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Blinking Lights (and other revelations)
26 juin 2015

ALICE COOPER - dimanche 06 Novembre 2011 - Halle Tony Garnier - LYON

 

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J'avais un peu hésité il y a plus de 6 mois à acheter ma place pour le Grand Show Spectaculaire du Alice Cooper Circus à la Halle Tony Garnier, mais avait finalement cédé à la tentation d'écouter pour la première fois en live les tubes de la grande époque - il y a une quarantaine d'années, donc - de la vieille sorcière maquillée. Et là, le jour J, j'ai comme un doute. D'abord parce qu'on est un dimanche soir de Novembre, et que j'ai donc envie de tout sauf de sortir, surtout pour un concert annoncé à 19h00... Et qu'en plus j'ai depuis écouté la dernière production contractuelle de notre papi chanteur, intitulée Welcome 2 my Nightmare. Malgré des disques qui sont depuis belle lurette très inégaux dans la médiocrité, j'ai toujours respecté Alice Cooper pour une seule raison : l'autodérision - comme un sticker virtuel « attention second degré » collé sur chacun de ses albums. Mais le dernier en date déroge à la règle. Je n'étais bien sur pas dupe quant à son titre, qui tente de faire croire à la continuité avec l'un des meilleurs albums d'Alice Cooper, son premier en solo sorti en 1975. Mais son contenu m'a profondément déçu, d'abord par son manque de qualité (à coté de quelques titres efficaces, il y a vraiment des trucs affreux) alors même que le légendaire Bob Ezrin est aux manettes et que les excellents membres du line up original (1) participent pour la première fois à la composition et l'enregistrement de quelques titres, mais surtout par la récupération indigne de certaines mélodies du Welcome to my Nightmare mélangées dans un grand n'importe quoi stylistique. Le sympathique Dirty Diamonds avait séduit pas mal de monde avec un certain retour aux sources (ou auto plagiat pour être exact, mais qu'importe) et une diversité agréable. Je n'ai pas écouté le suivant, Along Came a Spider, qui a eu plutôt bon accueil, mais il semblerait qu'Alice Cooper ait voulu sur sa dernière production reproduire ce schéma en forçant trop la dose, aboutissant à des grands écarts gênants entre les différentes époques qu'il a traversé. Pour faire bref, remplacer l'humour par la prétention était la dernière chose à faire, en particulier avec un tel album.

 

 

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Qu'importe finalement ce Welcome 2 my Nightmare, puisque ce n'était pas ce que j'étais venu écouter, j'espérai juste que la setlist n'y accorde pas trop d'importance. Et après un week end à garder les enfants, j'avais bien mérité de me détendre en allant voir les clowns (les 45 euros payés auraient de toutes manière annulé toute flemme de dernier instant). Belle performance, je suis à la Halle Tony Garnier à 19h20. Le temps de prendre une bière, et je me dirige vers la fosse clairsemée pour assister à la prestation de la première partie, the Treatment, qui a déjà débuté. Cinq très jeunes gars exécutent une compo dans la plus pure tradition metal, avec cheveux longs de rigueur et voix éraillée selon le dogme Brian Johnson. Coté fringue, c'est plutôt sobre pour le genre, juste du noir, du cuir, et du poil. Ca avait l'air bien, mais je ne peux en dire plus car à 19h26, le groupe salue et se barre. Il faudra qu'on m'explique l'intérêt de ce concept de demi première partie.... A partir de là, je sais avec précision qu'Alice Cooper va débarquer sur scène à 20h00, et prédit que les lumières se rallumeront à 21h30.


J'ai donc un peu de temps pour observer le public, et ca vaut vraiment le coup. J'avais déjà pu voir une magnifique collection de T-Shirts ringards, avec plein d'ados vantant les mérites des Guns n'Roses, véritable bond temporel (pas autant que l'improbable T Shirt préhisrockite de Rose Tattoo !!) et même des gens avec des bandanas ! Certains sont plus cuir et clous (j'ai croisé pour la première fois une fatma gothique), quelques jeunes ont tenté le maquillage d'Alice Cooper. En fait, depuis que je suis arrivé, c'est moi que l'on regarde bizarrement, j'ai même entendu sur mon passage un gars murmurer « ben ca c'est décalé ». Il est vrai qu'avec mon survet adidas rouge aux couleurs de mon club de judo, mon jean et mes baskets blanches, j'ai plus l'air d'un con qui sort de son barbecue dominical que d'un fan de metal, j'aurai peut être du fouiller ma cave à la recherche de mon légendaire T Shirt Manowar.... Je n'ai jamais vu un public aussi hétérogènement millésimé. Les papas ont ramené leur fiston, et je pense qu'il y a parfois trois générations de rockers à être venus ensemble. En fait, on pourrait presque jouer aux 7 familles (2): dans la famille gothique, j'ai vu la grand-mère sortir des premiers rangs à la fin du concert, incroyable avec ses lorgnons à chainette aux branches motifs araignée sur fond noir.

