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Blinking Lights (and other revelations)
8 juin 2015

Malesch - Long Division - Nightfreak and the sons of Becker - Liars - Into the Woods

Suite et fin de mes écoutes estivales, avec le coté rock, souvent barré...

 

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Agitation Free - Malesch - 1972

Il était une fois un groupe allemand des années 70 qui faisait, comme c'est étonnant, du Krautrock. Ils partirent un jour en voyage de groupe en Egypte, prirent plein de photos débiles sur les pyramides et enregistrèrent un album aux vagues accents orientaux (surtout l'orgue sur « You play for us today »). Ils s'amusèrent comme des petits fous au mixage, insérant de la musique traditionnelle du Maghreb et des cris de muezzin à leur rock halluciné, et donnèrent à Malesch des airs de piste d'atterrissage à OVNIs. On pense inévitablement à Can avec ces morceaux déglingués aux solos de guitare ivres et aux rythmes épileptiques qui se mutent sans qu'on sache très bien comment en fleuves hypnotiques, vagues de guitares et d'orgue sur boucles incessantes de batterie et de basse. L'ensemble du talent d'Agitation Free est résumé sur « Ala Tul », qui passe par tous les états choucrouteux avant de finir sur une pluie de percussions inspirée. Malesch est quand même beaucoup moins torturé que les premiers disques de Can, il flotte sur un édredon d'orgue lent et ne possède ni les voix percutantes (l'album est instrumental) ni la guitare agressive de son illustre concitoyen*. La ressemblance est surtout frappante sur le morceau live livré intelligemment en bonus, une improvisation de 15 mn dont le rythme rapide et répétitif évoque les meilleures heures du groupe d'Holger Czukay, voire les improvisations rock du Alice Cooper Band sur scène. Après une pause extra terrestre, Agitation Free amène magnifiquement son morceau vers quelques minutes de douceur, puis l'enchaine pour un final sur "Rücksturz", qui est aussi le dernier titre de Malesch.  Une superbe réédition qui met à l'honneur un groupe méconnu, et qui ravira ceux qui ont trop usé leur Ege Bamyasi.

 * si l'absence de chant est clairement un moins, je préfère pour être franc le jeu de Jörg Schwenke à celui de Michael Karoli, il est souvent plus subtil et décoche à l'improviste de très belles mélodies.

 

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Low - Long Division - 1995

Des deux albums de Low que j'avais écouté, il ne restait rien dans ma mémoire, si ce n'est la vague impression de chansons lentes, belles, et parfois chiantes. Ces albums étaient ils inférieurs, ou bien n'étais je pas dans la bonne disposition d'écoute à l'époque, toujours est il que Long Division m'a lui d'emblée fasciné. D'abord par les voix vaporeuses, celle de l'homme, et celle de la femme, se mêlant souvent en harmonie qui ne peuvent que nous laisser, le cœur battant, les oreilles grandes ouvertes, en contemplation. Une fois rentré dans le tempo lent du disque, on n'a plus aucune envie d'en sortir. On veut écouter ces voix, par-dessus le silence qui compose la musique autant que les accords graves et la batterie discrète. Cela pourrait être du post rock (« Shame » a des accents de Sigur Ros dans la mélodie, et de Dead Can Dance dans le chant), mais sans les excès propres à ce style.  Les titres ne s'étalent pas plus de 5 mn (excepté le magique  « Stay »), la batterie est en retrait, et Low n'a nul besoin de saturation pour s'exprimer. Un mot vient en tête : subtilité. Le trio réussi à retranscrire une palette d'émotions très riche par d'infimes variations dans l'interprétation des morceaux. Ceci explique que malgré l'apparente proximité de tous les titres, on ne s'ennuie pas un instant  sur cette longue division de 50 mn. Et qu'on ait envie régulièrement de déposer son fardeau quotidien pour se plonger dans le flot ralenti des divines syllabes du couple, en essayant d'attraper quelques unes de leurs caresses au passage...

