?), même si chacun aura son classement préférentiel (pour ma part, le meilleur album est le 3eme, Summer in Abaddon). Une œuvre cohérente, et une manière de composer unique et assez mystérieuse : alors que le guitariste fait beaucoup d'arpèges, et donc qu'il y a pas mal de mélodies dans les titres, ceux-ci sont quand même essentiellement rythmiques. Placé à un mètre du groupe pendant le concert, j'en apprendrai pas mal sur les secrets de fabrication de Pinback....


Mais avant cela, je fais le taxi pour Damien et Yosemite, ainsi que pour Colin (7 ans), devenu fan de Pinback à force d'entendre leurs disque tourner en boucle à la maison depuis la sortie du premier album (This is a Pinback CD) en 1999. Le concert est une surprise de son papa, et nous gardons le secret jusqu'au moment de pénétrer dans la salle pour assister à la première partie. Une seule rangée de sièges, et une configuration étonnante : les instruments sont installés sur un tapis devant la scène, dans la fosse, resserrant l'ensemble d'un public assez restreint à proximité intense du groupe.

 

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Pour l'instant il ne s'agit pas de groupe mais d'un performer surnommé JP Incorporated qui balance sur écran géant une parodie du pire de la télé américaine. Grimé en présentateur ringard, avec barbe et cheveux grisonnants postiches, il enchaine des chansons délirantes, des sketches et des danses ridicules sur des sujets improbables caricaturant l'American Way of Life. Au menu « Daddy Gymnastic », « No Prob Limo » (1), « Bouillon de légume au Vermicelle », la « Steve Association » ou « Crap Factory » (l'usine à merde), une charge contre les groupes de hard rock de stade, avec présentation hilarante de chaque musicien. Mention spéciale au « Jazzbot Xtreme», gros délire sur une voiture géante tunnée avec des saxophones crachant des flammes. Si l'ensemble des textes était heureusement traduit, on sent bien qu'une partie du spectacle nous échappe, n'étant pas Américains (ce que me confirmera plus tard le sympathique JP, vendeur officiel des disques de Pinback), et le public un peu interloqué encouragera l'artiste plus par gentillesse que par réelle adhésion. Une première partie très bizarre, mais d'autant plus plaisante qu'elle ne s'éternisa pas.

 

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Damien et Yosemite ont chacun trouvé des connaissances, mais je n'aperçois aucun blogueur à l'horizon avec qui discuter (je ne croiserai brièvement dragibus qu'à la sortie du concert). Du coup l'attente est un peu longuette, Rob Crow qui roupillait contre un mur derrière la sono pendant le JP Show a disparu et il se laisse désirer (il doit être en train de vider des canettes pour se donner du courage). Le matériel est minimal, sur le tapis en demi cercle sont disposés au centre une batterie restreinte, à gauche un clavier et une basse, à droite une vieille Gibson rafistolée ainsi que quelques petits amplis et pas mal de pédales d'effets à quelques centimètres des pieds des premiers spectateurs. Pinback est initialement un duo mais ils évoluent selon des line up variés sur scène. Ce soir ils sont trois à enfin se présenter devant nous : Rob Crow (chant et guitare), gros bonhomme barbu et alcoolisé tout de noir vêtu dont la silhouette et le look crado contrastent avec sa voix magnifique ; Armistead Burwell Smith IV (basse, claviers et chant), look classique sur physique baraqué de séducteur italien ; Chris Prescott (batterie et gestion de l'ordinateur), grand barbu grungy venu en soutient du duo original précédemment présenté.

 

 

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Le concert démarre sur l'introduction au clavier de « Tres », et je suis plongé d'emblée dans la musique intense de Pinback. Les deux voix se mélangent de manière optimale pour le morceau le plus calme joué ce soir : c'est très beau. Le reste de la soirée sera exceptionnel.
Chris Prescott corrobore brillamment ma théorie selon laquelle un batteur n'a besoin essentiellement que d'une caisse claire, un charley et une grosse caisse pour assurer sa partie. ABS4 aurait largement eu sa place dans ma sélection des meilleurs bassistes si je l'eusse découvert plus tôt. Son jeu est extrêmement original, le plus souvent en accords, parfois en arpèges, mais en tout cas rarement comme un bassiste traditionnel. En l'observant je comprends un peu mieux le style si particulier des compositions de Pinback. C'est frappant sur « Loro », où la basse joue le gros du titre à la manière d'une guitare, alors que la guitare place des notes comme une basse (effet amplifiée par les sons utilisés). Rob Crow a beau s'enfiler bière sur bière, il assure ses arpèges complexes sans faute et assène avec conviction des accords saturés pour les parties les plus violentes. L'adjectif n'est pas usurpé, les morceaux sont interprétés de manière beaucoup plus intense que sur disque, et cela se ressent encore plus sur le chant. Avec des pistes de voix aussi travaillées, le chant sur disque possède obligatoirement un coté « lisse », qui disparait totalement en concert sans que la justesse ne soit touchée. Plus le concert avance, plus ca gueule dans les micros et ca sature dans les amplis, donnant parfois un coté grunge groovy aux titres (2) (aspect qu'on entend principalement sur Autumn of the Seraphs, dernier album de Pinback). Hyper carrée, impressionnante, impeccable, voilà pour l'interprétation.