 

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19h58 (ah, ma montre est un peu en retard), les lumières s'éteignent sur fond du dialogue introductif de « the Black Widow ». D'un coup, le voile noir masquant la scène est arraché et le groupe attaque ce très bon titre de Welcome to my Nightmare. Comme on peut s'y attendre, la scène est décorée en mode série Z, avec mannequins et accessoires lugubres. Alice Cooper est juché sur un podium assez haut, tel un tribun, dont l'habit noir serait agrémenté d'un ridicule dispositif de pattes d'araignées gonflables accroché à ses bras. Je ne boude pas mon plaisir, d'autant que ses mains se mettent presque d'emblée à produire quelques étincelles façon gâteau d'anniversaire. Derrière lui, sur une estrade, se trouve un batteur qui essaye d'attirer l'attention avec force gesticulation ou jonglage de baguettes. S'il aura son quart d'heure de gloire plus tard, pour le moment tout le monde s'en fout car, outre le grand guignol central qui amuse la galerie, la guitare solo en chef est tenue par une jeune fille court vêtue qui concentre forcément plus les regards. Assez fascinant de voir que cette jolie blonde qui n'a pas lésiné sur le maquillage sanglant est une branleuse de manche hors pair... Un gladiateur bassiste et un guitariste au look techno rock complètent cette joyeuse bande assez jeune qui s'éclatera sur scène tout au long du concert. Contrastant avec le reste du groupe, situé tout à droite, un vieux moustachu à casquette en cuir fera son job de troisième guitariste multi fonction peinardement, sans faire même mine de s'intéresser au bordel ambiant, mis à part brièvement lorsque les personnages de foire du show viendront à quelques reprises le titiller. Curieux.... (3)

 

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Alice Cooper descend l'escalier métallique sur lequel il nous dominait sans se casser la gueule malgré ses 8 bras, et entame le bien nommé « Brutal Planet » que je reconnais à son refrain, un titre assez efficace à défaut d'être très marquant (je préfère dans le genre « Dirty Diamonds », qu'on n'aura pas ce soir). Puis c'est l'immanquable « I'm Eighteen », le sourire esquissé en entendant les cartes vermeil de mon entourage gueuler le refrain s'efface de mon visage lorsque je constate que les deux gars tout excités devant moi ont, ces salauds, vraiment 18 ans. La suite du concert enlèvera mes craintes restantes quant à la setlist : que du bon vieux tube, interprétés sans prise de risque mais avec conviction, Alice Cooper donnant de la voix avec juste ce qu'il faut de petites faussetés pour qu'on soit certain qu'il ne s'agisse pas de playback (4). Le chanteur aura entre temps distribué au public des billets de banque plantés au bout d'une épée sur « Billion Dollar Babies » (5) et sorti son gros boa sur « Is it my Body ». Un photographe de presse aura surgit de nulle part pour prendre un gros plan de la star, interloquant les deux jeunes devant moi tandis que je me doute qu'il finira plus tard tragiquement empalé.

 

06

 

