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Blinking Lights (and other revelations)
17 juillet 2015

PIXIES - Indie Cindy

 

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Après avoir commencé la musique avec le Hard Rock pendant quelques années, je suis très vite tombé sur les Pixies lorsque j’ai élargi un peu mon spectre d’écoute, et j’ai immédiatement adoré leur discographie. Hélas, nous étions en 1994, le groupe était séparé depuis un moment, et vu l’ambiance une reformation n’étais même pas espérée par le plus rêveur de leur fans.

3 Juillet 2004. Contre toute attente, ils sont là devant moi. J’ai du mal à y croire, mais je suis en train de vivre un concert des Pixies. Que des anciens titres, évidemment, mais quels titres ! De toutes manières, un nouveau disque semble improbable, ça sent l’arlésienne du rock destinée à maintenir le porte-monnaie des anciens et nouveaux (1) fans en éveil. Et puis, faut-il vraiment le souhaiter ?

Avril 2014. L’objet est devant moi. Ce n’est pas la surprise sensationnelle prévue, car des nouveaux titres sont sortis régulièrement depuis un petit moment, mais j’ai quand même hâte. Parce que je me suis abstenu d’écouter ces fameux Ep (je suis de l’école ancienne, j’ai du mal avec les disques virtuels), à l’exception d’un petit live acoustique de quelques morceaux diffusé sur internet que j’ai trouvé très classe, ce qui n’a fait que renforcer mon impatience.

 

Un nouvel album des Pixies, ça fait bizarre.  Tellement bizarre que beaucoup ont pris leur plus beau clavier pour décréter qu’en fait non, INDIE CINDY n’était pas un disque des Pixies. Ce serait simplement une compile de chansons de Frank Black, opportunément rejoint par deux acolytes, qu’il a sorti sous le nom de Pixies pour faire plus de pognon. J’ai lu tellement de fois cet argument imbécile dans des articles ou des commentaires que cela m’a décidé à y aller moi aussi de mon petit mot. Car il faut sacrément ignorer la discographie de Frank Black pour comparer l’un de ses albums, même le premier, à Indie Cindy, bien qu’on retrouve évidemment de manière épisodique  cette touche Pixies  caractéristique au détour  de certains albums solo. Pire, il faut même sacrément ignorer la discographie des Pixies pour sortir un truc pareil, et notamment leur dernier disque ! Ce Trompe le Monde, mijoté par Frank Black avec l’aide de son futur pote de carrière solo, le claviériste Eric Drew Feldman, et qui voit par miracle les Pixies au bord de la rupture se réunir en studio avant l’inévitable explosion. Il faudra m’expliquer en quoi des chansons comme « the Sad Punk » ou « Space (I Believe in) » sont plus des titres des Pixies que « What Goes Boom » ou « Greens and Blues  »…  Bref, qu’on le veuille ou non Indie Cindy s’inscrit bien comme le seul successeur de Trompe le Monde.

 

L’argument du pognon, lui, tient encore moins la route. La seule reformation assurait à Frank Black et les siens un avenir illimité de concerts Sold Out, le tout enregistré et décliné en Dvd, Cd Live, collectors, sans compter le vivier que représentait le formidable catalogue de chansons que Frankie ne s’était pas privé d’exploiter (ressortie de la Purple Tape, de démos sur FrankBlackFrancis etc…).  Sortir un nouvel album n’était pas le meilleur moyen pour les Pixies de se faire du pognon, ça n’était en tout cas pas le plus facile, vu la pression que cela représentait. Une pression que Kim Deal n’aura pas assumée (2).

 

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On en vient donc au dernier argument, sans doute le plus valable : Indie Cindy n’est pas un album des Pixies parce que Kim Deal n’y est pas. Ignorons la multitude d’excellents disques sortis par des groupes dans une formation autre que l’originale et qui n’ont pas porté plus que ça à débat, et concentrons-nous sur la bassiste. C’est indéniable, elle fut un ingrédient important dans la savoureuse recette Pixies, sa principale qualité ayant été d’avoir eu assez de couilles pour s’opposer à Frank Black et imposer son (très bon) jeu de basse aux avants postes de chansons qu’elle n’aura quasiment jamais composé. Mais honnêtement, cet équilibre à l’époque si novateur mais pillé depuis des années aurait pu être reproduit  aujourd’hui par n’importe quel clone. Les Ayatollah n’en auraient pas moins crié à l’imposture, mais leurs arguments n’auraient pas plus porté que précédemment. Là où le bât blesse, c’est que les Pixies n’ont que très peu joué ce jeu. On aurait aimé plus de titres comme « Bagboy »: ce n’est pas Kim Deal qui manque sur Indie Cindy, mais la basse qui est parfois trop timide (elle aurait pu faire des merveilles sur « Magdalena 318 » par exemple).