 

 

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Pour la setlist, elle ne pouvait qu'être bonne vu la base de titres du groupe, elle fut tout simplement géniale avec une sélection de morceaux parfaite. Deuxième quart du concert, Pinback aligne coup sur coup mes trois morceaux favoris, « Non Photo-Blue », « Syracuse » et « Penelope ». Sur une « Syracuse » explosive (meilleur moment du concert pour moi), ABS4 casse une corde de sa basse, ce que je n'avais encore jamais vu (3). Il est toujours dangereux de voir que tous les morceaux qu'on attendait ont été joués en début de concert. Je n'ai eu à aucun moment l'occasion de le regretter. Il suffit de dire que juste après suivirent « Good to Sea », illustré sur l'écran par un faux clip très drôle où deux gars (dont JP) déguisés en Pinback miment la chanson, et « Loro » et son chant magnifique pour voir que je n'étais qu'au début de mon bonheur. Car Pinback, non content de choisir de bons morceaux, a aussi très bien construit sa setlist. Commencé relativement dans le calme, le concert va linéairement s'intensifier, presque sans qu'on s'en aperçoive, pour finir sur les extraits les plus virulents du duo Californien, tels que « B », « Prog » ou « From Nothing to Nowhere » qui terminera le concert dans une apothéose de décibels. Pas de quoi remuer un public lyonnais malheureusement bien statique, comme à son habitude. Ce qui semblera frustrer un Rob Crow échaudé par la bière qui marmonnera I do what i can avant de péter un câble sur « Fortress », en milieu de concert. Après avoir bu cul sec une canette de bière, il saute sur la scène de l'Epicerie et la parcours en rebondissant sur son ventre imposant à la manière d'un morse, avant de bondir dans la fosse et d'organiser un pogo au milieu de spectateurs amusés mais peu enclins à répondre à la provocation. J'ai vraiment senti une frustration dans cette réaction disproportionnée, peut être due aussi à des problèmes techniques récurrents (4) (mais pas audible pour le spectateur) et à une pudeur naturelle peu compatible avec le statut de leader du groupe. Il y gagnera la destruction de son oreillette de retour, suivie d'une scène mémorable de tentative de réparation avec ABS4.

 

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Le groupe se fait attendre pour le rappel. Nous sommes quelques uns à relancer les troupes pour continuer sans relâche les applaudissements et les cris, j'ai le pressentiment qu'une baisse de motivation du public pourrait laisser le concert s'achever sur ce «From nothing to Nowhere ». Lorsque Pinback revient enfin c'est sans Rob Crow, il faudra attendre encore un moment pour le voir apparaitre, une nouvelle bière à la main. Il demande à son bassiste s'il se sent d'interpréter la chanson à laquelle il pense, ce à quoi il essuie un refus poli mais ferme. Avec le recul, je suis presque sur qu'il s'agissait de nous faire un clin d'œil en jouant « Lyon ». Mais on n'y perd pas au change, puisque le rappel sera constitué de deux excellents titres de mon cher Summer in Abaddon. Lancé à pleine vitesse par le batteur, « AFK », qui clôture cet album, sera de même la magnifique conclusion à un concert qui, pour une fois, aura fait l'unanimité.

 

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Setlist: Tres - Bloods on Fire - Boquet - Torch - Non Photo Blue - Syracuse - (How we Breath) ? (5) - Penelope - Good to Sea - Loro - Your Sickness - Sherman - Fortress - Boo - Walters - B - Devil you know - Prog - From Nothing to Nowhere // Sender - AFK


(1) le hasard voulu qu'en rentrant chez moi, je tombais sur une émission intitulée « les dragueurs d'Ibiza », où un gars louait une limousine pour tomber des pouffes. Et de me rendre compte que le pitoyable blaireau était bien pire que la caricature faite par JP des clients de No Prob Limo....


(2) Cela m'a évoqué à quelques moments Jane's Addiction, sans savoir si cette comparaison est vraiment pertinente.


(3) Sauf à la première répète de mon premier groupe....


(4) Notamment la vidéo tombée en rade. This is Blue Screen Life, lancera joliment (en référence au deuxième album du groupe) un spectateur à un Rob Crow tout déçu.


(5) « How we Breath » est initialement prévue sur la setlist entre « Good to Sea » et « Loro », mais d'après les commentaires des précédents concerts en Italie, elle n'est jamais jouée. Cependant ce soir, pendant que ASB4 changeait sa corde de basse après « Syracuse », Rob Crow et Chris Prescott ont joué un petit titre calme en duo que je pense être le début de « How we Breath ».

 

 

 

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