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Blinking Lights (and other revelations)
8 août 2015

This Is Not A Love Song Festival (Part 1) - Vendredi 29 Mai 2015 - Nimes

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C’est après avoir organisé mes vacances que je réalisai que j’allais louper la plupart des festivals cet été, sans regret vu les programmations insipides déployées dans tous les lieux autrefois prestigieux, Eurockéennes en tête. J’attendais avec une certaine anxiété cependant la prog des Nuits de Fourvière, redoutant d’être absent de Lyon juste au mauvais moment, mais je dois dire que je ne fus pas déçu : les mêmes gros noms que partout, les mêmes vieux déjà vu 10 fois sans oublier les mega buzz de l’année dont on ne parlera plus dans quelques mois… Seule la Route du Rock allait encore une fois tirer son épingle du jeu, et je m’apprêtais à passer un été sans concert : c’était sans compter un (presque) petit nouveau dont l’affiche irait jusqu’à ridiculiser celle de St Malo (un peu en deca cette année il faut le dire) : le This is Not A Love Song Festival  à Nîmes. Un mélange de jeunes pousses indés ayant sortis les disques les plus enthousiasmants de 2014/2015, de groupes cultes rarissimes en France et de quelques valeurs sures (ainsi, et c’est normal, que quelques groupes festifs et autres torturés préados pour que chacun y trouve son compte), le tout à moins de 3h de caisse de Lyon et pour une 60aine d’euros : je prenais mon Pass immédiatement, repoussant la logistique à plus tard.

 

 

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De ce côté-ci j’allais aussi avoir du bol, puisque Arnaud et Virginie (alias Nono et Nini) eurent la gentillesse de m’accueillir dans leur organisation prévoyante, me gardant notamment une place dans leur réservation Nîmoise dotée d’un jardin ensoleillé dont nous abusâmes durant tout le week end. Coté Festival, le TINALS (surnom officiel) est situé juste à la sortie d’Autoroute, dans une Zone Industrielle à 15 mn environ de voiture de la Gare de Nîmes, à l’endroit où est sorti le complexe artistique flambant neuf de la Paloma. Dans cette immense bâtiment se trouvent une grande salle et une plus petite (appelée Club) où auront lieu des concerts, en plus de la grande scène extérieure ;  hé oui, le TINALS est un festival de luxe où les 2/3 des concerts ont lieu en intérieur climatisés, les extérieurs étant délicieusement décorés, sorte de jardin public moderne à mille lieux des immenses pelouses boueuses fréquentées à Belfort : Idéal pour le vieux que je suis. Tout ceci donne forcément un côté un peu bourgeois qui est néanmoins assez bien contrebalancé par l’ambiance bon enfant régnant sur les lieux : karaoké, photomaton, balançoires, de nombreux jeux originaux et sympathiques sont proposés sur le site, assez loin donc de l’impression fric et commerce qu’on a pu ressentir à Rock en Seine (sans compter cet atelier couronnes de fleurs transformant toutes les festivalières en autant de nymphes et accentuant le côté vacances irréelles ressenti pendant ces trois jours). Pour les côtés négatifs, le TINALS sentait le petit festival devenu gros trop vite, et l’organisation a péché à des niveaux peu nombreux mais stratégiques, dont on reparlera au cours de l’article.

 

 

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Commençons d’ailleurs par la première boulette de la Paloma : avoir initialement programmé au Club le groupe Swans (doté d’un public de fans hardcore relativement nombreux, comme j’avais pu en juger à l’Epicerie Moderne). Il était quand même limpide que cette salle était beaucoup trop petite et qu’il fallait au groupe de Michael Gira la grande salle, ce qui fut modifié la veille au prix d’un bouleversement de programmation cruel. Les clashs, inévitables tant les groupes intéressants étaient légion en ce vendredi soir,  s’en trouvaient plus nombreux (je dû de mon côté faire une croix sur le prometteur Kevin Morby) et  la programmation en tout début de soirée de Swans ne pouvait que mécontenter un grand nombre de personnes (voyageurs, travailleurs etc…). Ayant pris une grosse baffe lors de la venue du groupe à Feyzin il y a deux ans, je comptais bien les revoir en maitrisant cette fois leur discographie récente, mais leur changement d’horaire m’imposait d’amputer leur set d’une heure car je voulais donner priorité à Ought. Et il m’apparut assez rapidement que l’horaire de 18h40 allait être difficile à tenir, venant de Lyon vers un lieu que nous ne connaissions pas (1). Je pu finalement prendre une dizaine de minutes de bruit dans les oreilles, juste le temps de saluer les hommes du General G. qui n’ont pas changé, mis à part le long bouc blanc qu’arbore un Zombie Sniper plus mutique que jamais. Conscient qu’un concert de Swans s’écoute en entier ou ne s’écoute pas, je bats en retraite vers l’extérieur où je croise d’autres vieilles connaissances, les Fucked Up qui m’avaient fait si mal en première partie d’Arcade Fire avant que je n’adore à ma plus grande surprise leur disque David Comes to Life. Juste le temps d’apercevoir le Baleinesque chanteur barbu vomir dans son micro qu’il est temps pour moi de regagner le Club où l’un des groupes que j’attends le plus s’apprête à entrer en scène.

