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Blinking Lights (and other revelations)
17 novembre 2022

ARAB STRAP - Mercredi 09 Novembre 2022 - Le Trabendo - PARIS

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Arab Strap est probablement le groupe le plus atypique que j’écoute. Il n’a, à ma connaissance, jamais été imité, ou alors ceux qui ont essayé ont lamentablement échoué (j’en suis). J’en devins dès leur découverte (en 1999 avec la chanson « Here we Go » sur la compilation Everything is Nice de Matador) un curieux fan, piochant dans leur discographie des chansons que j’adorais et délaissant les autres,  n’inscrivant que le seul Philophobia à mon panthéon personnel mais vénérant l’ambiance des chansons, les textes, le duo de musiciens incroyable, chacun dans leur partie (chant et guitare).  Evidemment je rêvais de les voir en concert, d’autant plus après l’écoute du Live Mad for Sadness (membre de la restreinte liste de mes Loved Lives) qui présentait une inédite face post rock d’un groupe renforcé ne pouvant que me séduire encore davantage. Hélas, les concerts d’Arab Strap hors du Royaume Uni furent rarissimes et je n’eus pas la moindre chance d’y aller avant leur séparation en 2006. Cette mini tournée 2022 était donc un évènement, avec un incroyable record de 4 dates françaises, toutes hyper éloignées de Lyon. N’eut été que la nostalgie, j’aurais réfléchi à deux fois à l’investissement (en temps et en argent), mais les Ecossais  revenaient avec un album à défendre, et quel album ! As Days Get Dark fut l’un de mes disques favoris de 2021, et peut être le meilleur d’Arab Strap (en tout cas un très rare exemple de come-back de vieux groupe 90’s réussi). Voilà pourquoi, alors que je l’avais déjà fait quelques jours avant pour Amyl & the Sniffers, je repartais pour un aller-retour à Paris, mais cette fois seul et en coup de vent.

 

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Parti vers 16h de Lyon, j’arrive sans encombre au Trabendo, où je m’étais déjà rendu il y a 6 ans et que je reconnais bien. Le concert n’est même pas complet à Paris dans cette salle finalement plus petite que dans mon souvenir, je comprends pourquoi Arab Strap ne daigne pas venir plus souvent  chez nous. La dernière fois c’était il y a 16 ans, ici même, comme nous le rappellera à plusieurs reprises Aidan Moffat qui ne garde pas de leur prestation un souvenir impérissable, à l’inverse des quelques chanceux spectateurs présents qui y étaient aussi à l’époque. Pour le moment, après avoir mangé un morceau et bu une bière à l’agréable terrasse du Trabendo, je me place dans une fosse très clairsemée pour attendre la première partie. J’y retrouve, sans trop de surprises, Robert Gil, ses appareils photos et son béret à pompon rouge, prêt à mitrailler Naima Bock qui s’accorde timidement sur scène. C’est une petite jeune femme affublée d’un bonnet à oreilles ridicule qui joue de la guitare folk, soutenue par 4 musiciens aux apports minimalistes. Son atout principal est une superbe voix ressemblant à celle d’Alela Diane, avec des accents plus celtiques par moment. Les premiers titres, tout en délicatesse, me plaisent bien, malgré deux insupportables têtes de cons juste à côté de moi qui se permettent de parler et rigoler pendant les chansons. Je m’écarte donc de quelques mètres au fond de la fosse mais c’est le moment où le groupe décide de faire du soft jazz barbant. Il y a du potentiel avec les compositions plus simples, notamment lorsque le groupe appuie un peu plus en mode folk rock ou qu’au contraire ils se contentent de beaux chœurs à 5 voix, mais globalement je me suis bien ennuyé.

 

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C’est le moment de choisir une place stratégique, le lieu se remplit à vue d’œil, le public étant majoritairement masculin, vieux, chauve et souvent solitaire (bref je suis pile le cœur de cible). J’opte pour le premier rang de la partie surélevée qui entoure la fosse, c’est un peu décalé à gauche mais j’aurais Malcolm Middleton en face de moi et Aidan Moffat pas loin, je le sais parce qu’ils sont en train de finir d’installer leur matériel sur scène. Il y aura aussi un bassiste et un batteur derrière Moffat, et un dernier musicien à droite qui alternera clavier pour les morceaux calmes et guitare électrique bien sauvage pour les plus énervés. Les lumières s’éteignent, et le calme se fait alors que « Long Way Around the Sea » est diffusé en intégralité dans la salle ; je ne suis pas un spécialiste, mais je reconnais immédiatement Low, le public écoute religieusement cet hommage à Mimi Parker, chanteuse à la voix si parfaite décédée il y a quelques jours d’un cancer. Une boite à rythme virulente se fait entendre un moment avant qu’Arab Strap entre sur scène et attaque « The Turning of Our Bones », excellent morceau d’ouverture de As Days Get Dark qui avait acté leur résurrection, avec un savoureux texte tout en double sens sur le sujet. Malcolm Middleton, taciturne, se planquera sur la gauche de la scène quasiment tout le concert, on sent que s’il pouvait jouer depuis le backstage il le ferait. C’est dommage car les albums live de ses prestations solos prouvent qu’il a du charisme et de l’humour, mais il semble laisser au sein d’Arab Strap l’entière responsabilité de l’animation à Aidan Moffat, qui ne s’en privera pas. Rougeaud, grassouillet et barbu (une sorte de père noël noir, quoi), Moffat déclame avec une grande conviction des textes très denses d’une voix toujours aussi grave et belle, ne s’aidant d’un pense bête (et de ses lunettes) qu’à deux occasions, tout en racontant quelques savoureuses anecdotes pour introduire les chansons. Il est aussi maitre des machines qui font une bonne part du son du groupe et rythment les titres dans un équilibre parfait avec la batterie. Les trois autres membres du groupes sont très bons aussi, on en aura rapidement la certitude avec un « Fucking Little Bastards » qui évapore à coup de décibels mes craintes d’un set assagi, le dernier album étant dans l’ensemble très posé.

