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Blinking Lights (and other revelations)
19 mai 2022

MOGWAI - Dimanche 15 Mai 2022 - Le Transbordeur - LYON

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30 Juillet 2021, Mogwai passe entre les gouttes covidiennes et est le seul groupe international à l’affiche des Nuits de Fourvière. Manque de bol, je ne rentre que le lendemain de vacances, les boules, du coup je n’hésite pas trop lorsque je vois apparaitre la session de rattrapage au Transbordeur moins d’un an après. J’en profite pour proposer à Malo de m’accompagner, en attendant que ses groupes fétiches - Metallica, Guns N Roses, Alice Cooper etc… – ne passant cette année qu’au Hellfest refassent une tournée plus accessible, et il est bien motivé. Il y a 11 ans, je voyais les Écossais avec Damien dans la grande salle pour la tournée Hardcore will Never Die, cette fois c’est au club transbo qu’ils jouent, lieu plus adapté au public relativement restreint (effet dimanche soir, date trop proche de la précédente, autres concerts intéressants au même moment ? je ne sais pas). L’avantage, c’est qu’on peut facilement atteindre le premier rang, ce qui permet à Malo d’avoir une vue insurpassable sur la scène. Nous y retrouvons Bastien, présent comme à son habitude dès l’ouverture de la salle. Le set de bdrmm, quatuor anglais assurant la première partie, est déjà largement entamé, aussi ne pourrais-je porter de jugement définitif sur leur musique, mais les quelques titres entendus confortent ma définition qui sied à 90% des groupes de shoegaze : des gens qui jouent très fort et avec beaucoup d’effets pour tenter de masquer que leurs compos sont toutes molles et insipides.

 

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Petite pause, j’ai le plaisir de croiser Christophe, venu cette fois non pas avec sa moitié mais avec un pote, qui me confirme qu’il a lui aussi couru les concerts dès la fin des restrictions, mais pas les mêmes que moi. Alors que les techniciens viennent scotcher les setlists sur la scène, donc quasiment sous mon nez, je résiste à la tentation de poser mon regard dessus mais aperçois quand même du coin de l’oeil le dernier morceau qui sera joué avant le rappel : « Like Herod », soit donc celui que j’avais le plus envie d’entendre. Une bonne nouvelle, d’autant que les surprises à forte charge émotionnelle vont pleuvoir ce soir, ce petit spoil n’était donc pas dramatique, mais n’anticipons pas. Pour l’heure, le groupe fait son entrée sur le premier titre du dernier album, le tranquille « To the Bin My Friend, Tonight We Vacate Earth ». De droite à gauche, quasiment alignés, nous avons Stuart Braithwaite, guitariste et meneur assez sérieux ce soir, puis le toujours aussi statique Dominic Aitchison tenant une basse au son incroyable, derrière un masque noir qui lui couvre quasiment tout le visage. Bien au centre, pile devant nous, l’exceptionnel Martin Bulloch à la batterie, puis Barry Burns qui restera majoritairement assis derrière son clavier, à part en fin de set où il se lèvera pour saisir une guitare sur les vieux morceaux et se révelera curieusement fébrile sur l’instrument, assurant sans faillir sa partie mais jetant régulièrement des regards inquiets à ses copains. Enfin à l’extrême gauche, un nouveau venu, le jeune Alex Mackay qui récupère la guitare autrefois tenue par John Cummings (démissionnaire depuis bien longtemps), même si pour le moment il fait face à Barry Burns sur un deuxième clavier.

 

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Premiers frissons à l’intro de l’inespéré « Yes! I Am a Long Way From Home », l’un de mes titres favoris qui ouvre le mythique Young Team, puis le récent « Ritchie Sacramento », chanté sur la pointe des pieds par Stuart Braithwaite, ramène Mogwai sur un terrain plus classique et dynamique, exercice auquel il s’adonnent à mon sens trop peu, les rares titres du genre dans leur discographie étant fort réussis. On aurait par exemple bien savouré « Party in the Dark », sur l’album précédent Every Country’s Sun, mais celui-ci sera le grand absent de la setlist, l’un des rares regrets qu’on puisse avoir tant celle-ci sera impeccable, chacun des albums étant représenté par un excellent si ce n’est son meilleur extrait. Pour Come on Die Young, le phénoménal « Ex-Cow boy », pour Rock Action, les arpèges irrésistibles de « 2 Rights Make 1Wrong » en entrée de rappel, pour Happy Song for Happy People, ne contenant quasiment que des perles, c’est le mélancolique « Killing all the Flies ». Sans compter « New Paths to Helicon, Pt. 1 », au menu depuis 25 ans, proclamée titre favori de tous les temps de votre serviteur vu qu’elle me met les poils à chaque fois, ce qui ne manqua pas d’arriver encore en ce dimanche soir. Si Rave Tapes fut sans doute le seul album de Mogwai à vraiment me décevoir à sa sortie, il contient un « Remurdered » si terrible qu’il est d’ores et déjà devenu un grand classique des setlist, et nous aurons droit à une interprétation ultra puissante qui transportera l’ensemble du public, notamment un gars à mes côtés, lui aussi batteur fan de Martin Bulloch. Le jeu de charley sur « Remurdered » symbolise assez bien ses trouvailles caractéristiques, pas forcément ultra techniques mais toujours précises et au service de la chanson. Les exemples foisonnent de ces riffs qui marquent, cette patte immédiatement reconnaissable sans trop en faire, je ne me lasserais pas pendant tout le concert de les noter avec admiration, très heureux que Malo puisse si bien en profiter aussi, faisant le compte de tout ce que mon propre jeu de batterie lui doit. Pour ne donner qu’un autre exemple, Martin Bulloch tient à lui seul tout le morceau « Midnight Fit » (1), assez fascinant ce soir sans les bizarres violonades de la version studio. Toutes les bonnes choses ont une fin, et Mogwai lance déjà un « Like Herod » qui, bien qu’écourté de moitié par rapport à l’épique version des Government Commissions, reste toujours l’un des titres de post rock les plus marquants, d’autant plus en live et à un mètre du groupe.