 

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Autre point à repenser, cette entrée au Club bouchée par les spectateurs  restés dans le fond par timidité ou simple curiosité, empêchant les gens d’accéder à une salle pourtant parfaitement libre dès les trois derniers rangs franchis. Je pu heureusement rapidement accéder au-devant de la scène, ne loupant que l’entrée du quatuor auteur l’année dernière de l’excellent More than any Other Day, sortie surprise du label Constellation. Le jeune groupe attaque par « the Weather Song », le titre que les Strokes n’ont pas écrit depuis 10 ans : la voix nonchalante de Tim Beeler et la basse remarquable de Ben Stidworthy m’ont parfois fait penser au groupe de Julian Casablancas à son meilleur, mais une large part de leurs morceaux est moins pop et s’apparente plus au Post Punk ou à la pure Cold Wave, comme le terrible « Clarity ! », que les canadiens nous assénèrent en début de set. Outre les meilleurs extraits de More than any Other Day, Ought interpréta une moitié d’inédits (en témoigne la seule setlist que j’ai pu récupérer du festival), l’ensemble, carré et dynamique, étant totalement convainquant, avant de terminer sur un incroyable « (Are You) Gemini », meilleur passage de la petite heure passée en leur compagnie. Un court mais éclatant témoignage du grand talent de ce groupe à qui un brillant avenir est promis.

 

 

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Le temps de passer à l’abreuvoir, j’écoute de loin un son electro qui me parait assez bourrin de prime abord. Lorsque je rejoins Nono dans le public de la grande Scène extérieure, la musique de Dan Deacon est devenu bien plus plaisante : le rondouillard bonhomme remuant derrière ses machines balance des mélodies harmonieuses, soutenu par un bon batteur qui semblait être le gros plus du concert. Malheureusement, à trop vouloir faire le show, Dan Deacon se lance dans un jeu avec le public, ce dont j’ai une sainte horreur, interrompant de longues minutes un set qui m’avais rendu curieux. Je battais en retraite afin de visiter un peu mieux les lieux que je n’avais fait qu’entrapercevoir jusque-là,  tombais sur le régional du coin (l’ami Harold Martinez), et discutais jusqu’à la fin du concert du bouillant américain (qui fut l’un des préférés de Nini et Nono, soit dit en passant).

 

 

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Malgré le froid qui tombais sur le site (j’étais en T-Shirt comme un con), il me fallait rester dehors pour le très attendu concert de Thurston Moore. J’avais initialement décidé d’y renoncer pour aller voir Swans, mais l’avancement du concert de ces derniers n’aura pas eu que des effets négatifs, puisque le champ était maintenant libre pour voir le groupe de l’Ex Sonic Youth présenter live le très bon the Best Day sorti l’année dernière. Je n’aurai pas à le regretter, car en matière de longs développements inattendus Thurston Moore fera vraiment très fort, amenant ses morceaux dans des territoires variés et inconnus avec une maitrise impressionnante. Il fut en cela bien aidé par l’inimitable Steve Shelley à la batterie, mais aussi par Debbie Googe (bassiste de My Bloody Valentine) dont j’ai adoré l’attitude et le jeu dynamique et précis, et par Severus Rogue à la guitare, auteur de quelques solos classiques bien troussés amenant une touche différente à des morceaux très Sonic Youthiens. Si les musiciens, lors des balances, affichaient tous un âge certain, les années semblaient envolées lors du concert, Thurston Moore crachant des paquets de larsen de sa silhouette d’ado malingre tandis que Steve Shelley ne quittait plus un sourire béat lors du matraquage de sa batterie, qu’il soit basique ou composé de roulements effrénés. Cinq titres en une heure (c’est dire s’ils furent adaptés pour la scène), dont on retiendra spécialement le très bon inédit « Turn On » et un « Germs Burn » ébouriffant, flirtant parfois avec le heavy metal.  L’expérience a parlé, et le concert de Thurston Moore sera à ma grande surprise mon préféré du week end (celui de Nono aussi, mais c’est moins surprenant), le seul dont j’ai savouré chaque minute, ce qui d’un certain côté est aussi un peu dommage.

