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Blinking Lights (and other revelations)
5 juin 2019

This Is Not A Love Song Festival (Part 1) - Jeudi 30 Mai 2019 - NIMES

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Marasme professionnel, marathon d’un changement d’appartement touchant à sa fin, vie familiale intense, plus que jamais le traditionnel break printanier du This Is Not A Love Song festival à Nîmes me semblait salutaire. Une perspective d’autant plus réjouissante que je ne passerais pas les 3 jours en solitaire comme l’année dernière, mais avec deux amis bien branchés musique : Denis, alias l’ex-voisin du 5eme, plume sur pichenettes.org et critique musical aux convictions tranchantes sur Facebook.  Et Constance, squatteuse de fosse lyonnaise underground, reconnue par tous fan de groupe obscur ayant fréquenté le Sonic. Coté affiche, aucun nom indispensable mais une programmation à la qualité générale indéniable qui m’avait décidée assez tôt à venir (l’inverse de l’édition précédente, donc). L’organisation avait annoncé d’emblée son désir d’abandonner les grosses têtes d’affiche au profit d’une programmation pointue et/ou novatrice, intention louable qui s’accompagnait hélas du retour des concerts à jauge très limitée à La Paloma, gros point noir d’un festival par ailleurs toujours aussi sympathique.

 

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En ce jour de l’Ascension, la route vers le Paradis débutait métro Garibaldi où notre trio se voyait renforcé par Ninie, de retour au TINALS par amour pour Stephen Malkmus après 4 ans d’absence, et Claire, la fille discrète qui se transforme en redoutable punkette après quelques bières. Ma Calexicomobile embarquait tout ce beau monde pour un trajet sans encombre, LCD Soundsystem faisant consensus sur l’autoradio même si, étant un homme de tradition (1), je sortais pour son tour de piste annuel le How to Stop your Brain in an Accident de Future of the Left. Nous passons devant le site de la Paloma mais il faut d’abord poser les filles, prendre possession de notre location bien agréable mais relativement éloignée, s’équiper de notre tenue du parfait petit festivalier, avant de reprendre la bagnole pour se garer sur la piste de l’aérodrome aménagée en fort pratique parking.

 

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Il est donc 19h30 quand nous entrons enfin sur le site, intéressés avant tout par une bonne bière fraiche. Premier concert et premier clash, le line-up de cette édition étant particulièrement incompréhensible, avec un embouteillage de groupes programmés entre 20h et minuit et des groupes de même style souvent mis en concurrence. A l’écoute de leurs disques respectifs, j’avais privilégié Aldous HARDING à BLACK MIDI, jeune combo de Math Rock dont je trouvais la musique trop cérébrale et complexe. C’est donc par un concert calme et délicat que j’entamais mon festival, et si j’eus préféré me défouler avec du son plus bourrin, l’heure passée en compagnie de la jeune néo-zélandaise a été agréable à défaut d’être bouleversante. La très belle voix d’Aldous HARDING survole des compositions folk subtilement rehaussés par les notes précises d’un quatuor aux ordres (claviers, guitare, basse et batterie/trombone). Je pense à Essie Jain qui dans un même registre m’avais cependant beaucoup plus marqué lorsque je la découvris il y a 10 ans en première partie d’Emily Jain White. Je reconnais quelques extraits de Designer, frôle l’ennui par moment mais décide de profiter jusqu’au bout de ces chansons mignonnes malgré les grimaces surjouées de leur compositrice, attitude irritante et complètement inutile. Constance prend la même option à l’inverse de Denis qui aura rapidement fuit pour assister à la fin d’un concert de BLACK MIDI parait-il fantastique.

