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Mince, j’ai déjà grillé l’anecdote savoureuse sur cet album pour la chronique du 666 667 Club, en épisode #036. J’y expliquais que si ma découverte de Noir Désir se fit lors d’une écoute mouvementée de ce Dies Irae, je ne raccrochais vraiment au groupe que par ses deux albums suivants. Comme souvent, la parution du premier live de Noir Désir intervient à un moment charnière, conclusion en forme de best of d’une époque bien rock qui aura vu les Bordelais passer rapidement de l’ombre à une lumière éclatante. Pas le sommet d’une carrière, (la suite sera juste … différente), mais sans doute celui du rock français. Quiconque en doute se doit d’écouter Dies Irae qui, en 22 titres, ne relâche jamais la pression. La setlist commence par « La Rage », et il n’y a là nulle esbroufe, l’heure et demi qui suit est là pour le prouver. « Here it comes slowly », en anglais ou en français Noir Désir rivalise avec la crème du rock alternatif international. Les Pixies ? pan, « What i Need ». Et bien sur des reprises risquées, mais sublimées haut la main. Il peut y avoir du groove, mais jamais sans tension (« One Trip One Noise »). Le tempo peut ralentir, mais jamais sans tension non plus (exceptionnel « Oublié »), ou alors dans une pesanteur moite (« Le Fleuve »). Quasiment tout est expéditif, sans fioritures, le groupe est parfait, avec mention spéciale à Serge Teyssot-Gay, dont la guitare vient tour à tour exploser les contours de chansons malsaines ou balancer incessamment des riffs inoubliables, dont celui de « Tostaky » évidemment. Ca vire punk, qui peut résister à l’aller-retour « La Chaleur » / « A l’arrière des Taxis », qui a fait mieux depuis ? « Marlène » n’est en aucun cas une respiration, Cantat n’exprime alors sa violence que sur scène, et c’est pour ça qu’on l’aime. Et pour ses textes aussi, bien sûr. Le rappel et, alors seulement, quelques changements. « Lolita nie en bloc », c’est presque apaisé, calme, mais la guitare vient encore en saturation folle bousculer la quiétude et révéler l’envers du décor. Et en conclusion, Noir Désir s’autorise enfin à prolonger un titre, sans doute pour faire durer le plaisir, pour tout donner jusqu’au dernier larsen. C’est « En route pour la joie ». S’ils savaient.