 

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The Coral - Nightfreak and the sons of Becker - 2004

Les fils de Boris Becker étaient vraiment timbrés. Ils se mirent à la chasse au Nightfreak dans un joyeux bordel, chacun avec son arme : qui une guitare barrée, qui un clavier de l'espace, qui une grosse basse groovy ou encore une ritournelle enfantine toute calme.  Ils essayèrent le funk sur « Venom Cable », le mâtinèrent de punk tout en hurlant qu'ils avaient oublié leur nom, ils tentèrent de l'amadouer avec des ballades et de belles mélodies de guitare (« song of the corn »), ils imaginèrent des cassures de rythme improbables (« Auntie's operation »). Rien n'y faisait, le Nightfreak leur échappait toujours, chantant de sa voix triste sur leurs patchworks musicaux. Ils firent des chœurs, des solos saturés, ils piquèrent un rythme à Eminem (« Grey Harpoon »), une guitare possédée au Pretties for You d'Alice Cooper (« Precious Eyes ») , empruntèrent l'éclectisme d'Akron Family pour quelques titres, et finirent par tout mélanger dans un assaut désespéré au son de tambours inquiétant et d'une sirène d'ambulance qui venait les chercher pour les foutre à l'asile du grand professeur Zappa. Essayant de s'échapper sur un rythme fou récupéré dans le grenier de Can (les derniers grands cinglés qu'ils devaient croiser dans leur aventure), ils se firent toper malgré une accélération fulgurante (« Migraine »). Ils finirent à boire le thé dans le salon de l'asile, écoutant un crooner au piano chevroter « Lover's Paradise » sur un vieil électrophone grésillant...

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Liars - Liars - 2007

Il faut reconnaitre que, dans tout le revival Cold Wave actuel, dont je ne suis pas fan, plusieurs titres de ce Liars sont parmi les meilleurs que j'ai entendu. « What would they Know », « the Dumb in the rain », l'inévitable JAMChainerie « Freak Out » ou MBValentinerie « Pure Unevil » (plus lent et saturé, donc...), tout ceci est fort bien fait à défaut d'être original. Mais plutôt que se concentrer sur ce créneau et de proposer un album complet et bien troussé de ce style, Liars a voulu diversifier ses ambiances. Une idée qui est toujours à double tranchant : soit on réussi un album varié, soit on se fourvoie dans un disque dispersé, et c'est malheureusement ce qui est arrivé à Liars. Pouvait on rêver meilleure entame que ce fantastique « Plaster Casts of Everything » digne des meilleurs titres les plus énervés d'Archie Bronson Outfit ? Batterie martelée, guitare saturée, c'est très rock et c'est très fort. Ainsi captivé, l'auditeur débande cependant rapidement avec l'enchainement d'un « Houseclouds» qui ne ferait pas mal à une mouche, et la prise de tête « Leather Prowler », sorte d'electro dissonant expérimental qui parait durer 10 mn alors qu'il en fait moitié moins. Plus tard, Liars recommencera la bévue en cassant une bonne série par le brutal « Clear Island ». Ajoutons à cela une sorte de trip hop complètement décalé (« Sailing to Byzantium») et un final sombre à l'orgue dont l'ambiance n'est pas sans rappeler celle du Dark Night of the Soul de Danger Mouse (donc tout aussi hors sujet). Bref, Liars a le potentiel pour nous plonger dans une cellule bien glauque, mais la laisse sans surveillance à de trop nombreuses reprises. Résultat, on s'évade, non sans un certain mal au crane...

 

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Malcolm Middleton - Into the Woods - 2005

J'ai retrouvé sur ce deuxième album du guitariste d'Arab Strap tout les ingrédients qui m'avaient enthousiasmé sur Waxing Gibbous et A Brighter Beat : sur la base d'un rock bien rythmé, Middleton ajoute avec parcimonie du piano, des sons bizarroïdes de claviers 80's, des secondes voix féminines, des arpèges toujours splendides  et parfois un zeste de folklore celtique (les violons de « Monday Night Nothing »). Ménageant très souvent de courtes pauses dans ses titres les plus énergiques, histoire de repartir de plus belle, l'écossais nous offre aussi quelques unes de ses plus belles ballades désespérées, comme ce chant Grincheux intitulé « Burst Noel ».  Malcolm Middleton traine sa voix désabusée tout au long d'un Into the Woods très dense qui s'achève sur l'explosif « A New Heart », un poing final direct et sans fioritures. Encore une belle réussite de cet artiste irréprochable et pas assez vu.

 

 

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