 

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Petit grain de sable dans notre organisation, nous n’avons pu faire les courses pour cause de jour férié : me voilà donc à faire la queue pour une maigre pitance bien chère payée, diner passé en compagnie de Constance posés sur les poufs toujours accueillants mis à disposition pas loin de la grande scène extérieure. J’entends donc le début du set d’INSPECTOR CLUZO, leur musique semblant tout à fait à l’image du hot dog / frites que je suis en train d’avaler : grasse et lourdingue. Mais vite, c’est l’heure du tant attendu concert de SHELLAC, ceux-là même qui m’avaient mis une de mes plus grosses baffes live dans cette même salle de la Paloma, il y a deux ans. Nous rejoignons Denis pour nous placer dans la fosse, mais je ne verrais pas mes copains bien longtemps, happé par le pogo dès le début des hostilités lancées par le trio de Seattle à leur entrée sur scène. La configuration est identique à la dernière fois : Steve Albini avec sa guitare ceinture et le bassiste Bob Weston encadrant l’exceptionnel Todd Trainer dont le jeu de batterie ne cesse de me fasciner. L’équité rare entre les 3 instruments, qui se répondent, se concurrencent ou s’effacent au sein de chaque morceau, est une des particularités qui m’attire spécialement chez SHELLAC, en plus évidemment de leur son abrasif et de la radicalité de leurs compositions.

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Si j’ai depuis rattrapé mon retard et acheté l’ensemble des albums, le dernier en date reste mon préféré et le seul que je maitrise vraiment. Je serais gâté, entre « Compliant » en tout début de set, le formidable final sur « Dude Incredible » et l’indispensable « Riding Bikes » dont le refrain ne peut que se hurler. J’avoue avoir eu du mal à identifier le reste, et je reconnaitrais les brûlots plus par le souvenir du concert de 2016 que par les écoutes des albums studio. Une bonne part des deux setlist fut en effet commune, mais la prestation du jour est plus efficace, débarrassée des bavardages et digressions qui avaient quelque peu fait retomber la pression en fin de set précédent. Steve Albini ne prendra la parole que pour l’improbable histoire du gars qui se prend pour un avion après un bad trip, et le trio ne tergiversera pas trop  dans le choix des chansons, même si Bob Weston aura quelques mouvements d’humeur à ce sujet. L’effet de surprise manquait (ils ont refait le coup du guitariste et du bassiste qui quittent la scène brutalement tout en continuant à jouer planqués backstage) et la fosse était plus timide que la dernière fois, ce concert aura donc été logiquement moins marquant pour moi. Mais il était paradoxalement meilleur (voire parfait) et les commentaires des potes étaient unanimes. Ce cher La buZe, croisé au même titre qu’un nombre incalculable de copains de fosses lyonnais, l’aura largement préféré à celui de la veille à l’Epicerie Moderne.

 

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Après ce grand moment, c’est pas moins de trois groupes potentiellement intéressant qui jouaient en même temps. J’avais éliminé auparavant à regrets The MESSTHETICS, comptant en son sein la paire rythmique des légendaires Fugazi, auteurs cette année d’un album de rock indé agressif que j’ai trouvé inégal, et dont la formule instrumentale me laissait quelques doutes pour un live. J’avais aussi choisi de zapper Kurt VILE and the VIOLATORS, l’un des noms qui m’avait pourtant décidé à venir en souvenir de l’excellent B’lieve i’m going down sorti en 2015. Le paresseux Bottle it in de 2018 et surtout les avis mitigés sur sa prestation à l’Epicerie Moderne (l’ami Julien ayant trouvé son concert très chiant, chose assez rare pour m’alerter) m’avaient fait opter pour BUILT TO SPILL, groupe culte 90’s que je ne connaissais pas mais dont on m’avait dit grand bien. Avant le début du concert de ces derniers, nous allions nous placer devant la grande scène pour le début de Kurt VILE, les trois chansons entendues, bien qu’aussi nonchalantes que prévues, me semblant tout à fait sympathiques. Hélas, atteint d’une KurtoVilophobie grave, Denis commençait à baver et saigner des oreilles, il fallait donc battre en retraite jusqu’à la grande salle Paloma.

