Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Blinking Lights (and other revelations)
11 juin 2015

Shannon WRIGHT - Let in the Light + Honeybee Girls + Secret Blood

 

129598374261

 

Cela ne pouvait plus durer, et je devais réagir pour réparer l'injustice faite à Shannon Wright, quasi absente de ce blog alors même que ses deux derniers albums sont parmi ceux que j'écoute le plus depuis quelques mois. C'est que Shannon Wright (tout comme Woven Hand) est si constante dans la qualité qu'on ne trouve plus grand-chose à dire sur ses récentes productions. Enfin, certains y ont quand même trouvé à redire, et c'est une seconde injustice que je souhaite réparer avec mes faibles moyens, tant les critiques entendues (surtout sur Honeybee Girls) me semblent imméritées. Tout ceci n'est peut-être dû, une fois de plus, qu'au vécu entre l'artiste et l'auditeur, selon qu'il soit fan de la première heure ou juste converti. Commençons donc par ma (ou plutôt mes) découvertes de l'américaine.

La première fois que j'entendis parler de Shannon Wright, c'est par l'ami Seb, ce qui explique que je sautais très rapidement sur l'occasion d'écouter Flight Safety et Perishable Goods. Je les trouvais bons, et passais à autre chose. Regain d'intérêt avec sa collaboration avec Yann Tiersen, j'achète immédiatement l'album, le trouve excellent et... passe à autre chose : trop de trucs à écouter, sans doute. Mais des artistes de cette qualité finissent toujours par s'imposer un jour où l'autre, à l'inverse des bulles éphémères qui brillent le temps d'un disque puis explosent en vol (Emily Jane, si tu nous entends...). Le déclic se fera lors d'un concert  de la tournée Honeybee Girls, sa réputation scénique ne m'ayant malgré tout pas préparé à la baffe que je pris ce soir-là. C'est donc par cet album que je raccrochais (définitivement cette fois) à la discographie de Shannon Wright, d'où mon incompréhension quant à la tiédeur de l'accueil que lui firent quelques personnes de ma connaissance. Que les fans d'Over the Sun (considéré comme le meilleur de l'artiste, tant elle s'y met à nu dans une tension palpable, qui m'avait précisément un peu refroidi) aient été déçus à l'écoute du calme Let in the Light, véritable album de cassure où la colère cède sa place au découragement, c'est compréhensible. Le piano y est omniprésent, et s'il n'est évidemment pas question de mièvrerie (l'album s'ouvre sur un morceau intitulé « Defy my Love »), l'ambiance est quand même très calme (sauf sur le poignant « Don't you doubt me »). Mais il est étonnant qu'ainsi préparés, certains amateurs aient regretté la prétendue mollesse de  Honeybee Girls alors même que l'album renoue avec une certaine violence, au moins dans son premier quart (« Trumpets on new Year's Eve », « Embers in your Eyes »). Il faut de plus être sacrément difficile pour ne pas gouter au morceau introductif à trois temps (« Tall Countryside »), à ses arpèges, à ses voix aussi belles que brisées.  Si la suite n'est pas aussi exceptionnelle, on reste quand même sur des morceaux de très grande qualité, et qu'ils soient désormais plus proche de ceux de Lisa Germano que de PJ Harvey n'est pas pour moi un défaut, bien au contraire. Lisa Germano qui donnerait d'ailleurs probablement très cher pour composer aujourd'hui quelque chose d'aussi émouvant que « Never Arrived ». Et comme les deux derniers titres sont de même mélancolique facture, je tiens bien là un de mes albums favoris de 2009.

Décidément inspirée, Shannon Wright continue sur sa lancée et sort à peine un an après Secret Blood, qui n'a malheureusement pas eu les honneurs des multiples Tops 2010. Les compositions sont encore plus marquantes, et l'alternance de ballades et de rocks expéditifs ne laisse aucun répit à l'auditeur, au moins sur la première moitié du disque. Après un bel échauffement sur « Violent Colors », titre devant beaucoup à la batterie de Brant Rackley et qui joue sur l'opposition refrains (violent) couplets (colors), Shannon Wright noie sa voix sous un rock tendu à l'extrême (« Fractured »). Si l'association avec Tiersen m'avait complètement pris par surprise en 2004, elle semble ici évidente tant on pense au breton sur des morceaux comme « Dim Reader », où la fausse douceur d'une intro au piano n'est que prélude à une montée en tension progressive. Après un dernier moment d'énervement (« Commoners Saint »), Shannon Wright laisse de plus en plus place au silence, et enchaine des ballades qu'on ne décrira pas en détail faute de superlatifs en magasin. S'inscrivant dans la continuité d'Honeybee Girls, tout en étant supérieur sur le fond et la forme, Secret Blood est un disque court (les morceaux dépassent rarement 3 mn) et sans fioritures, ce qui fait un bien fou en ce moment. Avec ce disque et son auteure, cette fois,  c'est parti pour durer...

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Publicité