Arrive alors le grand moment du concert, celui qui m'a vraiment tarté. Déjà fan à la base du morceau « Halo of Flies », la version épique délivrée ce soir m'aura époustouflé. Abandonné par Cooper puis par les guitaristes, la scène est laissée libre à la paire rythmique, le bassiste pour une fois frontman s'amusant à motiver le public avant de soutenir son compère qui effectue un magistral solo de batterie avec force jongleries et mimes. Les guitaristes reviennent après un long moment pour conclure ce sommet live. Sur l'introduction du titre suivant, Alice Cooper bondit sur la scène et, se retournant, découvre au public un gros New Song inscrit sur son blouson, puis, celui-ci retiré, le titre de cette fameuse nouvelle chanson, « I'll Bite Your Face Up ». Je trouve ca très drôle, et représentatif de cette autodérision dont je parlai en début d'article. En plus ce single, à défaut d'être original, est bien efficace. Ce sera le seul extrait du dernier disque, on aurait pu trouver ca un peu limite mais qui s'en plaindra, d'autant que la tournée s'intitule No More Mister Nice Guy Tour et annonce donc bien une setlist best of.... celle-ci se poursuit avec un vieux titre plus surprenant (« Muscle of Love »), puis Orianthi Panagaris (la blonde) vient faire étalage de sa technique seule éclairée au centre de la scène, dans un court solo identique à tout les solos du genre (Slash faisait les même avec les Guns il y a vingt ans). Et puisqu'honneur a été fait à la demoiselle, Alice Cooper empoigne sa plus vieille partenaire (la poupée Cold Ethyl) pour un slow langoureux sur « Only Women Bleed », avant, comme prévu, de la martyriser sur « Cold Ethyl ». Ayant vu quelques anciennes videos du Coop, je peux prédire facilement ce qu'il va se passer sur scène, ce qui est un peu dommage. Cette intro brouillardeuse annonce bien sur « Feed my Frankenstein », sur laquelle notre rocker magicien va bien sur appeler Igor (6) qui transformera bien sur un faux Alice en gigantesque mannequin Cooperenstein etc etc.... En revanche je suis bien heureux d'être surpris en entendant « Clones », très bon morceau sur laquelle bassiste et guitariste s'amusent à mimer des automates au milieu de quatre Alice Cooper (dont un vrai). Après « Poison » et son riff de guitare imparable, le chanteur revient grimé en militaire pour le seul titre que je n'ai pas reconnu (et aussi le moins bon du set), « Wicked Young Man ». A noter qu'après des interventions de plus en plus insistantes, c'est sur ce morceau que notre photographe de presse se fera embrocher par la canne d'Alice Cooper. Mais celui-ci ne l'emporte pas au paradis, puisqu'est venu la traditionnelle scène de la guillotine sur fond de « I Love the Dead » repris en cœur par le public. Pour finir en beauté, une sonnerie annonce un « School's out » pied au plancher assez habilement mixé avec le tube de Pink Floyd « Another Brick in the Wall ». Jusque là, nous avons assisté au même concert au détail près que toutes les villes qui nous ont précédés. La personnification vient juste pour le rappel unique, « Elected », où Alice Cooper s'est fait floquer à son nom le maillot de l'équipe de l'OL et a saisi un drapeau Français sans même se tromper avec celui de la Hollande. Après explosion de ballons cotillons et pluie de confettis blancs sur le public, le groupe tire sa révérence. Il est, comme de juste, 21h33.

 

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Je reste un moment à regarder la foule qui s'éparpille, et les nombreuses personnes s'affairant autour de la scène pour récupérer un souvenir. Certains repartent avec des cotillons plein les poches, un gros moulon éclate avec des dizaines de mains accroché à une canne - la mêlée s'éloigne sans que personne n'ait lâché son butin. Le stand de merchandising est assailli, les atroces T Shirts de la tournée s'écoulent comme des petits pains, papi Alice n'aura pas de problème de retraite. Et comme Alice Cooper a toujours su me faire cracher au bassinet depuis que j'écoute de la musique, je repars avec un enregistrement du concert de Lille qui a eu lieu trois jours avant, certain d'y entendre exactement la même chose que ce soir. Evidemment, j'aurai été plus émerveillé si je n'avais connu les vieux numéros du Coop inchangés depuis des lustres, mais le Show formaté faisait partie du contrat, on peut même dire que j'étais venu pour ça, et il aura malgré tout laissé place à quelques moments surprenants. Je repars détendu et de bonne humeur, ayant passé un excellent moment. A vrai dire, je suis hyper tolérant sur la forme tant que les chansons sont bonnes. Et qu'on le veuille ou non, le répertoire d'Alice Cooper a peu de concurrents...

 

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Setlist: The Black Widow - Brutal Planet - I'm Eighteen - Under My Wheels - Billion Dollar Babies - No More Mr. Nice Guy - Hey Stoopid - Is It My Body - Halo of Flies - I'll Bite Your Face Off - Muscle of Love - Solo Orianthi - Only Women Bleed - Cold Ethyl - Feed My Frankenstein - Clones (We're All) - Poison - Wicked Young Man - Killer / I Love the Dead - School's Out / Another Brick In The Wall - Elected

 


(1) Michael Bruce, Neil Smith, Denis Dunaway mais aussi Steve Hunter et Dick Wagner, artisans du succès de Welcome to my Nightmare.

(2) je n'ai aussi jamais vu autant de mamies à un concert

(3) alors en fait tout s'explique : le papi, c'est Steve Hunter...

(4) oui parce qu'au niveau communication avec le public et improvisation vocale, c'est le zéro absolu.

(5) Pour les ultras fans, je conseille les premiers rangs, facilement accessibles. Je sais où passe une partie du prix du concert, vu qu'outre les billets Alice Cooper aura balancé trois cannes ardemment disputées, sans compter les tombereaux de mediators déversés par le groupe.

(6) Ca aussi ca m'a fait rire, car je lis en ce moment un Terry Pratchett, pour ceux qui connaissent...

 

Spéciale dédicace à mon frangin Ben:

 

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