Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Blinking Lights (and other revelations)
26 juin 2015

the TALLEST MAN ON EARTH - Dimanche 29 Mai 2011 - Epicerie Moderne - FEYZIN

13069470005

 

 

La bataille était épique. Je cherchais dans le regard de mon épouse un peu de soutien mais n'y trouvais que le reflet de mon propre épuisement. Les monstres étaient sacrément de mauvais poil depuis qu'on les avait sortis d'une sieste tardive, les pleurnicheries, grognements et ralages en tout genre s'étaient succédé sans interruption lors du fameux rush 19h-20h30, et ils refusaient de gagner leur tanière. Lorsqu'enfin ils furent couchés, vers 21h15, et que je m'écroulais devant une maigre pitance concoctée entre deux gestes éducatifs de première urgence, une connexion se fit subitement entre mes neurones affolés : « mais putain, j'ai un concert ce soir !! ».

Une demi-heure après, je me plaçais devant la scène de l'Epicerie Moderne, où the Tallest Man on Earth achevait l'une des nombreuses explications qu'il donnerait entre ses chansons tout au long de la soirée. Outre évidemment la première partie, j'avais loupé les trois premiers morceaux selon mon voisin, un moindre mal en l'occurrence puisque mes favoris n'étaient pas dans le lot. A priori, il s'agissait de trois titres du premier album (Shallow Grave), et je ne connaissais que the Wild Hunt. Justement, the Talest Man on Earth attaque comme s'il m'avait attendu « Troubles will be Gone », l'un de mes titres préféré de ce deuxième et dernier album en date. the Tallest Man on Earth, alias Kristian Matsson, est seul sur la scène qu'il arpente en tout sens entre deux couplets, faisant les yeux doux aux filles du premier rang, ou s'asseyant brièvement sur l'une des chaises disposées en retrait à coté d'une collection non négligeable de guitares en tout genre. Le jeune homme cabotine (on le ressentait déjà un peu sur disque, sur son chant), mais à la différence de certains, il peut se le permettre. D'abord, cet enfoiré est un vrai beau gosse, dans le style jeune dur au cœur d'or, avec son marcel, son tatouage grossier, sa barbe de trois jours et sa belle gueule de comédien. Pas étonnant que je sois entouré dans la fosse de jeunes demoiselles au regard brillant et au sourire jusqu'aux oreilles, littéralement envoutées par le songwritteur. Il fallait entendre les murmures d'espoir lorsque le suédois dédicaça un de ses titres à sa future femme, sur le mode grand amour éternel, suivi immédiatement des soupirs de déception lorsqu'il fit comprendre que cette personne était bien réelle et que le mariage était imminent. Mais évidemment, le charme agissait d'autant plus que the Tallest Man on Earth, ce gros enfoiré, est doué à m'en faire abandonner à tout jamais la guitare. Car cabotiner en interprétant l'air de rien des arpèges aussi complexes (sur des belles Gretsh que je n'avais jamais vu avant) n'est pas donné au premier gratteux venu, sans compter une voix légèrement rauque mais toujours juste merveilleusement adaptée à son répertoire. Bref, le mec a du charisme, du talent, de la personnalité, et il enchaine les jolis morceaux que je reconnais (« You're going back », « Love is all ») ou non (très beau « Pistol Dreams » chantonné par de nombreuses spectatrices). L'ambiance est intimiste et détendue, Kristian Matsson discutant des chansons réclamées par ses fans, détaillant avec humour leur thème et faisant rire le public (même quand il parle dans sa barbe et que personne n'a rien compris).

Malgré une soirée agréable, la lassitude commence à poindre au 2/3 du set, les compositions étant assez similaires et interprétées très fidèlement au disque. C'est justement à ce moment que the Tallest Man on Earth invite deux compères pour trois titres relançant mon intérêt déclinant. Il s'agit d'un grand barbu et d'un maigre moustachu tout deux en marcel blanc, respectivement bassiste et batteur de Francis, la première partie que j'ai manqué (j'en ai pas mal de regrets, la bUze m'ayant décrit un concert très attirant). Parmi ces morceaux interprétés en trio, je retiendrai particulièrement « King of Spain », déjà sympa sur disque mais qui prend ici une dimension country euphorisante. Assez ému, le chanteur remercie longuement ses amis, le courant semble être particulièrement bien passé entre lui et Francis, et cette soirée lyonnaise est l'avant dernière de la tournée... Lorsque the Tallest Man on Earth annonce vouloir terminer son concert sur une belle note, rien ne nous laisse présager ce qui va advenir. Il attaque les premiers couplets de « Thrown Right at Me » tout seul, lorsqu'une demoiselle sortie de nulle part vient soudain le rejoindre au micro. Jeune et grande, vêtue d'un haut, d'une jupe et de bottes noirs,  elle entame un fascinant duo joue contre joue avec Kristian Matsson. Les deux chanteurs se défient du regard avant de mêler leurs voix et leurs souffles de manière incroyablement sensuelle dans une mise en scène hyper réaliste du jeu de séduction. On n'a pas la certitude absolue qu'ils soient amants, et pourtant on ne peut penser l'inverse en voyant leurs âmes et leurs corps si proches. Pas de sourire venant démonter l'intensité de la scène, pas de paroles échangées, juste un moment hors du temps. Lorsque la demoiselle en noir quitte la scène aussi brusquement qu'elle y est entrée sous les applaudissements du public et que son compagnon termine seul la chanson, on se dit que ce très bref instant fait partie des plus beaux que l'on ai vu en concert, et on se rappelle pourquoi la musique a une si grande importance dans notre vie.

J'aurai presque souhaité que le concert s'achève là, mais le public réclame bien sur un rappel, et celui-ci sera fort agréable, avec « the Drying of the Lawns », encore une très belle ballade du dernier disque, et une version au banjo de « Kids on the Run » bien meilleure que celle au piano qui conclue the Wild Hunt. Après un bref coup d'œil à la scène pour constater qu'il n'y a pas de setlist, je discute un moment avec La bUze qui offre sa tournée de champagne (en l'absence honteuse de bière fraiche) puis m'éclipse avant que le stand de marchandising ne plie bagage. La tournée semble un véritable triomphe, puisqu'il n'y a pas trace des deux albums de the Tallest Man on Earth (ni en vinyle ni en CD) qui ont du être dévalisés, mais je me rattrape en achetant les deux premiers EP du suédois en belles version vinyle. Après un salut à l'ami blogueur que je croise décidément bien souvent en ce moment, pour mon plus grand plaisir je précise, je rentre chez moi content du concert mais conscient qu'une pause va vite s'avérer nécessaire si je ne veux pas exploser en vol...

 

La setlist était probablement très proche de celle-ci, bien que « Pistol Dreams » ait été jouée bien plus tôt :

I Won't Be Found - The Gardener - Shallow Grave - Troubles Will Be Gone - Where Do My Bluebird Fly - You're Going Back - Love Is All - Tangle in This Trampled Wheat - The Dreamer - King of Spain - There's No Leaving Now - Pistol Dreams - Thrown Right at Me // The Drying of the Lawns - Kids on the Run 

 

Pour donner une idée de "Thrown Right at Me", meme si cette video est un peu moins intense:

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Publicité