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Blinking Lights (and other revelations)
13 avril 2021

# 140 / 221

140

 

 

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On l’a vu épisode précédent, à l’été 2001, le Xavier nouveau avait éclot. Doté d’un permis de conduire, d’un diplôme d’ingénieur, d’une jolie copine, j’étais prêt à enfin devenir un winner après d’ultimes grandes vacances où j’emmenais une poignée de pionniers à l’estomac perpétuellement vide et au cerveau guère plus rempli trimballer leur carcasse jusqu’à un glacier Norvégien via  Copenhague et la Suède. Me voilà embauché comme consultant au siège Parisien d’Altran Technologies, trépignant de faire mes preuves lorsqu’un client me confiera une mission. Le 11 Septembre 2001, pas mal d’illusions et le marché du travail que je venais d’intégrer s’écroulent avec les Tours Jumelles. Je suis resté 7 ans chez Altran : il y aurait énormément à écrire de cette expérience, tout ce que ça a pu m’apporter comme tout ce qui était révoltant dans ces boîtes et ce capitalisme moderne si bien décrit et dénoncé par Noir Désir, mais j’ai toujours été reconnaissant du fait qu’ils ne m’aient pas viré comme ça se fit chez beaucoup de confrères à cette époque. Ils ont mis 6 mois (parmi les plus durs de ma vie) pour me trouver du boulot. Le 11 Septembre 2001, c’est aussi la date de sortie de ce qui sera le dernier album de Noir Désir, Des Visages des Figures, qui est resté mon favori. Un disque marqueur d’une époque révolue, que le groupe Bordelais, Cantat en tête, avait su comme toujours parfaitement saisir : exit la fureur, place à l’impuissance face au monde qui se délite, « Le Grand Incendie », le clip terrible de « Le Vent nous portera » ou ces « Bouquets de Nerfs » qui, seuls, nous restent.

Outre cette récente sortie, j’avais emprunté le premier album de Noir Desir, Veuillez Rendre l’Ame (A qui elle appartient). On ne s’étendra pas trop sur la sélection des titres assez discutables, ni sur le fait d’avoir alterné sur mon enregistrement les morceaux des deux albums, ce qui casse complètement leur cohérence. Nous en profiterons plutôt pour juger de l’évolution du groupe, assez naturelle et loin d’être déclinante au fil de cette quinzaine d’années, ce qui est assez rare pour être souligné. Coté musiciens, rien à dire, sur le premier comme le dernier album Serge Teyssot-Gay est magistral (guitare ultra tendue de « What i Need » ou délicieux arpèges sur « des Visages des Figures »), Bertrand Cantat est un immense chanteur partant dans les aigus comme personne, et même la basse vient nous ravir par surprise sur certains titres (« Le vent nous portera »). On note d’autres points communs évidents entre les deux albums, mélangeant anglais et français, tempos lents et rapides, les gimmicks assez convenus (« Joey I et II » vs « Son Style I et II ») comme le coté mystique de certaines paroles. Ce qui frappe, c’est la qualité diverses des titres suivant l’époque. Sur  Veuillez Rendre l’Ame, c’est quand il ne se pose pas de questions que le groupe est le meilleur. Le punk parfois mâtiné de country fonctionne mieux avec la prod mal léchée, et l’urgence de titres comme « A l’arrière des Taxis » ou « les Ecorchés » est bien plus convaincante que la poésie boiteuse de « Sweet Mary » (1). Les tentatives de suivre le grand Nick Cave sur ses traces poussiéreuses ne déméritent pas, mais dans ce registre seul « Le Fleuve » reste une grande chanson. Sur Des Visages des Figures, c’est l’inverse : on ne retiendra guère les coups d’œil du groupe dans un rétroviseur agité, tels un « Lost » assez vain.  Les titres plus répétitifs aux accents electro, peut être inspirés de l’excellent album de remixes sortis en 1998 (notamment l’inoubliable « One Trip / One Noise (Treponem Pal Mix) »), sont autrement plus marquants. En sommets, « A l’envers à l’endroit » et surtout le splendide « Des Visages Des Figures » consacrent l’association  de paroles fascinantes (de celles dont on comprend l’intention plutôt que le sens, ce qui est rarissime en Français), d’un sens de la mélodie et de la compo éprouvé ainsi que d’une production idéale. La dissonance finale de « Des Visages Des Figures », comme si quelque chose ne tournait plus rond, préfigure l’expérimentation de « L’Europe », titre fleuve dont je n’avais retenu que quelques extraits. Trop long bien sûr, mais très intéressant : un indice sur ce qu’aurait pu être le futur de Noir Désir ? Nous n’en saurons rien, et le meilleur groupe de rock français disparaitra tragiquement (on ne compte pas les hoquets post Vilnius) des piédestaux,  des têtes des ventes, des festivals et de ces cassettes.

 

(1)    Dont les paroles d’ailleurs mettent sacrément mal à l’aise aujourd’hui (« She's always smiling On her golden bed Lying under ghosts and calls You can't always sleep Mary Sweet Mary »)

 

   

 

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Quoi de mieux pour conclure cette période que le groupe qui l’aura le mieux représentée pour moi, Radiohead. On a ici une petite collection de B-Sides des merveilleux maxi de la période OK Computer, mais la présence d’une version live de « Paranoid Android » qui à ma connaissance n’a jamais figuré sur un single à cette époque fait plutôt penser à une compilation « d’inédits » bootleg dont je n’aurais retenu que les titres qui n’étaient pas en ma possession (notamment l’indispensable EP Airbag/How am I Driving ? que j’avais acheté dès sa sortie en France). Au menu donc la ballade « Lull » assez classique figurant sur la version 1 du single de « No Surprises », et un enregistrement live d’ « Airbag » (l’un de mes favoris d’OK Computer) issu de la version 2. Enfin deux remixes de « Climbing up Walls » présents sur la version 2 du single « Karma Police », le premier bien Trip Hop par le duo Zero 7 qui deviendra assez connu par la suite, le deuxième carrément Dubstep par un autre duo, Fila Brazillia. Un enregistrement en bon fanatique  complétiste que j’étais, il faut dire que Radiohead le méritait amplement alors.

 

 

 

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