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Blinking Lights (and other revelations)
16 mars 2023

Erwan PINARD - Samedi 11 Mars 2023 - A Thou Bout d'Chant - LYON

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A Thou Bout D’Chant est une jolie salle voutée cachée dans une impasse au pied des pentes de La Croix Rousse, lieu fort animé où en ce samedi soir la jeunesse Lyonnaise traine de bar en boites. L’endroit est bien rempli, et pour cause, puisqu’Erwan Pinard y a fait un deuxième Sold Out d’affilé, obligeant les organisateurs à remplacer l’habituelle configuration assise en fosse debout intégrale, ce qui n’est évidemment pas pour me déplaire. Petit à petit, il semble que le zouave se soit fait une bonne (et méritée) réputation scénique,  ne comptant pour cela que sur le bouche à oreille, vu la mauvaise volonté manifeste qu’il met dans sa promotion, en cohérence avec le mépris pour les réseaux sociaux qu’il exprime dans ses chansons. Peu de presse pour son quatrième album, L’Indicible (Treize Titres Tristes), que je n’avais pas moi-même évoqué ici à l’inverse de ses deux magnifiques prédécesseurs. Il faut dire qu’après avoir amusé et ému la galerie avec ses histoires de rupture, le chanteur y ressemblait de plus en plus au pote bien bourré marmonnant ses sempiternelles rengaines à l’heure de la fermeture des bars, fatiguant l’auditoire entre deux fulgurances : bref, la plume toujours vive mais l’acide plus que jamais dans l’estomac, ceci en pleine période covid où nous avions surtout besoin d’un brin d’espoir. Il fallut du temps pour y revenir, mais justement cela commençait à faire quasiment 5 ans sans que je n’aie eu l’occasion d’entendre le père Pinard en live, il était temps de le revoir dans ses nouvelles œuvres.

 

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Tout d’abord, c’est Maité Merlin qui vient assurer la première partie accompagnée par un guilleret guitariste. Une très belle voix et de jolies mélodies pour des textes sur les relations amoureuses qui ne sont pas sans évoquer les préoccupations Pinardiennes, mais lui manque un élément d’importance : l’humour.

 

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L’humour, souvent bien noir, qui aura permis à Erwan et ses deux acolytes de braver sans aucun malaise les différents tracas ayant émaillé son concert, entre menus problèmes techniques, public parfois un peu lourd et quelques trous de mémoire nonchalamment enjambés. Il faut dire que ses textes sont particulièrement denses, prétexte à une caricature bien sentie de Bertrand Belin, dérivant sur Juliette Armanet puis sur une impro de Georges Bashung, soit la réinterprétation façon Bashung du « Gorille », devant un public hilare. Un public comptant de nombreuses femmes de mon âge ou plus, visiblement bien éméchées et qui éclateront en rires sonores à chaque mimique du chanteur, voire pour rien du tout, ce qui mettra l’ambiance aux moments déconnants mais handicapera fortement le potentiel des titres les plus émouvants de la setlist, déstabilisant presque notre artiste aux deux visages. Pour l’heure c’est un trio confiant qui s’installe difficilement sur la petite scène d’A Thou Bout D’Chant encombré de leurs multiples instruments et des 27 pédales d’effet de M Jérome Aubernon (guitare, violon, thérémine et claviers), et entame le concert de manière pas évidente sur « Circonvolutions » où un jazz assez technique sert de fond sonore aux lâches élucubrations du chanteur, puis « La mémoire bétonnée et le cœur en suspens », déprimant extrait du dernier album.

Erwan Pinard jouera ensuite au yo yo émotionnel, alternant rocks potaches et saturés et chansons à textes plus acoustiques, colorés par les arrangements très variés des musiciens (Lionel Aubernon, le batteur, jouant aussi des claviers, Erwan tâtant à l’occasion du piano et de la trompette). Les habituels entrainants « Laisse Moi », « Compte à rebours », « J’ai l’Amour » ou le très nerveux « Thèse / Antithèse » fonctionnent toujours à fond, et on se laissera séduire par les nouvelles délicatesses que sont « 14 Heures 14 » ou « Fausse Compagnie », pas assez considérées lors de la sortie de  L’Indicible. Entre temps Erwan Pinard sera descendu au milieu de la fosse à deux reprises pour mettre l’ambiance, Jérome Aubernon y aura exécuté un solo de guitare exagérément démonstratif, et les vannes auront fusées entre les membres du groupe et à l’adresse d’un public en redemandant avec grand plaisir. Bref, le véritable spectacle auquel nous a habitué le chanteur Lyonnais, sans négliger, en catharsis des regrets éternels qu’il porte en bandoulière, la partie rock bien tendue qui m’avait accroché d’emblée à notre première rencontre. C’est d’ailleurs l’heure de terminer sur « Colère », l’un de ces plus beaux moments de déchainement, intégrant son fameux délire sur Jean-Jacques Goldman.

 

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19 chansons tout de même, et trois de plus pour le rappel, ou plutôt la prolongation, le groupe n’ayant passé que quelques secondes en coulisse. « Crever » expédié, nous avons droit à un inédit qui m’a beaucoup plu, l’une des plus belles chansons mélancoliques de la soirée, avant un final jouissif sur « Tranquille », tube donnant l’occasion aux trois compères de martyriser bruyamment leurs instruments une dernière fois. Les chemins tracés d’Erwan Pinard laissent toujours une belle place à la surprise et à l’improvisation, nous en auront encore eu la preuve ce soir, avec le plaisir aussi d’avoir entendu live une bonne partie des chansons pour la première fois. Le bar d’A Thou Bout D’Chant est fort sympathique mais je n’y repasse pas, puisqu’une after m’attend à quelques pas de la salle. L’ami Damien fête son aménagement dans ce quartier vivant, j’y retrouve Julien, recréant le trio originel d’Hello Darkness pour quelques heures supplémentaires avec leurs compagnes respectives. De la musique, de l’alcool, what else…

 

Setlist : Circonvolutions - La mémoire bétonnée et le cœur en suspens - Laisse-moi - Compte à rebours - 14 Heures 14 - L’Impossible - Que sais-je - Supermarché - J'élabore - Eau de vie - Fausse Compagnie - Des Couilles - Fleur d’oranger - J'ai l'amour - Sourd - Thèse / Antithèse - Ô Solitude - Portrait chimique du cerveau amoureux - Colère // Crever - Happy End - Tranquille

 

 

 

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