 

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Au moment de quitter la scène dans un tourbillon de larsens, Martin Bulloch prend bien soin de donner une baguette à Malo et une autre au jeune garçon à sa gauche, écartant les mains avides des autres spectateurs. Le groupe revient assez rapidement, en formation 3 guitares, et après le délicat « 2 Rights Make 1 Wrong », rappelle à mon bon souvenir « Ceiling Granny ». La setlist m’a fait tellement plaisir que j’en avais en effet oublié que je tenais absolument à entendre ce titre, de loin le meilleur de leur dernier album As the Love Continues, et dont l’équilibre entre mélodie et énergie, bien évidemment renforcée sur scène, constitue un final parfait à ce concert. Je fais d’ailleurs grimper Malo sur mes épaules pour délirer et profiter au maximum de ces dernières minutes. Me contentant habituellement de prendre en photo la setlist chopée par le vainqueur d’une bataille un peu pénible, j’ai cette fois bien envie de garder ce souvenir et utilise éhontément mon fiston pour la récupérer, le roadie le choisissant bien évidemment parmi les bras tendus vers lui. Alors que nous prenons un dernier verre avec Bastien, je constate avec surprise que l’ensemble du public a déserté la fosse, sans cette fois y avoir été poussé par les videurs. Remarquant qu’un simple rideau nous sépare du backstage et que Martin Bulloch est venu brièvement récupérer quelques affaires sur scène, je me dis qu’il serait facile pour lui de venir nous rejoindre 2 minutes pour une petite photo, et en fait la demande auprès d’une dame de la sécurité postée au rideau qui, un peu désarçonnée, avise un trio en grande discussion faisant probablement partie des responsables du Transbordeur. Un monsieur jovial nous demande de patienter alors qu’il va porter la demande auprès du groupe, et lorsqu’il revient c’est carrément pour nous inviter backstage à rencontrer Martin !

 

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Nous longeons un couloir qui mène à la grande salle puis aux loges, où j’aperçois le groupe qui se repose. Martin est venu à la porte pour discuter, on se présente sous le regard bienveillant de membres de l’organisation qui m’aideront pour un peu de traduction, mais quasiment pas car Martin n’a pas trop d’accent et est facilement compréhensible. L’un d’eux a même la gentillesse de me prendre la setlist et faire le tour de tout les membres du groupe pour une dédicace, tandis que d’autres faciliteront la petite séance de photo souvenir. Je fais part de mon admiration à Martin, et explique que Malo est batteur depuis 5 ans et qu’il travaille dur, il me montre sur son téléphone son fils Leo qui s’entraine régulièrement à la batterie le dimanche dans le studio du groupe, le veinard. Nous discutons de la tournée, Martin conserve des photos du théâtre Antique de Fourvière où il adore jouer, même s’il nous avoue que le concert de 2021, 2eme après la pause pandémique, a été de son côté très mauvais, la seule fois de sa carrière professionnelle où il ait laissé échapper une baguette en jouant. Après cette sympathique discussion, nous nous quittons chaleureusement, Mogwai sera le lendemain en Allemagne avant un retour en France pour une date à Lille. Ce moment privilégié clôture une soirée magnifique qui restera spéciale pour moi et Malo. Le lendemain, un collégien et un ingénieur auront bien du mal à se concentrer sur leur travail respectif…

  

(1)    Comme autrefois le « Superheroes of BMX » des Government Commissions 

 

Setlist : To the Bin My Friend, Tonight We Vacate Earth - Yes! I Am a Long Way From Home - Ritchie Sacramento - Take Me Somewhere Nice - Killing All the Flies - Ex-Cowboy - Midnight Flit - New Paths to Helicon, Pt. 1 - Dry Fantasy – Remurdered - Drive the Nail - Like Herod // 2 Rights Make 1 Wrong - Ceiling Granny

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