 

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Arrivés à cette heure tardive (23h15), il est plus que temps de se sustenter et donc d’aborder, malheureusement, le gros point noir du TINALS. Car les 4000 festivaliers présents n’avaient d’autre choix que de patienter longuement devant l’un des 4 pauvres stands prévus, une attente d’autant plus longue qu’il s’agissait de Food Truck proposant des mets relativement recherchés là où il eut fallu du vite fait, pas cher et bien bourratif (un festival c’est fait pour les oreilles, pas pour l’estomac). Alors que le rush était passé, nous dûmes quand même faire la queue plus d’une heure en nous felant le pion pour accéder aux misérables miettes laissés par l’armée qui nous avait précédé. Comble de malheur, cette attente se fit au son de  Caribou qui officiait sur la grande scène extérieure, un groupe electro qui m’avait déjà copieusement emmerdé en première partie de Radiohead lors de ma précédente venue en cité Nîmoise.  Confirmation en cette soirée, je suis absolument hermétique à cette musique sans âme évoquant Thom Yorke, le talent en moins, pour laquelle il semblerait quand même qu’une bonne partie du public se soit déplacé.

 

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Il ne me restait plus qu’à filer vers la grande salle  intérieure pour finir sur une note un peu meilleure, puisque les célèbres Thee Oh Sees y clôturaient la soirée. Auteurs de multiples disques tous encensés par la critique (mais qui m’avaient laissé de marbre), les américains sont précédés d’une réputation scénique dithyrambique qui m’attirait sacrément. Le chanteur guitariste, John Dwyer, vêtu d’un marcel rayé est d’un short (la version plagiste d’Angus Young), joue au sale gosse et multiplie les grimaces en balançant des accords ultra rapide sur une curieuse guitare transparente qu’il porte sous le menton. Il est épaulé par un bassiste petit par la taille mais énorme par la technique, et par un duo de batteurs placés au centre de la scène. Ces deux-là s’évertuent à jouer exactement la même chose, ce qui est techniquement assez fascinant et marrant pour le spectacle, mais n’apporte évidemment strictement rien musicalement. Les titres expéditifs et bruyants se succèdent, c’est redoutablement carré et efficace, et la fosse est secoué dès le début par un gigantesque pogo agrémentés d’une multitude de slams raccords avec le garage teigneux des Thee Oh Sees. Bien qu’appréciant à sa juste valeur le spectacle, je trouve quand même l’ensemble assez répétitif, et c’est sans trop de regrets que je quitte la salle à la mi-temps pour chopper la navette de 2h (je vous ai parlé des navettes, hein ?).

 

Malgré des bons moments, je ne peux m’empêcher d’être un peu frustré par cette journée si prometteuse sur le papier : deux concerts et demi  là où 6 noms m’avaient fait de l’œil, c’est un peu maigre. Mais bon, la qualité était au rendez-vous, et ce manque d’efficacité est assez inévitable lorsqu’on met les oreilles en territoire inconnu…

 

 

Setlist Ought: the Weather Song – Passionate Turner  – Clarity ! – Today, More than any other Day – Beautiful Blue Skies  – Le Combo – Habit (I feel a, I feel a) – Sun Come Dawn svp – (Are You) Gemini

 

Setlist Thurston Moore: Forevermore - Speak to the Wild - Germs Burn - Turn On - Grace Lake

 

 

(1)    Je ne m’attendais cependant pas à galérer avec une navette inexistante. En fait le plus pratique reste la voiture, avec un grand parking à disposition, encore faut-il le savoir. La communication et les transports en commun sont un point indéniable d’amélioration du TINALS…

 

OUGHT:

 

THURSTON MOORE:

 

THEE OH SEES:

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