 

Un nouvel album des Pixies, ça fait bizarre.  Et pourtant, ça fonctionne. Dès le premier titre, on est rassuré. « What Goes Boom » envoie du lourd, avec ce chant alternant entre rage et mélodie, et ces petits gimicks de guitares de Santiago en fond. Tout le début d’Indy Cindie est d’ailleurs du très bon Pixies, les titres sont efficaces et les mélodies restent bien en tête. La suite (à partir de « Magdalena 318 ») s’essouffle un peu, mais reste d’une grande qualité (à l’exception d’un « Andro Queen » un peu faiblard) avant deux derniers titres réjouissants (« Snakes » et « Jaime Bravo »). Sans surprise, Frank Black reste un excellent musicien et un redoutable chanteur, tandis que David Lovering et Joey Santiago reprennent sans peine leur rôle respectif (écouter la batterie d’ « Indie Cindy » ou la guitare de « Bagboy » par exemple). Plutôt que se concentrer sur les nombreux points positifs du disque, les peine à jouir regretteront  le manque de riffs qui tuent, de tubes imparables, l’absence du brin de folie qui avaient installé le groupe de Boston au panthéon du rock indé. En entendant quelques échos de « Subbacultcha »  ou « Havalina » sur cet album, j’ai eu la vision d’horreur du disque attendu par ces fans de la troisième heure, qui fantasment finalement sur un groupe qui n’a jamais existé, puisqu’ils n’auront connu qu’un groupe Culte là où les ados de la fin des 80’s découvraient un groupe aussi génial qu’imparfait. Assurément, un disque parodique avec accords en boucle, refrains hurlés et textes bibliques aurait été autant une trahison qu’une catastrophe. En évitant de sombrer dans le ridicule en voulant enfiler ses fringues de 1990, Frank Black a été plus intelligent qu’une partie de son public s’étonnant de ne pas rajeunir instantanément à l’écoute d’Indie Cindy  (3). Retrouver la sensation de fraicheur et d’inventivité de l’époque sur une nouvelle sortie des Pixies, alors que leur style influence depuis 20 ans la moitié des sorties rock, était d’autant plus illusoire que, je le répète, cette sensation est pour beaucoup purement imaginaire, n’ayant connu le groupe qu’après son premier split. Bref, je trouve que les Pixies s’en sortent plus qu’honorablement (à la différence de tant d’autres), Indie Cindy est parti pour truster ma platine un bon moment, et j’espère que le goodbye de l’excellent « Jaime Bravo », en guise de point final, signifie « à bientôt pour de nouvelles aventures ».  

Pour résumer : Indie Cindy est le 5eme album des Pixies. Indie Cindy est le moins bon album des Pixies (mais qui a été assez naïf pour  espérer que ce ne soit pas le cas ?). Indie Cindy est un super album. Long Life to the Pixies !

 

(1)    ceux gagnés après le film Fight Club qui utilisait « Where is My Mind ? » dans sa bande son

 

(2)    Elle aurait déclaré ne pas vouloir déshonorer la discographie des Pixies par une nouvelle sortie. Ce qui prête à sourire quand on sait qu’elle a moins hésité quant à une petite reformation pécuniaire ces 10 dernières années. Et n’évoquons même pas le cas des Breeders…

 

(3)    Je repense à certains critiquant les concerts de reformation des Pixies en regrettant qu’ils ne disent pas un mot, jouent leurs chansons comme sur leurs disques et se barrent de scène sans un signe. Et de partir sur des tas de considérations sans se douter qu’à leur grande époque, les Pixies faisaient exactement la même chose (avec parfois en plus des setlist dans l’ordre alphabétique !).

 

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