Alela DIANE - Mardi 07 Février 2023 - Le Radiant - LYON

Au souvenir du merveilleux concert vécu avec Mélaine aux Subsistances lors de la tournée de Cusp en 2018, nous n’avions pas hésité longtemps avant de prendre nos places pour la venue d’Alela Diane au Radiant. Si depuis l’écoute de Looking Glass, sorti l’an dernier, s’était révélée un peu mitigée, je ne regrettais nullement cette décision, une soirée de concert tranquille en couple (les enfants sont en vacances chez les grand parents) après des semaines très éprouvantes m’apparaissant salutaire. Dernier stress à vaincre, la place de parking à trouver, ce qui est fait après quelques tours en utilisant une vieille technique d’habitué de ce genre de défis.

C’est donc à 20h30 tout pile que nous gravissons les marches qui vont nous mener à nos places réservées, la salle étant en configuration assise complète, alors que la première partie, une femme en guitare voix solo, a déjà entamé ce que nous supposons être son premier titre. Nous sommes idéalement placés, à coté des ingés son, et je reconnais en m’asseyant la fidèle amie d’Alela Diane, Mariee Sioux, avec son air timide, ses tresses et sa robe à fleur old school. Look inchangé depuis la mythique date à l’Epicerie Moderne il y a déjà 15 ans, lorsque les deux copines d’enfance effectuaient leur première tournée Européenne suite au fulgurant succès surprise de the Pirate’s Gospel, un souvenir d’ailleurs évoqué avec émotion par Alela Diane plus tard dans la soirée. Pour le moment il faut un peu de temps pour se mettre dans l’ambiance très dépouillée proposée par Mariee Sioux, et j’aurais à peine le temps de me laisser porter par la torpeur chaleureuse de sa musique que son concert s’achèvera. Il faut dire qu’elle n’a joué que 4 morceaux, ceux-ci étant très longs ce qui je pense est leur principal défaut.

 Photo Robert Gil au concert Parisien de la veille

Après une courte pause où nous restons à nos places en discutant, Alela Diane entre en scène dans une improbable tenue de petite fille dans la prairie endimanchée. Nous comprenons qu’elle aussi va jouer seule (1), ce pourrait être une petite déception, mais finalement je ne l’ai encore jamais vu en solo et sa discographie prouve que la sobriété lui va très bien. D’ailleurs elle attaque le set avec un de ses plus beaux classiques, « Tired Feet », et le charme opère immédiatement. La setlist va être distribuée entre les chansons d’un Looking Glass interprété quasi intégralement et les vieux titres du premier album the Pirate’s Gospel et de l’EP Songs Whistled Through White Teeth sorti la même année (2006), un grand écart curieux ne laissant que 3 places aux autres périodes d’une discographie qui commence à être sacrément fournie. On regrette un peu que Cusp et surtout About Farewell n’aient pas été cités ce soir à l’exception de « Emigré », deuxième chanson du set avant une longue série de nouveaux titres, toujours en guitare / chant. J’ai trouvé leur interprétation agréable, les chansons s’enchainent sans trop s’étaler, la voix d’Alela Diane est toujours aussi pure et puissante, et sa maitrise de la guitare (technique et son) irréprochable. Souriante, la Californienne raconte quelques anecdotes ayant inspiré ses chansons, seules les séances d’accordage indispensables (surtout avec les changements de capodastre) cassent un peu le charme du moment.  Alela Diane passe alors au piano pour une autre série d’extraits de Looking Glass, c’est selon moi les compositions les plus faibles de la soirée mais la beauté de l’instrument et celle du chant compensent largement et cela permet de casser un peu l’homogénéité du concert. Retour à la guitare avec « Elijah », extrait du 3eme album Wild Divine qu’elle présente comme celui qu’elle aime le moins - je suis d’accord avec elle, ce disque surchargé et peu inspiré participant à mon commentaire précédent sur la sobriété. Mais voilà que la dernière partie du concert s’annonce déjà, et nous sommes gâtés avec trois vieux morceaux interprétés avec l’appui de Mariee Sioux au chant. C’est magnifique, d’ailleurs je pense qu’il n’aura manqué au concert qu’une seconde voix (ou des chœurs) pour être encore meilleur. Alela Diane termine le set seule sur « Tatted Lace », titre émouvant parmi mes favoris, avant de revenir pour un court rappel sur l’habituel et très mélodique « Oh ! My Mama » toujours plébiscité par les fans.

Le concert est passé vite, nous prolongeons la soirée au bar avant de nous rapprocher du stand Merchandising assailli par le public depuis un long moment. Il faut dire qu’Alela Diane et Mariee Sioux ne ménagent pas leur gentillesse, discutant, dédicaçant et prenant la pose avec de grands sourires sincères. Quelques années auparavant j’aurais moi aussi pris ma place dans la file d’attente pour une signature et un selfie, mais aujourd’hui je suis fatigué et la flemme est plus forte. Je me contente d’observer les chanteuses et leur public en sirotant ma bière, il y a une simplicité et une joie commune qui est très plaisante et il est agréable d’en être avec Mélaine, même un peu à l’écart. Ceci conforte en tout cas mon attachement à Alela Diane qui aura su après plus de 15 ans de carrière conserver tant une certaine qualité de songwritting qu’une humilité tranquille, ce qui est loin d’être courant. C’est chargé de ces ondes positives que nous rentrons : le concert ne restera sans doute pas gravé dans ma mémoire mais l’instant, lui, était parfait. 

(1)    Bizarrement elle nous apprendra que les dates précédentes (dont celle de la veille à Paris) étaient en groupe, je suis curieux de connaitre les raisons de ce changement de line-up pour la date Lyonnaise.

Setlist : Tired Feet - Émigré - All the Light - Paloma - When We Believed - Dream a River - Lady Divine - Of Love - Howling Wind - Camellia - Strawberry Moon - Another Dream - Elijah - The Rifle - Dry Grass & Shadows - White as Diamonds - Tatted Lace // Oh! My Mama