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Blinking Lights (and other revelations)
25 avril 2015

ALELA DIANE - 10 Avril 2008 - Epicerie Moderne - FEYZIN

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Les choses sont bien faites, alors que Cat Power s’éloigne de plus en plus du folk minimaliste et poignant qui m’avait séduit, je découvre (grâce à Damien, une fois de plus), Alela Diane, jeune Californienne qui vient de sortir le bouleversant album the Pirate’s Gospel : Courtes compositions à la guitare acoustiques, accords simples déployés en arpèges rapides (technique pas si évidente à maîtriser) survolés d’une voix magique, transportant l’auditeur vers des contrées sauvages, ses pensées libérées pour un moment du poids des soucis quotidiens se réfugiant dans un ailleurs onirique. Débarquant pour la première fois de ce lointain pays imaginé, Alela Diane et sa famille posaient hier leur baluchon à l’épicerie moderne, à Feyzin, l’occasion de découvrir cette salle et de prendre la mesure du soudain buzz accompagnant la jeune chanteuse. Arrivés pile à l’heure, nous constatons que toutes les places de parking sont occupées et qu’une longue file de spectateurs impatients serpente devant la salle de spectacle. Le temps de prendre une bière, et Mariée Sioux, la copine d’enfance d’Alela Diane, vient timidement se placer au centre de la scène, en robe légère, un verre de vin placé à ses pieds nus. Très impressionnée par l’attention et le silence du public, elle plante sa première chanson, et avec cette petite voix légèrement cassée, elle rappelle alors inévitablement Chan Marshall. Elle propose ensuite un set acoustique très agréable, devant un public assis et sous un faible éclairage. On se sent comme un soir d’été dans une clairière, à écouter de la guitare au coin d’un feu : « Old Magic », titre d’une de ses chansons. Malheureusement Mariée Sioux joue très peu, et on a à peine le temps de rentrer dans son concert qu’il est déjà terminé.

Vient ensuite la véritable première partie, le groupe Firewater, au style radicalement différent des deux demoiselles. J’imagine la formation de ce sympathique groupe hétéroclite (un peu comme dans un jeu vidéo d’aventure où l’on constitue son équipe au fur et à mesure): à l’origine le trio de base, guitare+chant, basse et batterie, tenus par des vieux routiers ayant bourlingués dans tout les états d’Amérique, de motels en salles poussiéreuses, et ayant acquis cette symbiose propre aux musiciens se connaissant par cœur. Au cours de leurs pérégrinations, ils enrôlent tour à tour un jeune guitariste, sosie de Bob Dylan, une tromboniste qui pourrait être la frangine de Mariée Sioux, et un percussionniste hindou. Turban, barbe, boucles d’oreille, tatouages, ces mecs ont toujours la classe, mais alors qu’il danse tout de noir vêtu, un grand sourire aux lèvres, en tapant simultanément sur les deux faces d’un curieux tambour (une face « caisse claire » et une face « grosse caisse »), ce percussionniste a vraiment la classe ultime. Leur style est un mélange de musique de cirque et de rock, qui s’approche de Tom Waits, voire par certains moments de Jack the Ripper. En tout cas entre solos de trombone et rythmes ska, le groupe met une excellent ambiance dans un public jusque là très calme.

Lorsque le cirque remballe, la scène est vidée de ses amplis et instruments, et après un réglage son un peu longuet, Alela Diane s’avance timidement sur la scène sous des applaudissements fracassants dont elle semble heureuse et surprise. Lorsqu’elle entame son concert avec « Pieces of string », toute sa timidité s’envole et on comprend pourquoi Mariee Sioux est sa première partie, et pas l’inverse. Sa magnifique voix est étonnamment puissante, et son coffre m’impressionnera pendant tout le concert. Malgré leur (fausse) simplicité, ses compositions sont extrêmement efficaces et émouvantes, et seuls quelques regards jetés sur son manche de guitare trahissent une pratique relativement récente de cet instrument. Cela fait apparemment cinq ans qu’elle en joue, mais elle baigne dans la musique depuis son plus jeune age. Son père, qui a enregistré the Pirate’s Gospel, l’accompagne aujourd’hui sur scène, de sa guitare ou de sa mandoline. On le sent pétrit de folk traditionnel américain, son qui a du bercer la petite Alela depuis sa naissance. Ils interprètent d’ailleurs bon nombre de morceaux traditionnels, dont notamment « the cuckoo », présent sur le premier album de Kristin Hersh, et « sea lion woman », repris par Cat Power sur Jukebox, comme un clin d’œil à mes deux artistes féminines favorites. Outre son père, deux autres personnes (indispensables) se joignent à Alela Diane : sa copine Mariee Sioux dont la deuxième voix assez différente fait merveille, et un très bon joueur de banjo, à la belle voix de basse, qui passe de temps en temps derrière une grosse caisse. Entre le coté cow boy moustachu de Mr Menig, le look de bûcheron balaise, chauve et barbu, du joueur de banjo, et l’esprit indien des tenues des deux filles, ce groupe à l’image de leur musique dégage une incroyable authenticité roots (les instruments de musique sont à l’unisson). Ce concert sans aucune fausse note, avec une artiste beaucoup plus assurée que je ne l’imaginais, magique de bout en bout, se termina une première fois par « the rifle », histoire tragique à écouter  (et clip à voir sur youtube) d’urgence, puis par deux rappels (avec le splendide « oh my mama ») : idéal pour commencer une saison live qui s’annonce chargée.  Si vous avez l’occasion d’assister à cette tournée, prenez vos places en avance et foncez, car vous n’aurez peut être plus l’occasion de voir cette jeune artiste dans un cadre intimiste…

 La dernière note de « Clickity clack » à peine achevée, j’essaye de m’extraire de mon rêve et des grands espaces américains pour me précipiter vers la boutique, car Damien est pressé de rentrer, un collègue l’attendant depuis une heure devant la porte de chez lui. Je suis tout surpris de voir le groupe derrière la table, ils ont eu à peine le temps de courir se placer pour vendre leurs albums ou T-shirts. Alela Diane me tend le vinyle que je viens d’acheter, et je ne résiste pas à la tentation de le faire dédicacer (la honte !). En plus, elle se taillade le doigt en ouvrant le cellophane, puis renverse une bière entière sur la table en cherchant un stylo. Je bredouille un remerciement et des félicitations et regagne la tête basse ma voiture garée comme une merde, en serrant mon vinyle dédicacé contre moi (la honte !)  tout en me remémorant l’exceptionnel concert que je viens de vivre.

 Un gros fuck :

-         au con qui a bouffé des chips pendant le set de Mariee Sioux en trifouillant longuement son paquet (les cinéphiles popcornophageophobes me comprendront)

-         à la conne qui a gueulé « very quickly » à Firewater qui proposait de jouer quelques titres de plus en rappel, récoltant un regard triste et blasé du chanteur (elle a jamais fait de musique celle là)

Un clin d’œil :

-         aux joyeux lurons qui ont gueulé les yohooo du « Pirate’s gospel » après la chanson, faisant rire aux éclats Alela Diane.

Setlist Firewater : Dark days indeed – Hey clown – Feels like the end – Bhangra bros. – 6:45 – already gone – electric city / weird to be back

 Setlist Alela Diane: Pieces of string – Tired feet – Cuckoo – Tatted Lace – Sister self – Sea lion woman – My brambles – Can you blame the sky? – White as diamonds – Pirate’s gospel – Dry grass and shadows – the Rifle / Oh my mama –Lady divine / Clickity clack

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