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Blinking Lights (and other revelations)
16 juillet 2023

2023 Sélection #03: SILVER MOTH, BOYGENIUS, Ryan ADAMS, Daniel BLUMBERG, SIGUR ROS

5 albums de 2023 classés par ordre de préférence, en commencant par celui que j'ai le plus apprécié.

 

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SILVER MOTH - Black Day

 

Grand fan de Mogwai, je suis avec attention les diverses échappées de son officieux leader, le guitariste Stuart Braithwaite. Celle de 2016, au sein du super groupe Minor Victories, avait été bien décevante, cumulant finalement les défauts du post rock et du shoegaze pour un résultat assez barbant. Aussi étais-je prudent sur cette sortie de Silver Moth, réalisé en collaboration avec un certain nombre de musiciens inconnus (de moi, en tout cas). Hé bien Black Day se révèle à l’inverse excellent, associant les constructions mélodiques du post rock original et des voix féminines oscillant entre douceur et tristesse, avec parfois des accents qui évoquent la fragilité de Beth Gibbons. Les titres prennent le temps de se mettre en place, de dérouler calmement des arpèges, avec une sensation d’espace et de liberté menacée progressivement par des couches de saturations ou de drones, tension qui n’explose pas vraiment à la manière des mythiques chansons du Young Team ou Come on Die Young mais qui semble mourir à petit feu. A ce jeu de l’orage qui gronde et qui passe, bousculant le chant frêle d’Elisabeth ou Evi, les 15 minutes de « Hello Doom » sont particulièrement marquantes, mais à l’exception d’une pause poétique décalée (« Gaelic Psalms ») tout le reste de Black Day est du même acabit. Une réussite envoutante.

 

 

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BOYGENIUS - the Record

 

Si j’ai eu une phase intense de folk entre 2005 et 2010 environ, il y a bien longtemps que les artistes du style qui me touchent se font rares. Aussi la découverte de Julien Baker, dont le Little Oblivions reste un de mes albums favoris de ces dernières années, constitua-t-elle une excellente surprise. Associée à deux songwritteuses copines de longue date, Lucy Dacus et Phoebe Bridgers, elle sort aujourd’hui un album sous le nom de Boygenius dont on sait déjà qu’il est chargé d’ironie (1). Le trio commence par nous mettre en condition avec un titre a capella où les trois voix féminines se mêlent à merveille, plaisir qu’on retrouvera tout au long du disque sur les passages les plus calmes. C’est dans les titres rock indé, portant la marque intense de Julien Baker, que the Record présente ses passages les plus enthousiasmants (« $20 », « Satanist », « Anti-Curse »), mais les ballades folks restent de haute volée, entre un « Emily I’m Sorry » enveloppé d’electro, la conclusion désolée « Letter to an Old Poet » ou la touche Simon and Garfunkel de « Cool about it », agrémenté de banjo. Si Dacus, Bridgers et Baker portent alternativement les chansons, donnant des nuances variées et agréables à l’album, elles restent suffisamment complices pour éviter une trop grande hétérogénéité, se permettant même sans choquer un titre plus pop maintsream entrainante idéalement placé au centre de la pièce (« Not Strong Enough »). Quelques chansons plus convenues (« True Blue » ou « We’re in Love ») empêchent the Record d’être une totale réussite, le laissant quand même plusieurs rangs derrière les albums solo de Julien Baker. Dommage, mais le premier album de Boygenius reste tout à fait recommandable et parmi les meilleures sorties de 2023.

 

(1) je ne me suis pas penché sur les textes, mais les bribes captées ici ou là laissent entendre une colère et une violence loin de la douceur présumée des chansons écoutées.

 

 

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Ryan ADAMS - Devolver

 

Dire que Ryan Adams est ultra prolifique est un euphémisme. Déjà à l’époque du support physique, devant la succession ininterrompue d’albums aussi inégaux que redondants, on avait lâché l’affaire. Alors aujourd’hui, avec le streaming qui rend disponible la plus grande partie de sa production - 7 albums entre l’année dernière et cette année (1) - on est noyé. L’avantage c’est que, dans les rares cas où l’on n’a plus rien de neuf à se mettre dans l’oreille, on peut toujours se rabattre sur la discographie de l’ex songwritter indie préféré des USA. La plupart du temps, on trouve l’écoute sympa et on l’oublie immédiatement, mais ce Devolver aura retenu mon attention par sa haute qualité générale. Il reste logiquement (pour quelqu’un qui enregistre tout ce qui lui passe par la guitare) quelques faux pas (la ringardise de « I’m in Love with you » par exemple), mais l’album est quasi impeccable, pour qui aime ce rock n roll classique mais comptant un lot de refrains brillants et de parties de guitare charismatiques impressionnant pour un gars qui a 30 ans de carrière et des centaines de chansons derrière lui (« Banging on my Head », « Marquee », « Get Away »,   j’en passe et des aussi bonnes). Du rock à guitare bien entrainant donc, un peu de blues forcément, et toujours quelques power ballades idéales pour sa voix légèrement éraillée (« too bored to run »), les chansons de Devolver s’enchainent sans le moindre ennui d’autant qu’elles font rarement plus de 3 mn au compteur. En une demi-heure c’est plié, on peut passer à son successeur. Ou pas. 

 (1) Je précise que bien évidemment je ne les ai pas tous écouté.

 

 

 

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Daniel BLUMBERG - GUT

 

On ne s’est pas encore remis de Minus, album surprise de Daniel Blumberg échappé des anecdotiques Yuck et disque majeur de l’année 2018. J’avais donc beaucoup d’attente pour GUT, mais ce court album (6 titres enchainés pour une demi-heure de musique) est trop cérébral pour me toucher. Extrêmement dépouillé, avec ses drones et ses notes de basse, claviers et harmonicas  délivrées avec parcimonie, l’album n’émeut que par intermittence, sur les passages piano/voix de « Cheerup » ou la fin de « Knock », rare moment intense. L’œuvre est notamment handicapée par des percussions bizarres tombant de manière aléatoire sur l’ensemble des morceaux, et le chant éparpillé, mutant parfois en bruits désagréables (« Body ») ne rattrape rien, même lors d’une tentative de mantra lancinante sur « Holdback » qui ne fait que rappeler vaguement le chef d’œuvre « Used to be Older » concluant Minus. GUT est une performance arty-stique sans doute honorable mais qui se révèle bien ennuyeuse.

 

 

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SIGUR ROS - Atta

 

Chers insomniaques, ne perdez pas espoir ! Les laboratoires Sigur Ros, spécialistes depuis de nombreuses années en soporification musicale, ont enfin atteint la quintessence de leur savoir-faire avec Atta. Garantie sans batterie et riche en mélodie vaporeuse indéfinissable, Atta vous assurera le sommeil en quelques pistes prises au moment du coucher. Atta, en vente dans tous vos magasins Nature et Découverte, pour un décollage en douceur vers le monde des rêves bleus.

 

 

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Commentaires
P
Super concert de Sigur Ros aux Nuits de Fourvière, même si le dernier opus, trop apathique, peine à "réveiller" le public.
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