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Blinking Lights (and other revelations)
24 avril 2017

# 046 / 221

046

 

catwhat

  

4 Juin 1998. Je sors émerveillé d’un petit amphithéâtre mis à disposition par la Fnac du Centre Bourse de Marseille à l’attention des fans des Smashing Pumpkins. Ces derniers, en pleine tournée promotionnelle pour leur dernier album Adore, viennent de donner en milieu d’après-midi un concert sur les toits de la Fnac Parisienne devant une centaine de privilégiés, concert retransmis un peu partout en France (j’en parle ici). En attendant que le casque de la borne d’écoute d’Adore se libère, j’avise celle d’à côté, où une compilation a été mise en avant. Il s’agit de What’s Up Matador, double CD présentant les nouveautés de ce qui deviendra mon label fétiche. 44 chansons pour un prix modique (1), quelques noms qui me parlaient sur la liste, je décidais sur un coup de tête d’investir.  Je ne le savais pas encore, mais je venais de faire l’un des gestes les plus importants de ma carrière débutante de fan de rock indé. 

Parmi les noms qui m’avaient fait de l’œil, une certaine Cat Power dont on parlait beaucoup. Le superbe single « Nude as the News » ne pouvait que m’inciter à emprunter l’album dont il était extrait, What Would the Community Think.  Et paf, un troisième album fétiche d’affilé sur ces cassettes !  J’ai évidemment déjà écrit sur ce disque en ces pages et, honnêtement, je ne pourrais pas faire mieux. Pour ceux qui auraient la flemme de se référer à CE LIEN, un petit extrait en guise de résumé : « Rarement texte et musique se seront autant ligués pour enfanter une atmosphère aussi sombre et oppressante. Tout au long de l'écoute on se demande quel terrible secret se cache derrière cette frange et ce timide sourire pour provoquer ce mal être chuchoté ou hurlé sur ces douze titres. » Bon, un album qui commence par un titre qui s’appelle « in this Hole », et qui se poursuit sur ce « after this there will be no more good clean fun », on comprend qu’il va rester relativement désespéré jusqu’à la fin.  What Would the Community Think. Voilà sans doute ce qui me parlait le plus à l’époque, ce titre avec lequel je me sentais tellement en phase. Certes la chanson en question évoque douloureusement le cas d’une fille mère dans un contexte qu’on devine assez peu ouvert à ce genre « d’écarts ». Mais c’est le même regard que j’ai pu sentir, jeune, lorsque je n’étais pas assez conforme à ce qu’on attendait de moi.  L’humiliation, la honte, à chaque pas de côté. Cette pesante communauté. Il est très dur de s’en défaire, c’est un combat souvent décourageant. What Would the Community Think. Cette cassette est tellement usée que le son en était tout faiblard à la réécoute. Mais je connais l’album par cœur… 

Ce disque a aussi été extrêmement important dans la manière où j’appréhendais la musique. Il y a peu, j’étais attaché à la virtuosité technique comme vecteur d’émotion, et voilà qu’une chanteuse me touche comme jamais en répétant quelques arpèges ultra simples en boucle, sur une rythmique tout aussi répétitive du grand Steve Shelley. De quoi faire figurer Chan Marshall dans la liste de mes guitaristes favoris. Et me faire patienter un bon moment dans un bar marseillais pour un de mes premiers concerts, assez mémorable : mais ce sera pour un prochain numéro…

(1)    Oui, à l’époque le rapport prix/chanson ou prix/minute était un critère important pour moi, je m’estimais même floué quand un disque faisait moins de 45 mn ! 

 

 

 

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Le fait d’avoir flashé sur Hips and Makers ne pouvait que m’inciter à creuser la carrière de Kristin Hersh. Si j’empruntais cet album de son groupe, Throwing Muses, c’était avant tout parce qu’il s’agissait d’une version spéciale avec en disque bonus un concert complet de Kristin Hersh en solo acoustique. Mais évoquons d’abord Red Heaven, qui dans mon esprit était à la fois le dernier album du groupe -ce qui n’étais pas du tout le cas, il y en avait alors deux autres qui suivaient - et son meilleur, ce qui à l’écoute des trois premiers titres ici enregistrés pourrait cette fois être exact. J’avais le souvenir d’un son terriblement vieillot, mais s’il est évidemment un petit peu daté, il n’a absolument rien de repoussant. « Furious » est une sorte de grunge acoustique qui honore bien son intitulé, « Carnival Wig » est un morceau alternatif assez menaçant et « Pearl », titre folk qui explose ensuite en rock émaillé d’un solo agressif, est sans aucun doute l’un des meilleurs morceaux composé par Kristin Hersh. Je suis surpris aussi de voir une telle proximité d’écriture entre les chansons du Hips and Makers et ceux de Red Heaven : certes tout est écrit par Hersh mais je me rappelais d’un écart de qualité assez important en faveur de ses disques solo. On verra au prochain épisode si la suite de Red Heaven confirme la qualité de cet album, et s’il s’agit d’un cas isolé dans la discographie des Throwing Muses, qu’on retrouvera à trois reprises dans les cassettes suivantes.

 

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Commentaires
C
Oui c'est ça, une des meilleures, que de belles découvertes là dessus. ..c'était aussi mon âge d'or ! ;)
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C
Moi la 1ère fois que j'ai entendu Cat Power c'était sur une compil des Inrocks qui présentait les nouveautés de la rentrée...ça a aussi été une belle révélation d'ailleurs "Nude as the news" est toujours un de mes titres préférés... par contre je ne l'ai jamais vue en concert...;)
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