 

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C’est tout l’intérêt de cette date de voir Arab Strap alterner des titres récents interprétés de manière assez semblable à leurs versions studio et des classiques pulvérisés façon post rock. Mes deux concerts parisiens illustrent d’ailleurs la différence entre énergie et puissance, la première déployée par Amyl & the Sniffers, la seconde indubitablement du coté de nos 5 écossais. Pour enfoncer le clou, c’est maintenant l’épique « Girls of Summer » et ses enchainements rock, electro, technoides et expérimentaux, très complexes mais menés de main de maitre par le groupe. Il faut dire que cette version est jouée depuis fort longtemps puisqu’elle figure sur mon cher Mad for Sadness. La setlist compense son manque de surprise, tant dans la sélection que dans l’interprétation des titres, par sa qualité. Tous les meilleurs extraits de As Days Get Dark seront joués, quant au reste des titres la plupart figurent dans mes favoris, même s’il en manque évidemment beaucoup, notamment des perles de Elephant Shoe qui sera le seul album délaissé ce soir. « Love Detective » n’est pas forcément non plus l’extrait idéal de the Red Thread, mais il est introduit de manière amusante par Moffat, tout d’abord parce qu’il annonce d’emblée n’avoir jamais été capable d’en retenir les paroles, mais aussi lorsqu’il finit par avouer que comme c’est la énième chanson de la soirée qui parle d’une ex-copine horrible, le problème devait sans doute venir de lui. Le seul morceau que je ne connaissais pas, « Blackness », ne m’a pas laissé un souvenir très marquant non plus, mais pour le reste les violents « New Birds » et « Piglet » tiennent leur promesse ainsi que « Don’t Ask me to Dance », à la fois triste et dansant, qui sera l’un de mes moments favoris du concert, « Here Comes Comus! » confirmant quant à lui son statut de classique instantané.

 

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C’est bien sûr l’inévitable premier tube « The First Big Weekend » qui conclue le set (avec pour la première fois une seconde voix apportée par Malcolm Middleton), à la satisfaction générale d’un public qui se trémousse gentiment (on n’était pas là pour pogoter, hein). Le premier morceau du rappel est une vraie bonne surprise, j’adore « I Would've Liked Me a Lot Last Night », un titre extrêmement mélancolique dont la fin sera malheureusement un peu torpillée par la seule faute technique de la soirée, à savoir le déclanchement intempestif de boucles de grelots électroniques. Deuxième surprise, un sympathique fan du premier rang a réussi à glisser un papier sur la machine de Moffat pendant la pause du rappel, avec dessus une requête que le chanteur montre à tous les membres du groupe pour avoir leur accord. « i should've knocked you », lance-t-il à notre malin spectateur, qui a choisi un morceau souvent joué par le groupe mais non prévu ce soir. Nous aurons donc droit à un « Speed-Date » bonus, excellent morceau très rock et très court qui permet de profiter une dernière fois d’Arab Strap en formation renforcée. C’est en effet en duo acoustique que la soirée se terminera calmement, un très beau « the Shy Retirer » en guise d’au revoir – à dans 16 ans, comme le dira avec autant de malice que de regrets Aidan Moffat en nous saluant.

 

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Conséquence regrettable du Brexit fustigé par le chanteur  en introduction de leur titre pro migrants « Fable of the Urban Fox », il n’y a pas de merchandising ce soir à cause des frais de douane. Mais ma quête d’une dernière bière en terrasse me permettra de saluer Malcolm Middleton qui devise tranquillement au milieu du public avec le batteur et un jeune pote. J’essaye de lui faire part de mon admiration et de lui expliquer que j’ai tenté en vain de recopier son jeu de guitare pour créer mes propres chansons, aboutissant parfois à de belles choses mais ne réussissant jamais à approcher son style. Malheureusement mon anglais est très laborieux, et comme j’ai du mal à saisir les quelques phrases qu’il me répond, avec bienveillance mais sans éloquence, je n’insiste pas trop. Je comprends juste, alors qu’il modère mon enthousiasme sur ses talents de guitariste (1) qu’il a été très gêné par le jeu de lumière ce soir, n’y voyant pas grand-chose (2). Dommage que mon fameux T-Shirt « Hello Darkness Vs Arab Strap » ai justement été en machine au moment de partir, cela aurait sans doute facilité la discussion  et donné lieu à une photo amusante. En attendant il se prête volontiers à la corvée de la pose avec fan, m’offrant un souvenir particulièrement précieux pour cette soirée déjà exceptionnelle.

 

1)      Je découvre que le duo n’est pas vraiment à l’aise avec la scène et semble se considérer comme de médiocres performers. C’est faux mais cela explique certainement en partie la rareté de leurs tournées. 

2)      Moffat avait d’ailleurs stoppé l’intro du dernier morceau pour réclamer un peu plus de visibilité pour ses parties de percussion. Cela dit, du point de vue du spectateur, les jeux de lumières étaient vraiment sympa et mettaient le concert parfaitement en valeur.

  

Setlist : The Turning of Our Bones - Fucking Little Bastards - Girls of Summer - Compersion, Pt. 1 - New Birds – Kebabylon - Here Comes Comus! – Piglet - Don't Ask Me to Dance - Love Detective – Blackness - Tears on Tour - Fable of the Urban Fox - The First Big Weekend // I Would've Liked Me a Lot Last Night - Speed-Date - The Shy Retirer

 

 

 

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