 

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Sur le papier, BUILT TO SPILL avait tout pour me plaire. Présenté comme un groupe majeur de la scène indie US des 90’s, ils m’ont évoqué un Grandaddy qui aurait fait du rock alternatif : pile ma came. Sauf qu’en réalité, le concert n’a jamais vraiment décollé, faute à un manque de charisme incroyable et au déroulement en roue libre d’un concert plan-plan que rien ne viendra bousculer, pas même les nombreux solo de guitare noise d’un leader assez doué sur l’instrument, mais incapable de nuances. Le batteur exécute de très jolis riffs, mais sans la moindre conviction, comme s’il était en train d’éplucher des légumes dans sa cuisine. Rien n’est vraiment mauvais, et à quelques occasions je suis sorti de ma torpeur par quelques moments plus accrocheurs (j’ai bien aimé le titre « Bad Light » par exemple). Je laisse sa chance au groupe jusqu’à la fin, autant par peur de louper une fin de concert potentiellement plus intense que par flemme de bouger, mais rien ne se passe. Mis à part les quelques fans ultimes et plus tout jeunes du premier rang qui ont manifesté leur enthousiasme tout du long, je ne recueille aucun avis positif sur cette prestation, même le bon connaisseur Juju n’était pas plus convaincu que cela. J’ai appris par la suite que BUILT TO SPILL avait joué en intégralité l’un de ses albums, ce qui est rarement une bonne idée. Il s’agissait du 4eme, Keep it like a Secret. On ne saurait mieux conclure.

 

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La fatigue se fait sentir, et le groupe d’amis s’est un peu éparpillé. Je reste pour FAT WHITE FAMILY, apparemment la sensation du moment puisque la grande salle est rapidement prise d’assaut et que certaines personnes ne peuvent y accéder. Les  FAT WHITE FAMILY sont très nombreux sur scène (7 musiciens), ce qui m’attire rarement, et je n’aime pas trop leur look non plus. Musicalement, ils sont durs à situer, on dirait une sorte de rock festif glauque, comme si la Mano Negra s’était mis à faire de l’indus. Si un troisième morceau assez rock m’accroche un peu plus et me montre le potentiel du groupe, j’ai du mal à rentrer dans le concert et décide de sortir de la salle à la recherche de mes potes. Après quelques tergiversations, je retourne au concert avec Denis et Constance, cette fois sur le grand balcon dominant la fosse et la scène. Vu de haut, le spectacle est sympa, le pogo est immense et les slams s’enchainent. Et comme la musique, sans avoir spécialement retenu mon attention, est entrainante et que le groupe donne tout, on passe un bon moment. C’est le point final d’une journée vraiment cool pour l’ambiance et les potes, mais bien décevante musicalement, hormis pour les irréprochables SHELLAC. J’espère vivement du mieux pour les jours à venir. Dans notre chambre commune, Denis s’est endormi avant que sa tête ne touche l’oreiller… 

 

(1)    Plus que je ne le pensais, puisque Ninie me fit remarquer que je portais le même T-Shirt que lors de mon premier TINALS, que j’avais fait en sa compagnie.

  

Potentielle Setlist d’Aldous Harding à partir de dates de sa tournée : Designer - Zoo Eyes – Treasure – the  Barrel – Damn – Weight of the Planets - Heaven is Empty – Blend  - Elation – Old Peel 

Setlist de Shellac (démerdez-vous !): 

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Jouées ? : My Black Ass – Compliant- Squirrel Song - Riding Bikes - You Came in Me - Steady as She Goes - All the Surveyors - Be prepared – Scrappers - Spoke- Dude Incredible 

Setlist de Built to Spill : Time Trap - You Were Right - Center of the Universe - Bad Light – Temporarily Blind - The Plan – Sidewalk - Else - Broken Chairs - Carry the Zero 

Setlist  de Fat White Family : When I Leave - Tinfoil Deathstar - I Am Mark E. Smith - Fringe Runner - Bobby's Boyfriend - Hits Hits Hits – Feet - Touch the Leather - Whitest Boy on the Beach - Cream of the Young - Is It Raining In Your Mouth?

 

PHOTOS: Aldous Harding 1 et 2 + Shellac 1,2 et 3 + Fat White Family = Robert Gil (photosconcerts.com) / Kurt Vile = Le Monde / Trajet = Denis / Built to Spill = Moi

 

Aldous HARDING:

 

SHELLAC:

  

BUILT TO SPILL:

 FAT WHITE FAMILY:

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Commentaires
L
suis à la bourre et bien moins bavard que toi<br /> <br /> très bon ce compte rendu (et excellente la setlist Shellac, mathrock jusqu'au bout :p )
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E
Ca donne envie. Je n'entends que du bien de ce festival, il faudra bien que je me décide à m'y rendre un jour.<br /> <br /> J'attends les parties suivantes !
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